Le sentiment d�injustice est palpable chez les Yalaouis de Guenzet Ath Yala. M�me ceux qui ont quitt� la r�gion pour aller chercher de meilleures situations �conomiques dans les grandes agglom�rations, singuli�rement la capitale, ne cachent plus leurs critiques � l�endroit des autorit�s r�gionales qui, disent-ils, ont marginalis� cette r�gion enclav�e. Pour preuve, ils citent l�exode des natifs vers les grandes villes. Effectivement, d�une population r�sidente estim�e au lendemain de l�Ind�pendance � environ 13 000 habitants, il ne reste, en saison hivernale, qu�environ 4 000. A la saison estivale ce nombre se multiple parfois par quatre. Malheureusement, le manque de commodit�s fait que certains �vitent de passer des vacances dans leur village natal. L��tat des routes et la p�nurie d�eau sont des d�sagr�ments difficiles � �viter. Ajoutons � cela les veilles maisons qui tombent en ruine. De mani�re g�n�rale, la situation �conomique de Guenzet ne cesse de se d�grader depuis des d�cennies. Les maigres revenus provenant de la petite paysannerie chutent d�ann�e en ann�e. Les petits carr�s o� �taient cultiv�s les mara�ch�res en amont de la montagne, autour de quelques sources, sont tr�s rares pour ne pas dire compl�tement laiss�s � l�abandon faute d�eau d�irrigation. La s�cheresse et les incendies aidant, l�arboriculture et surtout l�olivier se d�pr�cient r�guli�rement � tel point que bon nombre de propri�taires ne labourent plus leurs champs. Et pourtant l�olive de cette r�gion, cultiv�e � environ 1 000 m�tres d�altitude sur une terre l�g�re, donne une huile appr�ci�e au niveau national. Cependant, la r�gression dans cette fili�re qui faisait nagu�re l�orgueil des Ath Yala est telle que la situation devient alarmante. Et pour cause, � l�heure actuelle, les parcelles qui pouvaient produire dans les ann�es 1970/1980 aux alentours de 10 hectolitres de ce pr�cieux liquide, n�en produisent, malheureusement, qu�environ 150 litres. L�artisanat jadis connu pour le tissage du burnous et du hanbel (grosse couverture en laine de mouton) de haute qualit� a disparu. L��levage de ch�vres n�existe presque plus. Bref, la r�gion ayant des acc�s difficiles a mal v�cu la d�cennie noire qui a vu les terroristes rendre les deux routes (Zemmoura- Guenzet) et (Guenzet- Bouga�) dangereuses. Fort heureusement, les jeunes Yalaouis ont toujours rejet� l�int�grisme sous toutes ses formes. Notons tout de m�me l�am�lioration de la situation s�curitaire qui permet aux pouvoirs publics d�affecter quelques actions de d�veloppement. Une mise � niveau n�cessaire Certes la wilaya de S�tif a attribu� ces derni�res ann�es quelques subventions sur PCD, mais se consid�rant longtemps marginalis�s, les responsables ainsi que les administr�s de la localit� jugent ces programmes largement en de�� des besoins de la commune. Le d�ficit concerne tous les secteurs de la vie sociale et �conomique des Yalaouis. Il y a lieu de noter que Guenzet n�a pratiquement aucun revenu fiscal propre du fait de l�inexistence d�unit�s de productions ou de services C�est Harchaoui Mustapha, cheville ouvri�re de la gestion des projets dans cette commune, qui nous fait une situation sur les programmes en cours ou � r�aliser � court terme dans la commune. Il ressort de ces statistiques que la commune de Guenzet aurait b�n�fici� depuis juillet 2004 de quelque 13 actions financ�es par le biais des PCD ou PCSC. Dans cet ensemble d�actions r�gl�es par l�Etat ou le budget de la wilaya, la r�habilitation des chemins communaux a pris la part du lion avec 6 actions r�alis�es ou en cours pour le montant de 43 500 000 DA. Abord� par Le Soir d�Alg�rie, Beroui Noreddine, wali de S�tif, en visite dans la commune, n�a pas h�sit� � parler de la n�cessit� de la mise � niveau de cette commune. �Lors de ma prise de fonction dans cette wilaya ma toute premi�re visite a �t� consacr�e � cette commune. La premi�re pr�occupation a �t� l�axe routier Zemoura-Guenzet. S�agissant des pr�occupations structurantes sectorielles, le probl�me de l�AEP sera pris en charge en 2009 dans le cadre du grand projet de transfert � partir des barrages d�Irraguen et Tachehat. Les travaux d��largissement de la route Guenzet-Hamam Guergour seront lanc�s au plus tard au mois d�ao�t 2008�, a affirm� le premier responsable de la wilaya qui estime que la route n�est que la premi�re phase de la mise � niveau de cette contr�e. Quant � l�acheminement du gaz naturel, l�engagement est pris par le chef de l�ex�cutif de S�tif en faveur de la commune. Ce projet sera concr�tis�, avait-il laiss� entendre, avant la fin 2009 et ce, dans le cadre du projet touchant la bande territoriale du nord de la wilaya. Dans le domaine de l�agriculture, M. Beroui estime que le d�fi de la r�gion consiste en la r�habilitation de ce secteur, notamment la r�g�n�ration de l�olivier. Il s�agit, selon lui, d�enclencher une dynamique favorisant l�investissement. �Je suis confiant pour cette localit�, conclut M. Beroui. Pour rappel, le chef de l�ex�cutif de la capitale de la petite Kabylie a d�cid� de l�affectation, � l�occasion de cette visite, d�un complexe de proximit� en faveur de la jeunesse des Ath Yalas. Formation et d�veloppement des secteurs agricole et touristique �Dans une zone comme la n�tre le capital est l�enfant. Il est vital de lui donner une formation pour qu�il devienne un citoyen �duqu� et productif et qu�il puisse participer au d�veloppement de son pays.� C�est le sentiment du docteur Ammar Benadouda, pr�sident de l�APC, qui nous a re�u dans son bureau. Pour lui, la formation de qualit� est du domaine du possible dans la r�gion que d�aucuns pensent qu�elle est sociologiquement en mesure d�absorber dans un temps rapide les pr�mices de la modernit�. Le premier magistrat de Guenzet s�est ensuite �tal� longuement sur son programme et sa vision � long terme se rapportant au d�veloppement de la commune dont il a la responsabilit� depuis le 29 novembre 2007. Grand commis de l�Etat, disposant d�une longue d�exp�rience en mati�re de gestion, le docteur Benadouda est conscient que la t�che est rude mais il a de l�ambition pour sa r�gion natale. En plus de la formation, le P/APC de Guenzet table sur la r�habilitation du patrimoine et la reconstruction de l�habitat de la commune, de l�op�ration de r�g�n�ration de l�olivier, du figuier et de l�arboriculture en g�n�ral pour redonner un souffle �conomique � sa commune. La vision de grand commis de l�Etat qu�il �tait prend en quelque sorte le dessus sur le P/APC de Guenzet. �Notre pays a un grave probl�me agricole alors, chacun doit faire le n�cessaire pour r�habiliter cette activit� hautement strat�gique�, ass�ne-t-il. Pour lui, cette activit� va de pair avec celle du tourisme �cologique. Effectivement, la localit� ne manque pas d�atouts pour un d�veloppement durable. Son caract�re paisible et la puret� de son air montagneux feront d�elle, si les probl�mes actuels sont pris en charge, une r�gion tr�s pris�e. �L�ins�curit� et la vie difficile dans les grandes villes pousseront une partie des citadins des grandes agglom�rations � venir vers nous. Cependant, nous devons pr�parer les commodit�s pour attirer et encourager les Yalaouis � revenir.� Effectivement, ce n�est pas uniquement la nostalgie de thamourt qui va probablement inciter bon nombre de Guenzatis � revenir au bercail, mais d�autres avantages sont � inscrire au b�n�fice de cette r�gion qui voit sa population jouir de coh�sion et qui fait son caract�re paisible o� il fait bon vivre. Concr�tement, le d�doublement de la route Zemmoura-Guenzet permet en moins de trois quarts d�heure de rejoindre l�autoroute au niveau de Bordj Bou-Arr�ridj. Au-del� de 2009, il sera possible donc de faire le trajet Alger-Guenzet en moins de deux heures et demie. De plus, l��largissement de la route Guenzet- Hammam Guergour et la r�fection du chemin communal Aourir-Hammam Nath Halla ouvriront des perspectives d�investissement dans l�h�tellerie de montagne et les touristes venant vers les hammams de la r�gion seront plus nombreux. Pour mettre en valeur le climat des montagnes des Ath Yala, le docteur Benadouda lance l�id�e de la construction d�un centre de pr�paration en altitude des �quipes sportives de performance. Il esp�re convaincre soit l�Etat soit des investisseurs du bien-fond� de cette perspective. Lui, l�ancien pr�sident de la FAF, sait forc�ment de quoi il retourne en la mati�re. Mais dans l�urgence, le P/APC de Guenzet et son �quipe s�attelleront dans les prochains mois � r�soudre les probl�mes d�hygi�ne notamment la collecte des ordures m�nag�res et l�installation d�une d�charge ainsi que la r�sorption du probl�me li� au rejet des eaux us�es. �Le relief accident� de la commune et la superposition de certaines localit�s exposent dangereusement les habitants aux infiltrations de ces eaux�, constate le docteur Benadouda, qui pr�cise : �L��limination de ces probl�mes mettrait les populations � l�abri de certaines maladies. � Bien entendu, cette t�che qui incombe � l�Etat est �galement une mission de protection �cologique. Une diaspora nombreuse et puissante mais inutile Les Yalaouis sont pr�sents dans tous les rouages de l�Etat et � des �chelons sup�rieurs du pouvoir politique, militaire, �conomique et administratif. Ils ont h�rit� cet avantage du fait de l�implication de la population de la r�gion tr�s t�t dans la r�sistance contre le colonisateur mais aussi et pour beaucoup de leur capacit� intrins�que et leur engagement non d�menti pour la construction d�un Etat r�publicain. Il semblerait en effet qu�aucun grand commis de l�Etat originaire des Ath Yala n�ait jamais d�fray� la chronique ni fait l�objet de poursuites judiciaires pour malversations comme par ailleurs ils ne sont pas impliqu�s dans l�insurrection de l�islamisme. On attribue � Houari Boumedi�ne cette remarque, lors de sa visite dans cette localit� en 1974, devant le p�age de personnalit�s natives de la localit� venues sp�cialement l�accueillir : �Je sais maintenant que si Guenzet s�arr�te, c�est toute l�Alg�rie qui s�arr�tera. � Effectivement, les Guenzetis occupent dans l�ombre du r�gime des responsabilit�s importantes dans les sph�res �lev�es des pouvoirs et des �tats-majors des partis politiques r�publicains (FLN, RND, FFS et RCD). Cependant, les Yalaouis moyens d�plorent l�inutilit� de cette pr�sence pour leur commune compl�tement d�laiss�e depuis l�Ind�pendance. Assis sur les marches de l�escalier du cimeti�re des Chouhada de la localit� avec ses copains dans l�attente de rejoindre les classes du CEM, Hanafi Omar, 17 ans, eut, avec l�approbation de ses copains, cette r�flexion : �Si ces gens se rappellent de leur pays et qu�ils viennent le visiter, il les rendra fiers devant les autres Alg�riens. Il a besoin d�eux et c�est avec eux qu�il se d�veloppera.� Quant � Mme Za�di Nachida, du m�me village Aourir que Sma�l Hamdani, chef de gouvernement sous le pr�sident Zeroual, pr�sidente de l�association f�minine Espoir, elle s�insurge contre les id�es re�ues de certains expatri�s. Cette femme pleine d��nergie et passionn�e mais lucide dit sans ambages ce qu�elle pense de cette diaspora : �Nos enfants sont pr�sents dans les sph�res du pouvoir. Ils n�ont rien fait pour leur pays natal. Ils ne pensent � lui (le pays natal) qu�en termes nostalgiques. Ils veulent un territoire exotique pour venir et boire de l�eau � l�ancienne, dans l�outre.� Pour leur part, les �tudiants qui pr�paraient, lors de notre passage, les festivit�s du Printemps berb�re souhaitent plus d�implication des gens issus de Guenzet, particuli�rement dans l��change de communication sp�cialement avec la soci�t� civile de cette partie de la p etite Kabylie. Dans le m�me ordre d�id�es, les autorit�s font �galement appel � cette diaspora. �Nous sommes pr�ts � discuter avec des gens porteurs d�id�es et de projets�, d�clare le P/APC qui pense que des opportunit�s de cr�ation de PMI dans les secteurs de l�artisanat et du tourisme �cologique seront une r�alit� � moyen terme. Dans le m�me sillage, le wali de S�tif fait allusion � cette diaspora lors de sa visite : �Les uns et les autres doivent conjuguer leurs efforts pour le d�veloppement de cette r�gion.� Pour l�heure, seuls quelques anciens comme da Mohand Ouhafi entretiennent vaille que vaille le lien bien mince entre la localit� et quelques Yalaouis �tablis majoritairement dans la capitale et rest�s attach�s � thamourt. Mais jusqu�� quand ? D�s lors, les observateurs ne peuvent que se questionner. Ces Yalaouis hauts plac�s seraient-ils de simples carri�ristes qui se d�racinent oublieux qu�ils sont de l�identit� que leur a donn� cette r�gion et dont ils peuvent l�gitimement �tre fiers ou des commis de l�Etat jaloux de la sauvegarde de l��thique r�publicaine ? La pr�servation de la morale de l�Etat ne dispense pas un membre d�une collectivit� d�apporter son �nergie au bien de tous, dirait s�rement un ch�meur de Guenzet. En quoi la r�ponse � l�appel citoyen � ces responsables pour les aider � prendre part au d�veloppement et au progr�s social serait-elle consid�r�e comme un parti-pris ou une tare ? Ne serait-elle pas simplement une dette morale envers la r�gion qui les a vu na�tre et une autre mani�re de participer � la reconstruction de l�Alg�rie profonde, l�Alg�rie r�elle ? Parcours du docteur Benadouda de Lausanne � Guenzet Apr�s une longue carri�re au service de l�Etat alg�rien, le docteur Ammar Benadouda, l�actuel P/APC de Guenzet, qui a occup� de hautes fonctions, retrouve une seconde jeunesse pour se lancer un d�fi et participer au d�veloppement de la commune qui l�a vu na�tre. Il n�est probablement pas comme ces retrait�s natifs de la r�gion et qui s�accrochent � l�or�e de leur vie aux basques du pouvoir. Le docteur a entam� ses �tudes de m�decine � Lausanne (Suisse) pour les interrompre � l�appel du FLN qui lui confie la pr�sidence de la section de Montpellier (France) de l�Ugema (Union des �tudiants musulmans alg�rien) entre 1956 et 1962. Il est �galement membre de la f�d�ration du FLN de France. Deux ans apr�s l�Ind�pendance il d�croche son doctorat de m�decine pour exercer dans le quartier de Belcourt. Il est appel� par la suite � occuper de hautes fonctions dans les diff�rents d�partements du minist�re de la Sant�. Il a �t� en effet d�sign� au poste de directeur g�n�ral l�Institut national de la sant� publique entre 1966/1977, puis directeur de la sant� publique de 1971 � 1978. Ensuite le docteur revient � l�enseignement de la m�decine � la facult� d�Alger avant de se voir confier une autre fois des fonctions sup�rieures : inspecteur g�n�ral au minist�re de la Sant� 1984/1986, directeur de l�institut Pasteur d�Alger 1986/1988 et secr�taire g�n�ral du minist�re de la Sant� 1991/1993. L�actuel P/APC a �t� �galement pr�sident de la F�d�ration alg�rienne de football (FAF) entre 1972 et 1974. Lors des �lections locales du 29 novembre 2007, c�est le FFS qui a saisi l�opportunit� par l�envergure de la personnalit� pour lui accorder sa confiance et lui confier la liste. Il a gagn� sous la banni�re du parti de da l�Hocine la majorit� absolue avec 4 si�ges sur 7 de l�Assembl�e de Guenzet.