Résumé de la 1re partie Le 1er juillet 1971, dans l?Ohio, le père, âgé de 45 ans, et son fils,14 ans, s?affrontent dans le cabinet d?un psychiatre. Psychanalyser un gosse de quatorze ans, parce qu'il a perdu sa mère et que sa belle-mère ne lui convient pas ? Qu'elle est trop jeune et n'a rien compris ? Alors qu'elle a pris la place encore tiède dans le c?ur de ce gamin ? Voilà bien la stupidité de ces «gens», de ces psychiatres péremptoires qui arpentent l'inconscient des Américains, depuis qu'ils ont découvert Freud avec ravissement ! ll n'en est pas question. Michell ne subira pas ce qu'elle appelle «la maudite police de l'esprit». Qu'on leur fiche la paix à tous les deux. Eux savent très bien comment vivre sans cette inquisition à 200 dollars la séance. Et grand-mère Sarah appelle Michell : «Gamin, qu'est-ce qui te ferait plaisir pour te changer les idées ? ? Voyager en avion. ? Eh bien, voilà, conclut grand-mère Sarah, nous partons demain. Et puisque c'est le canapé ou l'avion, ce sera l'avion. Au revoir mon gendre, on vous enverra des cartes postales ! Demandez donc à votre psychiatre s'il les préfère en noir ou en couleurs !» Et ce que grand-mère Sarah a décidé sera comme elle l'a décidé, ils partent. Car là, grand-mère en a les moyens. Elle a travaillé toute sa vie avec son mari, dans cette ville de Cleveland, pleine d'usines, au bord d'un lac maintenant pollué. Tous deux étaient propriétaires d'une laiterie ; à sa mort, elle a continué seule. à présent, elle a soixante-quinze ans, ? et quelques milliers de dollars en banque pour sa retraite. Alors sa retraite, ce sera Michell. Le soir même, grand-mère Sarah va retirer des dollars à sa banque, et paie comptant deux billets d'avion pour New York ? et de là, ils verront bien. Et le lendemain, ils traversent l'Atlantique. Au hasard des affiches ils ont choisies Tel-Aviv, sous le soleil. Michell adore l'avion. ll lui semble que vue d'en haut, la terre et ses problèmes n'ont plus rien d'effrayant. Grand-mère et petit-fils discutent, grappillent dans les plateaux de déjeuner, se tordent le cou par les hublots, rient de tout et de rien, philosophent à propos d'un nuage, et à peine arrivés, repartiraient. «Dans le fond, dit grand-mère, ce n'est pas le but du voyage qui compte, c'est le voyage lui-même, c'est ça l'évasion. On repart ? ? On repart !» dit Michell ravi. lIs prennent à peine le temps de se désaltérer, d'envoyer une carte postale à papa et retraversent l'Atlantique, en sens inverse, pour se retrouver à Kennedy Airport d'où ils étaient partis. C'est alors que commence une étrange histoire qui va durer cinquante-six jours, du 8 juillet au 3 septembre 1971. Grand-mère Sarah, ayant décidé que sa thérapeutique valait largement celle d'un psychanalyste, va devenir, pour son petit-fils, la grand-mère volante. Avec lui, elle va passer cinquante-six jours sans interruption, ou presque, entre New York et Amsterdam, dans le même Boeing, qui fait l'aller-retour au-dessus de l'Atlantique. Ils ne feront même plus viser leur passeport c'est inutile, et les formalités à terre leur font perdre du temps. Ils préfèrent passer les quelques heures d'attente à l'intérieur de l'aéroport et repartir sitôt le vol annoncé. Sur «notre tapis volant», dit grand-mère Sarah. Et la vieille dame ne consent à dormir à l'hôtel que lorsque les impératifs de l'horaire l'exigent. Dans ce cas, ils descendent tous deux à l'hôtel Fromer, près de l'aéroport, chambre 103, toujours la même, à Amsterdam. (à suivre...)