Continuit� et rupture, deux aspects de la d�marche litt�raire de Tahar Djaout qui sont mis en �vidence par Djouher Amhis, professeur de lettres � l�Institut des langues et litt�rature �trang�res d�Alger, � la retraite. A l�invitation de l�association Tussna, elle a donn� une conf�rence � la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi ouzou intitul�e �Lecture de textes� passant en revue la vie et l��uvre de Tahar Djaout. Cette conf�rence, compl�t�e dans l�apr�s-midi du 18 mai par un t�moignage et une lecture des Vigiles, effectu�s par M. Gasmi, s�inscrit dans le cadre de la comm�moration du 15 e anniversaire de l�assassinat du po�te, �crivain et journaliste par les int�gristes arm�s. La comm�moration, qui se poursuit jusqu�au 23 du mois en cours, conna�tra dans les jours qui viennent d�autres intervenants de renom parmi lesquels Amine Zaoui, directeur de la Biblioth�que nationale, Rachid Boudjedra, �crivain, Omar Belhouchet, directeur du journal El Watan� Ces derniers ne manqueront pas de r�v�ler d�autres facettes de la personnalit� et de l��uvre de Tahar Djaout, ravi pr�matur�ment � la litt�rature et � la presse alg�rienne qu�il a marqu�es de son empreinte, au pays qu�il aimait profond�ment, au peuple dont il aimait d�crire la situation et aux id�aux de progr�s et de la d�mocratie qu�il professait � travers ses �crits, romans, po�mes et articles de presse. La continuit� chez Djaout consistait, selon la conf�renci�re, � protester contre l�injustice et � contester les privil�ges indus, � d�noncer, entre autres, la bureaucratie, l�usurpation de la qualit� de moudjahid ainsi que l�instrumentation des martyrs et la confiscation de la R�volution. En cela, sa d�marche litt�raire caract�ris�e par la r�volte s�inscrit dans la continuit� de la litt�rature alg�rienne de l��poque coloniale. La r�sistance qui est aussi l�un des aspects marquants de son �uvre litt�raire et journalistique consistait � s�opposer � tous les partisans du conservatisme, de l�h�g�monisme, de l�exclusivisme, � tous ceux qui tirent, sur un plan ou un autre, la soci�t� vers le bas et vers l�arri�re. Il aimait son pays dans sa globalit� historique, dans sa diversit� sociologique et linguistique, si l�on veut r�sumer la conf�rence de Mme Djouher Amhis se r�f�rant aux romans de Djaout, notamment l�Expropri�, Chercheurs d�os, Rets de l�oiseleur, l�Invention du d�sert mais aussi Dernier �t� de la raison. �Vivant, il �tait universel, mort, il est devenu �ternel�, devait-elle conclure, citant un des nombreux auteurs qui se sont exprim�s sur Djaout. Intervenant � son tour dans l�apr�s-midi de la m�me journ�e, M. Gasmi, ami d�enfance et originaire du m�me village que l�auteur des Vigiles, fera un t�moignage d�taill� en relatant la vie familiale, villageoise et personnelle de l�enfant Tahar Djaout. On apprendra, entre autres, que son p�re, ancien �migr� en France, �tait parmi les premiers prisonniers, que deux de ses oncles furent assassin�s par l�arm�e fran�aise qui s�installa d�finitivement au village qui �tait, par ailleurs, d�pourvu d��cole jusqu�en 1959. De ce fait, la scolarit� primaire de Tahar Djaout sera tr�s br�ve avant qu�il aille s�installer � La Casbah d�Alger o� il fr�quentera le coll�ge du boulevard de la Victoire puis l�universit� o� il obtient successivement une licence de math et des sciences de l�information. Tr�s gourmand en litt�rature, il lisait �norm�ment, accumulant de vastes connaissances embrassant tous les domaines. Tahar Djaout commence � �crire tr�s t�t, observe-t- il, signalant un prix obtenu � 17 ans, en 1970, dans un concours litt�raire. Des Vigiles, qui constituent le th�me de sa communication, M. Gasmi reconna�tra plusieurs faits et circonstances, romanc�s, v�cus par le village natal durant la guerre de Lib�ration. �C�est le roman qui colle le plus � la situation actuelle du pays�, souligne-t-il. Expliquant le terme, le conf�rencier estime qu�il s�agit tout � la fois d� iassassen des croyances populaires, des bureaucrates dressant des obstacles devant toute initiative ou toute revendication l�gitime �manant du peuple. Il s�agit aussi des gardiens du syst�me veillant au maintien de l�ordre �tabli faisant dire � un personnage des Vigiles : �L�Etat n�a pas besoin de g�nie, il a besoin de serviteurs.�