Avant de rendre hommage � mes parents, je voudrais souhaiter � tout le monde longue vie et bon r�tablissement aux malades... Depuis ma tendre enfance, je me souviens tr�s bien de mon p�re ayant une liasse de journaux et revues sous ses bras entrant � la maison... J'ai pris go�t � la lecture en voyant papa lire ! Et lui-m�me de son p�re qui est parti de Tassaft Ouguemoune (Kabylie) dans les ann�es 1920 pour s'installer � Tissemsilt l'ex-Vialar (l'Ouarsenis) jusqu'� 1967... Ma m�re me raconte souvent mon grand-p�re paternel leur traduisant � toute la famille r�unie autour de lui les journaux coloniaux de l'�poque... Un jour de 1959, une grenade a �t� jet�e dans notre cour et blessa des membres de notre grande famille. Les colons ont vite trouv� les coupables � leurs yeux : mon p�re et ses deux fr�res l'a�n� et le cadet qu'ils ont jet�s en prison en les torturant pour avouer, alors qu'en v�rit� ils �taient innocents... Ce fait divers �tait dans la presse. Il l'a lu pour toute la famille qui est devenue c�l�bre du jour au lendemain dans tout Vialar. Au fur et � mesure que je grandissais et jusqu'� mes 52 balais cette ann�e, de Vialar � Ouled Ya�ch l'ex-Dalmatie en passant par Alger et Blida o� nous avons habit�, mon paternel me file ses canards o� d'ailleurs je figure parfois dans la rubrique du courrier des lecteurs, ce qui le rend un peu fier, lui qui a juste fait moins d'une poign�e d'ann�es scolaires primaires o� il a �t� en classe avec le professeur Drif (le fr�re de cette moudjahida et s�natrice Zhor...) Avec ses 80 ans au mois d'octobre, il continue de sortir le matin pour acheter Le Soir d'Alg�rie, El watan, Libert�, Le Buteur et Comp�tition(ainsi qu'El Khabar et Chouroukpour les arabisants de la famille). Etant boulimique en lecture, papa se contente de cette poign�e de journaux, car n'ayant plus le m�me pouvoir d'achat que quand il n'�tait pas encore en retraite... Le Monde et les autres sont un luxe pour lui, qu'il ne peut pas se permettre comme au temps pass� o� la presse fran�aise �tait sur les �tals avec El Moudjahid et ses fr�res ( Alg�rie-Actualit� et tant d'autres). M�me � Paris o� il m'avait rendu visite en 1983, il s'est permis d'ouvrir grand un journal au comptoir du bar-h�tel (o� j'habitais) ne se souciant guerre des consommateurs de Barb�s, prenant leurs boissons et le regardant comme un extraterrestre... Ma m�re quant � elle, de sant� fragile (78 ans), ne fait que me gaver (comme ces canards pour faire grossir leur foie) tout en pr�servant en moi la m�moire... Telle une biblioth�que ambulante, elle ne cesse de raconter l'histoire de notre village ancestral et tant d'autres ayant marqu� sa vie... Elle me sert mon petit d�jeuner, mon d�jeuner, mon go�ter et mon d�ner, avec les m�mes recommandations pour me pr�server ma sant� : ne prends pas froid, couvre-toi bien, et patati et patata... Marqu�e sans aucun doute par mon absence de pr�s de 4 ans (1981/1984) loin d'elle en France o� moi-m�me j'avais la nostalgie de l'Alg�rie, de ma famille � sa t�te ma bien-aim�e m�re... qui ne m'a jamais autant serr� si fort dans ses bras que le jour de mon retour au point de vouloir me �r�int�grer� dans son ventre... Le jour o� j'ai r�int�gr� mon travail apr�s une lutte administativo-judiciaire de plus de 18 ans (1986/2004), elle fit une wa�da et c'est avec grande joie qu'elle se l�ve le matin pour me r�veiller afin d'aller � mon boulot, ma cit� universitaire Soum�a une... Et le soir de retour, je la retrouve toute heureuse de moi... Les parents sont sacr�s, il faut prendre soin d'eux et vivre avec eux au maximum !Je n'arrive toujours pas � comprendre les gens qui veulent vivre s�par�s d'eux, m�me en n'ayant pas d'enfants, seuls en couple, souvent dans un grand logement... Abdelkader-Kamel Ouahioune (09015 Ouled Ya�ch)