Un apr�s-midi ensoleill� � Alger. Temp�rature : 22 degr�s. Brise caressante. Un temps id�al pour faire un voyage dans le temps en visitant Dar Khedaoudj El Amia, situ�e au Mus�e des arts et traditions populaires de La Casbah. Nous ne sommes pas les seuls. De nombreux visiteurs, dont des parents flanqu�s de leur prog�niture, franchissent le seuil de ce somptueux joyau architectural �voquant les palais des Mille et une Nuits. Une petite fille haute comme trois pommes tire sur la manche de la veste de son papa. �Vite, montre-moi la chambre de Khedaoudj El Amia !� s�impatiente-t-elle. Une l�gende, un mythe C�est en campagnie de notre guide, Mme Drissi, conservateur au niveau de ce mus�e, que nous nous appr�tons � d�rouler le fil de l�histoire de cette jeune fille, Khedaouj, qui a donn� son nom au palais. �Cette magnifique demeure a �t� construite par Yahia Ra�s, officier de la flotte alg�rienne, en 1575. En 1789, Hassan Pacha, tr�sorier du dey Mohamed Ben Othmane (Khaznadji), l�acheta et l�offrit � sa fille Khedaoudj. Selon la l�gende, cette jeune fille, d�une grande beaut�, perdit la vue � force de s�admirer dans un miroir, tout comme Narcisse qui finit par tomber dans l�eau absorb� par la contemplation de ses traits ...�. La premi�re mairie d�Alger Tout en devisant, nous franchissons une premi�re �sqifa� d�cor�e d�une fontaine servant jadis aux ablutions des invit�s. Cette entr�e est des plus majestueuses avec ses colonnes marbr�es, torsad�es et d�cor�es de la feuille d�acanthe. Puis nous arrivons dans une seconde �sqifa� bord�e d�une s�rie de banquettes. �C�est ici que les gens patientaient avant d��tre introduits chez le dey�, explique notre guide. Le rez-de-chauss�e rec�le des vestiges inestimables : des coffres berb�res (XIXe si�cle), un pressoir d�olives traditionnel en bois d�olivier (XIXe si�cle), des poteries de diff�rentes r�gions d�Alg�rie (Kabylie, Adrar, Tlemcen...). Nous remarquons aussi un �norme silo, �le gardemanger �, o� �taient stock�s bl� et c�r�ales � l��poque. �Avant la conqu�te fran�aise, ce palais �tait habit� par la famille Bakri. En 1830, l�administration coloniale y installa la premi�re mairie d�Alger�, r�v�le notre interlocutrice. Poursuivant notre visite, nous d�couvrons les diff�rents ustensiles de cuisine du XIXe si�cle : le couscoussier en cuivre, le plateau (s�nii), le lavemain... Sur les traces de Napol�on III Le premier �tage s�ouvre sur le patio (wast e�dar) inond� de soleil. �Il existait quatre chambres par �tage. De nombreux h�tes de prestige ont s�journ� dans ce palais tels que le roi Louis II de Bavi�re ainsi que l�empereur Napol�on III (en 1865). Colonnes marbr�es et torsad�es, murs couverts de fa�ence aux couleurs jaune ocre, vert �meraude et bleu d�Egypte... Le patio s�ouvre sur la salle des bijoux berb�res (diad�mes, ceintures, bracelets), celle des broderies et des costumes d�Alger (XIXe si�cle). Une vie citadine raffin�e Des escaliers nous m�nent au deuxi�me �tage o� l�on d�couvre une chambre � coucher avec son lit � baldaquin (bank el qobba) en fer forg�, le landau du b�b�, le coffre de la mari�e. Dans une salle attenante, le visiteur peut admirer diff�rents instruments de musique : kouitra, rebab, guember, imzad... �Ce hautbois a appartenu � Boualem Titiche et ce tambourin est celui de Hadj Menouar�, nous r�v�le Mme Drissi. Sur l�un des murs, un immense tapis aux couleurs chatoyantes, un mod�le comme on n�en fait plus. Il est inspir� du tapis d�Anatolie et p�se tr�s lourd. �Il a �t� retrouv� dans la r�gion de Guergour.� Nous d�couvrons ensuite la salle de bals, la plus spacieuse du palais. �Cet espace a subi des transformations sous l�administration coloniale comme la pose du parquet, l�installation des portes-fen�tres et chemin�e. Le plafond en dentelle de stuc et de coupoles ajour�es couvertes de verri�res sont des rajouts�, explique notre guide. Des femmes en tenue traditionnelle assises dans des alc�ves t�moignent d�une vie citadine des plus raffin�es. Ce palais a subi des travaux de r�habilitation qui ne sont pas compl�tement achev�s. �Le comble attend toujours d��tre restaur�. Quant � la terrasse, elle a �t� �quip�e de tonnelles o� les visiteurs peuvent marquer une pause en admirant la mer � condition d�occulter les affreux bidonvilles visibles en contrebas, derri�re le lyc�e Emir- Abdelkader. Lors de notre passage, ces tonnelles �taient occup�es par des femmes s�initiant � l�art du medjboud et de la fetla sous la houlette d�une enseignante. �Ce sont des ateliers de broderie pour jeunes femmes d�sirant apprendre ce m�tier�, nous apprend Mme Drissi. Un peu plus d�histoire Dar Khedaoudj El Amia, connue aussi sous le nom de Dar El Bakri, se situe dans le quartier de Souk El Djema� pour le march� qui s�y installait tous les vendredis � l��poque ottomane. En 1947, le palais Khedaoudj El Amia fut affect� au service technique de l�artisanat d�Alg�rie. Il avait pour but la promotion des arts populaires. Des jeunes filles venaient y apprendre l�art de la tapisserie et de la broderie. En 1961, ce palais devient le Mus�e des arts populaires. En 1987, il est baptis� Mus�e national des arts et traditions populaires. Ce mus�e est ouvert tous les jours de la semaine. Adresse : 9 rue Mohamed- Akli-Malek, Casbah. Sabrina Inal Email. : [email protected]