A Madame la ministre de la Culture qui pousse loin le m�pris en affirmant sur les ondes de la Cha�ne III qu�il n�y a pas d�arch�ologues en Alg�rie, nous r�pondons : �Laissez-nous travailler et nous serons l�, plus nombreux que vous ne le pensez, et certainement aussi plus comp�tents.� Par la gr�ce de la loi 98/04 du 15 juin 1998 relative � la protection du patrimoine culturel, le minist�re de la Culture se trouve avoir en main un pouvoir exorbitant sur la recherche arch�ologique dont il ne se prive pas d�user et d�abuser, exer�ant des pressions insoutenables dont la recherche scientifique a fort � p�tir et qui explique en grande partie le marasme dans lequel elle est embourb�e depuis plusieurs ann�es d�j�. En effet, les articles 6, 27 et 71 soumettent tous les types de travaux, relev�s, photographies, prospections, fouilles et publications, � des autorisations d�livr�es par le d�partement de la r�glementation au minist�re de la Culture. Si pour les travaux de fouille, une l�gislation protectrice s�impose, l�autorisation devant passer par un conseil scientifique comp�tent et objectif � car une fouille mal conduite am�ne � la destruction des informations qu�elle est cens�e livrer �, pour toutes les autres interventions, les autorisations ne repr�sentent que des obstacles administratifs. Malgr� ces textes restrictifs, les arch�ologues pourraient tout de m�me envisager de travailler si les services concern�s montraient un minimum de bienveillance ou tout simplement de conscience professionnelle. Les agr�ments de projets de recherche, pr�sent�s dans le cadre d�institutions nationales, se font d�sirer, bien au-del� de l�ann�e pour certains, sans que soit fournie une r�ponse claire pour justifier un tel d�lai. Pour d�autres, bien s�r, qui b�n�ficient de hautes recommandations, l�autorisation peut �tre simultan�e � la demande. Pareillement, l�Institut d�arch�ologie sous tutelle du minist�re de l�Enseignement sup�rieur et de la Recherche scientifique est soumis � ces demandes d�autorisation pour toutes les sorties sur le terrain des �tudiants, qui pourtant font partie intrins�que et constante de leur programme. On ne compte pas les fois o� la programmation des stages ont �t� compromises par leur non-d�livrance, du moins � temps, quand ne s�exprime pas, mais toujours de mani�re impalpable, une mauvaise volont� � l�encontre de certains enseignants chercheurs qui voient leur demande �gar�e ou qui en sont toujours � attendre une autorisation devenue au fil du temps fortement improbable. Par l�, les services �comp�tents � contreviennent � la r�glementation car l�article 72 leur fait obligation de r�pondre dans un d�lai de deux mois. Par ailleurs, des projets de recherche avec des institutions �trang�res, pourtant d�ment sign�s par la coop�ration et les plus hautes instances de l��tat, se sont vus entrav�s par les services du minist�re de la Culture. Des autorisations de photographier ou de filmer qui arrivent toujours trop tard, des interdictions de sortie sur le terrain, des manifestations culturelles programm�es et annul�es en derni�re minute, compromettent ainsi gravement la cr�dibilit� de notre pays. La recherche arch�ologique souffre aujourd�hui des textes qui r�gissent la politique du patrimoine, mais encore plus de leur application al�atoire et client�liste. Cette attitude se traduit sur la sc�ne de la recherche scientifique m�diterran�enne ou m�me africaine par l�absence de notre pays dont pourtant nous savons que l�histoire si longue remonte � la pr�histoire la plus ancienne et dont le territoire est si vaste qu�il cr�e un trou b�ant dans la connaissance historique et pr�historique du nord de l�Afrique. A Monsieur le ministre de l�Enseignement sup�rieur, � Madame la ministre d�l�gu�e � la Recherche scientifique, tutelles directes des enseignants et des chercheurs, nous demandons l��tablissement d�une convention minist�rielle avec le minist�re de la Culture qui garantisse nos droits � la recherche et � l�acc�s sur le terrain et nous pr�munisse des comportements subjectifs personnalis�s. A Monsieur le Pr�sident de la R�publique, nous faisons appel, en derni�re instance, pour que nos droits � exercer notre fonction soient respect�s sans entrave, dans l�int�r�t d�une meilleure connaissance et reconnaissance de notre patrimoine et de notre histoire, et dans celui plus g�n�ral de notre pays, de son �panouissement et de son image, qui ne peut, cela va sans dire, que nous tenir � c�ur. Nagette A�n-S�ba (ma�tre de conf�rences Institut d�arch�ologie), Ginette Aumassip (pr�historienne, chef de projet en Alg�rie du programme europ�en �Patine du d�sert�), Khokha Ayati (charg�e de cours, Institut d�arch�ologie), Nac�ra Benseddik (chef de projet au CRASC), Yasmina Cha�d-Saoudi (ma�tre de conf�rences, Institut d�arch�ologie), Daho Djerbal (universitaire), Salim Drici (enseignantchercheur, Institut d�arch�ologie), Hania Gasmi (Association des amis du Tassili), Djahida Houadef (artiste peintre), Abderrahmane Khelifa (historien arch�ologue), Amine Mheri (architecte), Boussad Ouadi (�diteur, coordonnateur du programme Euromed h�ritage �Discover Islamic Art�), AASPPA (Association alg�rienne pour la sauvegarde et la promotion du patrimoine arch�ologique)