L'acteur �gyptien Adel Imam a perdu, semble-t-il, le go�t de (faire) rire depuis son dernier r�le au cin�ma, o� il incarne un homme d'�glise. Il s'agit de l'histoire de deux hommes, un imam et un cur�, oblig�s de se substituer l'un � l'autre pour �chapper au danger extr�miste. Une v�ritable campagne est men�e contre Adel par les milieux fondamentalistes, avec un paroxysme sur les sites internet. Comment un acteur musulman peut-il jouer le r�le d'un pr�tre chr�tien au risque de perdre son �me ? C'est l'inf�me accusation lanc�e par les vocif�rants qui s'en prennent aujourd'hui � l'acteur. Certains inquisiteurs n'ont pas h�sit� � franchir le pas et � crier � l'apostasie. Par des raccourcis qu'ils sont les seuls � conna�tre, ils ont acc�d� � la supr�me v�rit� : l'habit fait le moine. C'est encore plus vrai pour le fondamentalisme musulman triomphant qui ne se trompe pas sur les apparences. Adel Imam, en s'habillant en pr�tre et en interpr�tant un homme de Dieu, de l'autre bord, s'est expos� au danger de conna�tre l'Autre. Et � l'heure des grosses tentations �vang�listes qui dit qu'un acteur ne sera pas tent� de prolonger son r�le au-del� de l'�cran ? C'est pr�cis�ment le danger qui effraie les fondamentalistes : que des musulmans qui jouent leur propre r�le dans la vie, s'avisent d'essayer un autre uniforme. L'�difice de la foi est si branlant qu'il peut s'�crouler avec ses d�cors de cin�ma. Bref, Adel Imam a v�cu durant plusieurs semaines sur un plateau, dans la peau d'un cur�, il faut donc qu'il se repente, qu'il soit exorcis� m�me. Un seul musulman vous manque et tout le territoire d'Al-Qa�da est d�peupl�. Pourtant, il en avait pris des pr�cautions l'Imam avant d'endosser la soutane. Il avait d'abord sollicit� l'avis du pape Chenouda pour savoir si l'Eglise copte ne serait pas offusqu�e par la vue d'un musulman jouant au chr�tien. Le dignitaire copte avait donn� sa b�n�diction avec d'autant plus d'ardeur qu'il en escomptait un coup de pub providentiel pour sa communaut�. Adel Imam a ensuite consult� quelques sommit�s religieuses musulmanes qui avaient �mis un avis relativement favorable mais sans grand enthousiasme. La suite leur a prouv� qu'ils avaient eu raison d'�tre prudents. L'un d'eux, Khaled Al-Djoundi, a m�me ajout� a posteriori qu'il avait refus� de donner l'avis consultatif demand� par le grand acteur �gyptien. Le th�ologien a ajout� qu'il s'�tait fix� pour r�gle de ne jamais formuler d'avis sur des films. Il d�sapprouvait personnellement les �uvres o� les femmes apparaissent sans hidjab ou en petite tenue. Il a toutefois affirm� que le fait de jouer un r�le de chr�tien et d'arborer une croix sur la poitrine n'�tait pas suffisant pour faire de l'artiste �gyptien un apostat. Ce qui d�note d�j� un certain courage dans ces milieux et par les temps qui courent. En fait, ce n'est pas l'�ventuelle conversion de Adel Imam qui fait probl�me mais le contenu du film lui-m�me. Qu'un pr�tre copte se d�guise en imam, c'est plut�t une bonne nouvelle, mais que l'imam passe dans l'autre camp et fasse des sermons sous la nef, voil� qui d�passe l'entendement fondamentaliste. C'est du cin�ma, bien s�r, mais �a n'est pas permis et un film qui incite au rapprochement entre les communaut�s religieuses, surtout en Egypte, ne peut �tre que provocateur. Sans doute, faut-il voir aussi dans les r�actions d'hostilit� � Hassan et Marcos l'expression d'une rancune ressass�e contre Adel Imam, � cause de ses positions. Il y a quelques ann�es, il avait interpr�t� le r�le d'un terroriste islamiste dans un film retentissant Al-Irhabi. Les milieux religieux r�actionnaires s'�taient bien gard�s de l'accuser, � ce moment-l�, d'�tre devenu un terroriste par le simple fait d'en interpr�ter le r�le. Depuis, Adel Imam a �t� puni pour l'ensemble de son �uvre puisqu'il figure en t�te de la liste noire des artistes �libertins� �tablie par des groupes extr�mistes. Avec cette campagne contre son dernier film, l'�t� risque d'�tre tr�s chaud pour Adel Imam sur son chemin de croix. Il faut savoir, enfin, que le partenaire de Adel Imam dans ce tandem interchangeable n'est autre que Omar Sharif. Celui-ci joue le r�le de l'imam d�froqu�, ce qui est un retour aux sources pour la vedette du Docteur Jivago. Omar Sharif s'est, en effet, converti � l'islam pour les beaux yeux de Fatten Hamama, ce qui le rend suspect � bien des �gards. Le sc�nariste de Hassan et Marcos a tout de m�me pr�vu un interm�de amoureux susceptible de calmer les ardeurs int�gristes. Il y a aussi une idylle entre le fils de l'imam et la fille du pr�tre. Ce qui laisse pr�sager une fin heureuse avec la conversion de la fille � l'islam et le retour des parents � leurs sacerdoces respectifs. C'est le happy end version islamiste mod�r�, moralement tol�rable. Imaginez seulement que l'auteur ait voulu compliquer les choses en inversant encore les r�les : la fille de l'imam s'amourachant du fils du pr�tre, etc. C'est le film ou le drame qui s'est pourtant jou� il y a une quinzaine de jours dans un village de Haute-Egypte. Un homme de 35 ans a �gorg� et d�capit� sa jeune s�ur de 18 ans parce qu'elle �tait enceinte des �uvres de son voisin copte, �g� de 18 ans �galement. Le jeune Egyptien, qui a invoqu� la n�cessit� de venger son honneur, s'est rendu ensuite au domicile du s�ducteur copte. Ne le trouvant pas, il a lard� la maman du coupable de coups de couteau avant de s'en prendre � la s�ur qui a �chapp� de justesse � la mort. Ceci, pour vous dire combien le cin�ma est parfois tr�s loin de la r�alit�. C'est dans cette r�alit� douceam�re du monde arabe que des th�ologiens toujours perspicaces ont invent� un nouveau contrat conjugal, le �mariage de convivialit� �. Ce mariage, nous dit notre confr�re Slimane Boussoufa dans le quotidien Al-Quds, unit un vieillard s�nescent et une jeune fille ou une femme en excellente condition physique. La femme a droit � toutes les obligations maritales � l'exception de ce qui est commun�ment appel� devoir conjugal. L'�pouse s'engage dans le �mariage de convivialit� � renoncer au b�n�fice du monopole que d�tient habituellement le mari, celui du sexe. L'�poux d�cati s'engage, en revanche, � assurer les autres commodit�s relevant de la suppos�e puissance maritale, � savoir la dot, l'entretien, le logement. �Si le vieillard ne peut pas assouvir les besoins sexuels de son �pouse, m�me avec une plaquette enti�re de Viagra, pourquoi ne se contente-t-il pas d'une domestique ou d'une infirmi�re pour veiller sur lui ? s�interroge Slimane Boussoufa. Ceci d'autant plus qu'il est exig� de la femme qu'elle soit dynamique et saine de corps. Cette femme, qui est avant tout un �tre humain, ne se contentera pas d'�tre bien trait�e, nourrie et log�e. Elle aura forc�ment besoin, t�t ou tard, d'un m�le pour assouvir ses besoins sexuels. De fait, ce genre de mariage ne r�gle pas le probl�me de la tentation de succomber au p�ch�. �On peut remarquer, note encore notre confr�re, que ces innovations sexuelles envelopp�es dans une toile religieuse l�gale ne profitent, en premier ressort, qu'aux hommes. Toutes les pr�occupations et toutes les priorit�s tournent autour de l'�poux tandis que l'�pouse n'est l� que comme une domestique, une annexe au projet. � Slimane Boussoufa cite encore d'autres types de mariage invent�s par l'�go�sme des hommes, parmi lesquels le fameux �mariage friend� mis au point par le charlatan y�m�nite Zendani. Aux derni�res nouvelles, Zendani a pris la t�te d'une campagne pour la cr�ation d'une police des m�urs au Y�men. Sans doute pour mieux encadrer le �mariage friend� que l'activiste y�m�nite compte imposer, le jour venu, � ses compatriotes.