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LETTRE DE PROVINCE
DE LA GERMAINE D'ARRIS A LA KHALIDA LA PERSANE Par Boubakeur Hamidechi [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 05 - 2008

M�me les ministres de la Culture ont le droit de faire du tourisme � culturel. Sauf qu�il leur faut choisir leurs cic�rones, ces guides dont la t�che consiste � cultiver le chauvinisme local � partir d�un h�ritage dont, pr�cis�ment, ils sont des d�positaires douteux. Ispahan et Chiraz sont s�rement des destinations � haute valeur ajout�e dans la civilisation persane, mais comment les visiter lorsqu�on est chaperonn� par de sombres mollahs qui, trente ann�es durant, n�ont eu de cesse de violer les �mes de leur peuple et saccager les �uvres de leurs anc�tres ? L�Iran a cess� d��tre la Perse flamboyante.
Il est un vaste ghetto o� m�me El-Firdaoussi, ce po�te �pique auteur du Livre des Rois, est quasiment interdit de lecture. C�est donc en ces termes qu�il faut poser la question � notre frivole ministre Khalida. Elle qui, nous dit-on, trouve valorisant d��changer les exp�riences culturelles avec cette lointaine th�ocratie et n�anmoins si proche par sa nuisance. Bien �videmment, l�on nous r�pliquera que seule la raison d�Etat, c�est-�-dire la ruse politique, excuse ce voyage. Mais pourquoi alors ne nous dit-on pas que pour les m�mes raisons l�Alg�rie officielle observe une in�l�gante indiff�rence quand une haute figure intellectuelle, ayant beaucoup fait pour la d�fense de ce peuple, dispara�t ? Germaine Tillion, �fran�aise de naissance et (presque) alg�rienne de pr�f�rence�, comme l��crit, pour d�autres raisons, Aragon n�a fait l�objet d�hommage que de la part des journaux. Il est vrai qu�il y eut quand m�me une gerbe de fleurs d�pos�e par Yacef Sadi, ce h�ros malgr� lui et interlocuteur par le pass� de cette illustre ethnologue. Mais celui-ci n��tait mandat� que par sa propre fid�lit�. Mme la ministre, dont la mission officielle va au-del� de l�organisation des concerts �loukoum�, aurait �t� mieux inspir�e en convoquant un symposium ayant pour th�me les recherches de ce panth�on de l�engagement. D�autres l�organisent � notre place et vont r�fl�chir sur notre pass�. Voil� qui est dommageable pour notre cr�dit lorsqu�on sait que la semaine prochaine (19 mai) doit se tenir � Paris un colloque international intitul� : �Germaine Tillion ou la r�sistance de l�ethnographe� et o� il sera essentiellement question de ses travaux sur l�Alg�rie(1). H�las ! �H�las !... Autant de fois qu�il faut pour souligner l�extr�me indigence de nos gouvernants et leur inclination � trahir les vieux compagnonnages et s�en accommoder de quelques autres pour peu qu�il leur servent d�alibi pour d�autres desseins. Le T�h�ran voil� qui censure la musique profane est aujourd�hui plus courtis� que le plain-chant chaoui de notre terroir et dont la centenaire Germaine avait eu � rendre compte au c�ur des t�n�bres de la colonisation. Ce n�est pas trahir par cons�quent l�ethnologue qui bivouaqua dans les ann�es trente du si�cle dernier, au pied du mont Lahmar Khaddou que de l�ignorer, mais c�est trahir les siens qui ont v�cu et partag� avec elle quelques ann�es de bonne intelligence. Ces gens d�Arris, qui, jusqu�� preuve du contraire, sont des Alg�riens au m�me titre que ceux qui administrent aujourd�hui notre m�moire collective. Aussi, puisque notre ch�re et tr�s co�teuse ministre pr�f�re ces temps-ci la fr�quentation des derviches, contentons- nous pour notre part d��voquer celle qui, avec un ent�tement de sainte, signifia jadis que toutes les tyrannies se ressemblent et qu�elles convergent toutes vers la n�gation de la dignit� humaine. La Perse en tchador ne valant gu�re mieux que la Germanie en chemises brunes ou la France imp�riale avec la croix et le goupillon, pourquoi donc Ahmadinjade, cet Iranien du XXIe si�cle, ne serait-il pas semblable aux arch�types du fascisme europ�en des ann�es 1900 et m�me � tous les �v�ques Lavigerie qui sanctifi�rent les colonisations ? Et c�est peut-�tre cette �le�on de vie� qu�incarnait Germaine Tillion qui, quelque part, d�range aujourd�hui l�Alg�rie officielle au point o� l�on pr�f�re ne l��voquer qu�� travers la platonique sympathie qu�elle cultiva vis-�-vis d�une certaine ethnie chaouie. Proc�d� r�ducteur qui s�efforce d�occulter les r�quisitoires de l�auteur au sujet de la persistance de nos archa�smes. L�ethnologue, qui planta sa tente aux confins du pays chaoui et � la lisi�re du d�sert, nous a pr�serv�, gr�ce � ses travaux, de l��pid�mie de l�amn�sie que les dirigeants indig�nes souhaitent nous inoculer en toutes circonstances. D�j�, vers 1930, elle s�journera durant 6 ans dans ces douars et prendra langue avec les �imouqqranen� (grands vieux) afin de d�crire avec une infinie pr�cision la condition paysanne � l��preuve de la colonisation. Plus tard, dans les ann�es 1950, elle �tayera son terrible diagnostic sur notre �clochardisation �. �C�est, �crit-elle, le passage sans armure de la condition paysanne (c�est-�-dire naturelle) � la condition citadine (c�est-�-dire moderne). J�appelle, ajoute-t-elle, armure une instruction primaire ouvrant sur un m�tier�(2). Bien que datant d�un demi-si�cle, ce constat n�a pas pris une seule ride comme l�illustre, le montre et d�montre l��tat lamentable de nos villes d�finitivement �rurbanis�es�. Autant le choc rural fut pr�judiciable � l�urbanit� de la cit� en termes d�int�gration autant un certain communautarisme de campagne constitue un �lot de libert�s, paisiblement assum�es, rel�ve l�auteur dans un autre essai intitul� le Harem et les cousins. Avec beaucoup de pertinence, elle notera qu�il y a plus de modernit�, de libert� et d�ouverture d�esprit dans les huis clos de la communaut� rurale que dans les m�tropoles urbaines. Quand bien m�me ses annotations sur le sujet (monogamie, absence de voile) doivent aujourd�hui �tre nuanc�es et amend�es � partir des mutations globales de notre soci�t�, il n�en demeure pas moins que cette observation a, de son temps, battu en br�che les solides pr�jug�s qui assimilaient la campagne au conservatisme obscur. L�islamisme arm� et ses impr�cateurs charg�s du pros�lytisme ne fut-il pas paradoxalement, le seul � saisir la n�cessit� de mettre en coupe r�gl�e les campagnes ? D�abord en imposant l�accoutrement du hidjab, ensuite en formatant les populations par la �Charia�. Les id�ologues de l�islam auraient-ils mieux �tudi� les travaux de l�ethnologue que nos doctes th�oriciens qui depuis quinze ann�es s�acharnent � ne d�fendre la r�publique que dans les villes, d�cr�tant, pour ce faire, que la campagne est par d�finition d�cadente et moyen�geuse ? Tout porte � le croire puisque notre tr�s cultiv�e ministre n�a pas cru opportun de rendre hommage � la visionnaire au grand �ge quand celle-ci expliquait diff�remment notre pays en donnant la parole � des paysans tout en mettant en exergue nos coutumes profanes. Il est vrai qu�entre la persane Khalida et la Germaine, ex-citoyenne de c�ur des montagnes d�Arris, il y a non seulement un si�cle de diff�rence mais aussi quelques ouvrages de r�f�rence qui raturent toutes les professions de foi trahies.
B. H.
1 - Information publi�e dans le quotidien fran�ais Le Monde dat� du 29 avril cit�e par Jean Lacouture dans sa biographie consacr�e � l��thnologue.


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