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DECODAGES
La d�mocratie dans les pays du Sud Par Abdelmadjid Bouzidi abdelmadjidbouzidi@yahoo.fr
Publié dans Le Soir d'Algérie le 24 - 09 - 2008

Amartya Sen, �conomiste indien prix Nobel d��conomie, a d�velopp� une conception de la d�mocratie qui montre que l�approche n�oclassique de celle-ci n�est pas le mod�le unique, universel applicable en tout lieu et en tout temps. La premi�re id�e � retenir de cette conception de la d�mocratie d�fendue par A. Sen et que certains auteurs qualifient d�exigeante, est que celle-ci ne se r�sume pas au respect de la r�gle de la majorit�. Elle exige aussi la protection des droits et libert�s des personnes, l�acc�s universel aux prestations et droits sociaux, le droit de prendre part activement aux d�lib�rations publiques ainsi que celui d�acc�der � l�information.
En un mot, la d�mocratie, c�est la r�gle de la majorit� mais elle exige aussi la protection de la minorit�. La d�mocratie, c�est la d�lib�ration, l�acc�s � l�information pour tous. La d�mocratie accorde des droits mais elle garantit surtout les conditions n�cessaires � l�exercice effectif de ces droits. Pour Sen, la d�mocratie peut concr�tement �tre �valu�e � travers trois indicateurs :
1/- les droits dont dispose le citoyen ;
2/- les capacit�s r�elles qu�a eu le citoyen � utiliser effectivement ces droits et l�environnement institutionnel qui autorise cette utilisation ;
3/- le comportement effectif du citoyen, c�est-�-dire sa volont� d�utiliser ses droits (son degr� de mobilisation). Ainsi, un syst�me politique est d�mocratique s�il distribue des droits formels (droit de vote, d��ligibilit�) mais pas seulement. Il faut aussi que ce syst�me garantisse les conditions n�cessaires � l�exercice effectif de ces droits. �La possession d�une bicyclette n�augmente en rien la capacit� de se mouvoir si la personne ne sait pas comment l�utiliser ou si sa r�gion n�est pas �quip�e en pistes cyclables.� La seconde id�e importante que d�veloppe A. Sen est que �la d�mocratie vaut pour tous les pays quel que soit leur niveau de d�veloppement�. La d�mocratie est constructive : par la discussion on transforme des valeurs. La d�mocratie est progressive : elle d�ploie ses effets dans le temps. La troisi�me id�e d�fendue par A. Sen est que la d�mocratie n�est pas une �question m�canique d'agr�gation des opinions individuelles, mais un processus de d�lib�ration auquel chacun est appel� � apporter sa contribution active et inform�e � tout moment�. Nous retrouvons ici chez Sen le principe du primat de la d�mocratie participative sur celui de la d�mocratie repr�sentative. L�une ne chasse pas l�autre mais la seconde (repr�sentative) est renforc�e par la premi�re (participative) �chacun doit avoir le droit de s�exprimer librement sans crainte de repr�sailles�.
A. Sen �num�re trois exigences de la d�mocratie :
1. acc�s � la d�lib�ration publique dans des conditions d��galit� ;
2. caract�re public et impartial de la d�lib�ration ;
3. libert� d�expression.
La concr�tisation de ces exigences passe souvent par la constitution d�acteurs collectifs tels que les partis politiques ou les syndicats. L�Etat a aussi bien �videmment un r�le crucial � jouer : exercer la fonction de redistribution des ressources de connaissance et de pouvoir afin de doter les acteurs concern�s des capacit�s de d�lib�ration n�cessaires � un engagement efficace dans le processus d�mocratique. Dans le domaine des politiques publiques, par exemple, acteurs locaux et centre r�gulateur doivent �tre associ�s dans la d�termination des r�gles et des principes d�action. On retrouve ici le n�cessaire principe de d�centralisation dans la gestion des affaires publiques. Cette d�lib�ration centre-local, expertscitoyens concern�s, permet d��viter un double �cueil : d�une part, la d�rive technocratique qui voit le centre chercher � imposer ses valeurs aux acteurs locaux, d�autre part, les pratiques corporatrices o� les int�r�ts locaux cherchent � s�imposer au d�triment du bien commun. A ceux qui qualifient la conception de Sen de la d�mocratie d�approche �litiste, invoquant le fait que seuls ceux qui ont la capacit� r�elle de d�lib�rer participent � la d�cision, Sen r�pond que �les personnes pr�f�rant ne pas d�lib�rer peuvent s�en remettre � des organes collectifs de repr�sentation. De la sorte, leurs points de vue participeront � la construction d�mocratique�. La troisi�me id�e d�velopp�e par A. Sen est que la d�mocratie est constructive : les pr�f�rences, les syst�mes de valeur, les besoins et les possibilit�s de les satisfaire ne sont pas donn�es mais construits au cours de la discussion publique. Par la d�lib�ration publique, et non pas par la contrainte et la sanction, on fait �valuer les comportements et les syst�mes de valeur. L�intervention de l�Etat ne doit pas se contenter, comme l�affirment les n�oclassiques, de mettre sur pied un syst�me d�incitation mais d�octroyer des droits aux individus. Sen ne rejette pas l�id�e de march� mais conteste la volont� de l�imposer partout envers et contre toutes les circonstances et tous les acteurs locaux. Enfin, pour Amartya Sen, le d�veloppement �conomique n�est pas un pr�requis de la d�mocratie. Au contraire, la d�mocratie favorise et acc�l�re le d�veloppement. Elle en est une partie constitutive. A tous ceux qui affirment que les peuples des pays du Sud ont plus besoin d�emploi, d�alimentation, d��ducation etc. que de d�mocratie, Sen oppose la th�se selon laquelle la satisfaction de ces besoins est d�autant plus assur�e qu�elle se r�alise dans le cadre de la discussion publique, de la d�lib�ration, de la reconnaissance des droits � l�expression, des �changes centre-acteurs locaux, des libert�s publiques. Et il appartient � l�Etat non pas simplement d�octroyer ces droits mais de r�unir les conditions d�un exercice effectif de ces droits par les citoyens. L�enjeu est, bien s�r, non pas d�assurer des performances �conomiques conjoncturelles et de court terme mais bien d�installer la soci�t� dans une trajectoire de progr�s �conomique et social de long terme. (Pour des analyses plus approfondies de La d�mocratie dans l�approche d�Amartya Sen�, on peut se r�f�rer � la revue L�Economie politique n�27 juillet 2005).


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