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ICI MIEUX QUE LA-BAS
LA MER DEPUIS LE BALCON Par Arezki Metref [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 30 - 03 - 2008

� Qu�est-ce qui a donc chang� ? Il fait deux pas, lat�ralement. On appelle �a la marche du crabe. Il r�pond :
� Pas grand-chose. Il refait les deux pas exactement, au millim�tre pr�s, dans le sens inverse. Le soleil g�n�reux d�Alger est d�vers� par la baie vitr�e. En contrebas du balcon, la mer lisse sa surface argent�e sous la lueur ambigu� que vient de tamiser un nuage impromptu.
� Rien. Un silence blanc comme la r�verb�ration de la lumi�re dans le miroir de l�eau apais�e se fait.
� Rien n�a chang�, au fond. Maintenant, les lumi�res s�allument sur le port. La ville s��claire. Des lampadaires jalonnant l�escarpement de la colline, la clart� jaillit simultan�ment. Il regarde cet �tincellement avec l��merveillement d�un enfant devant un feu d�artifice. Comme un brasier renvers� sur le bord, la ville se mire dans l�eau. Il scrute ce tableau intens�ment, comme si c��tait la premi�re fois qu�il s�offrait � ses yeux et r�p�te :
� Rien n�a vraiment chang� !
Apr�s quarante ans d�absence d�pens�e � courir apr�s l�ombre de son ombre, il a d�cid� de rentrer au bercail, de retourner sur ses pas, de fixer les yeux dans les yeux ce rai douloureux qui lui d�chire la r�tine d�absence et de clameurs famili�res abandonn�es dans un paquet dans la d�charge du temps. Pour monter ce chemin du signe premier, il a fallu briser la glace, balayer toutes ces appr�hensions qui dressaient un mur infranchissable par son d�sir de racines. Il a �t� n�cessaire d�accepter m�me un peu de ce fatalisme qu�il refusait obstin�ment, r�cusant cette paresse qui consiste � se laisser d�poss�der du gouvernail de sa vie sous pr�texte qu�une force ext�rieure tient plus de puissance pour s�y coller. Il avait peur de revenir, c�est s�r. Mais de quoi cette peur �tait-elle faite ? A la r�flexion, ce qu�il redoutait le plus, c��tait de trouver que le changement � la transfiguration, mais de quoi ? � maquille ce qui lui �tait familier et l�enracine quelque part. Lors de blafardes veilles dans les plus grandes m�tropoles du monde o� il avait tra�n� son spleen, il s��tait souvent jou� la sc�ne du retour au pays natal, � la ville natale, au picotement des origines. En projetant ces retrouvailles, il avait souvent ressenti, dans le cours cahotant des insomnies, le frisson de l�exaltation suivi imm�diatement de celui du d�couragement . Il savait que le recouvrement du bonheur, enfoui dans ses souvenirs prohib�s, celui de ramasser la baie dans un regard fait de tous les regards, se gagnait. Il n�est pas donn�. Rien n�en fait le cadeau. Il fallait se battre, contre soi-m�me d�abord, pour retrouver ce rep�re jet� dans la marche du crabe, dans ces allers et venues de guingois � travers le vaste monde dans l�oubli que tout d�part se fait d�un point pr�cis et que ce point de d�part n�est pas immobile. C��tait la grande le�on qu�il avait mis quatre d�cennies � apprendre, alternant continuellement le scepticisme avec une ardeur de potache, passant d�un �tat � l�autre dans une sorte d�escalade de l�arc en ciel qui lui tenait lieu d�humeur. Ils peuvent tout faire, a-t-il pens� tout au long de ces longues, tr�s longues ann�es, d�errance sans patrie fixe, sans fixit� aucune. Ils peuvent tout changer, y compris, dans une sorte d�alchimie � l�envers, l�or en fumier. Ils peuvent mettre leur peuple aux abois, lui arracher jusqu�au dernier souffle d�espoir, dilapider tout ce qui bouge sans peur et sans reproche et sans remords. Ils peuvent s�approprier ce qui ne leur appartient pas, quitte � l�enlever de la bouche de gens qui croyaient en eux � ou qui faisaient croire qu�ils croyaient en eux � comme en des exemples de vaillance et d�int�grit�. Ils peuvent tout cela, et m�me plus. Ils ne pourront jamais cependant changer cette illumination int�rieure, le d�clenchement de cet interrupteur du dedans quand les yeux se posent sur la mer depuis le balcon. Pour cela, il faut qu�ils enl�vent le balcon ou qu�ils d�placent la mer, ce dont-ils sont capables mais qu�ils n�ont heureusement pas le temps de faire, occup�s qu�ils sont � la rapine, � la sati�t�. Tout le sc�nario qu�il a nuitamment �crit dans sa transhumance est d�menti par la permanence de la mer et du balcon au-dessus de la ville. Le film est cass�, celui qu�il a construit en donnant aux autres le pouvoir de transformation au point de d�tourner la trajectoire du regard se posant sur le vertex des vagues. Le balcon est l�, juste derri�re la baie vitr�e d�o� le soleil, comme un com�dien truculent, fait son entr�e. Et au loin, en bas, la mer, �ternelle, insensible aux fluctuations de l�histoire des hommes est, elle aussi, toujours l�, fid�le au rendez- vous avec le soleil qui, parfois, s�en va fol�trer, dans des infid�lit�s m�t�oriques, derri�re les montagnes, au pays des �trangers. Lui, l�homme debout sur le balcon face � la mer, il n�a jamais �t� enclin � l�introspection. Faute de le clamer, il a juste port� toute sa vie cette cicatrice : la peur de ne jamais revoir la mer de son balcon. Et voil� qu�au bout de presque un demi-si�cle, cheveux et id�es grisonnants, son r�ve de mi-chemin se r�alise. Et voil� aussi que, � l�encontre de la noirceur des tableaux qu�il s�est peints dans l�espoir et l�attente de ce retour, la sensation est intacte. La mer est demeur�e virginale et le balcon �lev�. Ce regard, perdu ailleurs et nulle part, pendant si longtemps, pendant un temps creux comme une calebasse, relie l�une � l�autre dans une trajectoire semblable et diff�rente. Exactement comme il est revenu, lui, de tous ses exils, int�rieurs et ext�rieurs : semblable et diff�rent.


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