Qui ne souvient pas de cet arri�re lat�ral de la s�lection alg�rienne des ann�es 1970 qui a mis fin au r�ve des footballeurs fran�ais d'arracher la m�daille d'or des JM de 1975 � Alger ? Lui, c�est Rabah Menguelti, ancien arri�re droit de la grande �quipe de la JSK. L�homme s�est r�v�l�, en effet, � l�occasion du second rendez-vous sportif entre l�Alg�rie et la France apr�s l'ind�pendance. L'Alg�rie a eu l�occasion d�affronter la France lors des Jeux m�diterran�ens de 1967 � Tunis. Une confrontation qui s��tait sold�e par une victoire des Fran�ais sur notre �quipe nationale sur le score de 3 buts � 1 � l�occasion des poules qualificatives. Une d�faite mal dig�r�e du c�t� alg�rien. Le s�lectionneur fut remerci� suite � ce revers qui avait �t� v�cu comme un affront quelques ann�es apr�s les accords d'Evian. Le rendez-vous d�Alger, en 1975, se d�roula dans un contexte singulier. Quelques semaines apr�s la visite de Val�ry Giscard d'Estaing, premier chef d'Etat fran�ais re�u � Alger apr�s l'ind�pendance, se joua la finale du tournoi de football entre une �quipe d'Alg�rie galvanis�e par son public et par la pr�sence dans la tribune officielle du pr�sident de la R�publique, Houari Boumediene, et une �quipe de France �amateurs� qui comptait dans ses rangs un certain Michel Platini, absent lors de cette finale. La confrontation attisa les passions chez les 70 000 spectateurs. Surtout qu� apr�s avoir �t� longtemps men�e � la marque, l'Alg�rie r�ussit � revenir dans le match en toute fin de partie par l'interm�diaire de Omar Betrouni, qu'on surnommait � l��poque �l'homme de la derni�re minute� ; il r��ditera son exploit une ann�e apr�s, au m�me lieu et � la m�me p�riode du match, au profit de son club, le MCA, lors de la finale de la Coupe d'Afrique des clubs face � Hafia Conakry. Rabah Menguelti ach�vera l��uvre de la s�lection alg�rienne entra�n�e par l�ex-St�phanois, Rachid Mekhloufi, en inscrivant le but victorieux lors des prolongations, gr�ce � une jolie reprise de la t�te des 20 m�tres suite � un mauvais renvoi du gardien fran�ais. Le public, le peuple pardi, chavira de bonheur et la liesse s'empara de la capitale et de toutes les contr�es du pays : d�fil�s, concerts de klaxons, sc�nes de joie accompagn�rent la victoire alg�rienne, comme aux premiers jours de l'ind�pendance. Cet �v�nement �tait per�u comme une occasion de plus d'affirmer l'ind�pendance alg�rienne vis-�-vis de la France. L'homme du match �tait incontestablement Rabah Menguelti qui f�tera ses 57 ans le 28 novembre prochain. Menguelti, qui r�side � Paris, n'est pas pr�s d�oublier cette rencontre historique. Pour les lecteurs du Soir d�Alg�rie , il est longuement revenu sur l'avant et l'apr�s-match de cette premi�re m�daille d'or remport�e face aux Fran�ais. Le Soir d'Alg�rie : Que devient Rabah Menguelti, le h�ros des Jeux m�diterran�ens de 1975 ? Rabah Menguelti : Tout d'abord, je vous remercie de m'avoir donn� l'occasion de m'exprimer dans les colonnes d'un quotidien de mon pays. Je r�side � Saint-Ouen (Paris) depuis longtemps, avec mon �pouse et mes quatre gar�ons. Pour la pr�cision, je vous confie qu�aucun d�entre eux n'est footballeur. Pourquoi, surtout que leur papa �tait footballeur depuis son jeune �ge ? Ils ont pr�f�r� les �tudes au sport, m�me si Djamel, le benjamin, a jou� jusqu'� la cat�gorie junior avec l'AS Tizi-Ouzou avant de me rejoindre en France. Pourtant, vous avez r�ussi une belle carri�re de footballeur avec la JSK et les diff�rentes s�lections nationales. En effet, j'ai eu une belle carri�re et j'ai fait partie de toutes les s�lections nationales, m�me si je n'ai jamais quitt� la JSK. Ma premi�re s�lection remonte � 1968 avec les cadets avec le d�funt Ali Benfeddha, alors coach de cette cat�gorie compos�e d�Abdouche (USMA), Amar (USMBA) et le regrett� Bouabache (CRB). J'ai eu la chance de participer au tournoi traditionnel de Cannet-la- Rocheville, qui a regroup� les meilleures �coles europ�ennes. J'ai aussi particip� au tournoi des Jeux scolaires en URSS, avec la s�lection nationale des juniors, et � ceux de Roubaix et du Havre en France. Et avec la s�lection �A�? Avec les seniors, j'ai connu de bons moments. En �tant encore �espoir� � la JSK, j'avais juste 21 ans, j'ai �t� s�lectionn� par M. Khabatou pour la premi�re fois en 1972. Cette �quipe nationale �tait compos�e de grands joueurs de l'�poque tels que Bouyahi, Tahar, Amrous Sadek, Ouchen, A. Salhi et Rabah Sa�dane. Et avec la s�lection militaire qui a d�fray� la chronique lors des JM de 1975 ? Durant la m�me ann�e, en 1972, j'ai �t� incorpor� pour accomplir le service national sous la direction du duo Rachid Mekhloufi-Mohamed Soukhane. J'ai fait partie de la s�lection militaire qui a offert son premier titre officiel � l'Alg�rie lors des JM de 1975. Une �quipe qui remport� la m�daille d'or face � la France ? Disons que oui, puisque c'est l'ossature qui a particip� � ces joutes m�diterran�ennes. Il y avait certains joueurs civils dont Betrouni (MCA) et Teldja (RCK) qui ont compl�t� l'effectif. Il semblerait que m�me le stage de deux mois, qui pr�c�da le tournoi m�diterran�en, s'est d�roul� � l�h�tel du 5-Juillet dans des conditions propres � la vie de caserne ! (Rires). Non pas comme dans une caserne, mais nous avions gard� les habitudes et la discipline de la caserne. Apr�s la quille, nous avions �t� rappel�s pour pr�parer les JM. Mais le stage a eu lieu au niveau de l�h�tel du stade du 5-Juillet. Aussi, les deux mois de regroupement nous ont permis de se pr�parer dans de bonnes conditions, et ce, dans l'objectif premier de remporter la m�daille d'or. Parlez-nous un peu de ces jeux ? Ecoutez ! Cela fait bien des ann�es que nous avons remport� cette m�daille, mais je vous assure que cette comp�tition m'a marqu� � vie. D'une part, nous avons pris la revanche sur la Tunisie de Attouga en demi-finales de ces jeux, et d�autre part, nous avons remport� la m�daille d'or face aux Fran�ais qui nous ont �limin�s lors des poules qualificatives des JM de 1967. Ce qui a permis � tout un peuple de sortir dans les rues f�ter ce titre intervenu � quelques jours apr�s du d�but du mois sacr� de Ramadan. Vous �tiez quand m�me l'homme du match, en inscrivant un joli but, synonyme de la victoire et de la premi�re m�daille d'or. Non, c'est tout un groupe qui a r�alis� d'�normes efforts lors de ces jeux. Lors de la finale, nous �tions men�s au score avant que Kaoua Mokhtar (RCK) ne r�duise le score et que Betrouni dans la derni�re minute �galise. Durant les prolongations, j'avais l�intuition que j'allais marquer. Sur un corner, le gardien fait un mauvais renvoi des deux poings, et de la t�te j�inscris le but victorieux. Apr�s votre belle victoire, quelle a �t� la r�compense ? Ecoutez ! A cette �poque, nous jouons surtout pour le maillot, m�me si dans les coulisses, nous avons appris que chacun de nous aura une petite Fiat 128. Mais au bout du compte, nous avons re�u des mains du colonel Abdenour Bekka, alors pr�sident de la FAF, un carnet Cnep avec une �pargne de 2 000 DA. Nous avons �t� aussi re�us par le pr�sident de la R�publique, le regrett� Houari Boumediene. Nous �tions tr�s contents de notre cons�cration et surtout de la reconnaissance du pr�sident. Pourtant, ceux qui ont remport� la m�daille des Jeux africains d�Alger trois ans apr�s votre sacre ont �t� r�compens�s par des logements. Mais vous �tes vraiment � la page. C�est vrai, certains joueurs que je connais et qui ont jou� avec moi m�ont appris qu�ils ont b�n�fici� d'un logement lors de ces JA de 1978. Nous, nous avons quand m�me re�u dans les vestiaires le jour de notre victoire face � la France, plusieurs ministres dont celui de la Jeunesse des Sports, Abdellah Fadel, et le directeur du protocole du pr�sident de la R�publique, le d�funt Abdelmadjid Allahoum. d�funt Abdelmadjid Allahoum. Apr�s une belle carri�re internationale qui a d�but� t�t, vous avez mis fin � votre carri�re juste apr�s ces JM. Ne trouvez-vous pas que c'�tait trop t�t ? En effet, j'ai mis fin � ma carri�re alors que je pouvais continuer encore � rendre service. Avec la JSK, j'ai arr�t� le football lors du dernier match du championnat de la saison 77-78 face au MCO, sous la houlette du duo Khalef- Ziwotko. C'�tait la r�forme, et Mahieddine Khalef m'a sollicit� pour m'occuper de l'administration du club. Apr�s la restructuration des entreprises en 1992, l'Eniem m'a propos� de poursuivre mon travail mais comme simple employ�, alors que j'�tais cadre (chef de service affect� au club). Chose que j'ai refus�e �videmment ! Puis, en 1993, j'ai int�gr� le bureau en qualit� de secr�taire g�n�ral du club apr�s l'�lection d'un bureau qui a �lu Mouloud Iboud pr�sident. Le bureau �tait compos� de Derridj, Nesnes, Benmedjber, Yousfi et A�t-Menguellat (le cousin du chanteur kabyle, Lounis, Ndlr). Au bout d'une ann�e, nous avons remis le tablier lors d'une simple assembl�e ordinaire qui s'est transform�e en �lective et qui a �lu Mohand- Ch�rif Hannachi. Est-ce que vous suivez le championnat national et que pensez-vous de son niveau ? Je suis r�guli�rement le championnat national, mais ce n'est pas le niveau qui d�range ou qui fait mal, mais plut�t ces histoires de r�serves et notamment l'affaire Haddadj-RCK, de la violence dans les stades ou encore le manque des infrastructures. Nous ne savons pas encore qu�elle est l'int�r�t de Haddadj � refuser d'appliquer une d�cision du TAS qui r�tabli Kouba dans ses droits. Le comble, c'est que m�me le TAS a facilit� la t�che � la FAF en lui ordonnant de faire acc�der le RCK, comme club suppl�mentaire. Vous savez, en France, notre communaut� ne s'int�resse actuellement qu�au dossier de ce bras de fer FAF-TAS et notre �quipe nationale, bien s�r. Quelle est la solution d'apr�s vous ? C'est simple, maintenant que la justice est intervenue, il reste aux pouvoirs publics, par le biais du ministre de la Jeunesse et des des Sports ou du chef du gouvernement, de r�agir. Car cette affaire ne devait jamais d�passer nos fronti�res. C�est honteux ! L'Etat doit intervenir. Au d�but de l'entretien, vous m'avez promis une anecdote� Oui et j�y tiens toujours. Lors du stage des deux mois pass� au complexe du 5- Juillet, nous �tions dans le m�me h�tel que les handballeurs. Ces derniers nous ont promis de nous battre, si jamais nous acceptons de jouer avec eux un match amical. Chose promise, chose due, puisque les Lamdjadani, Hachemi, Amara et consorts, nous ont effectivement battus. Ce qui nous a d'ailleurs pouss�s � ne plus faire dans la figuration m�me dans un match amical. Depuis, nous n'avons jamais perdu ni dans match amical et encore en match officiel. Un regret ? Un regret, oui il y�en a un. C�est celui de ne pouvoir int�grer les structures du MJS en ma qualit� d'ancien joueur international. J'ai tent� d'int�grer le MJS en d�posant un dossier aupr�s des services de Aziz Derouaz, alors ministre de la Jeunesse des Sports, en vain alors que pas mal de mes co�quipiers ont �t� admis. Cela m'avait fait mal, alors j'ai d�cid� de quitter le pays pour �migrer en France. Nous vous laissons le soin de conclure. J�esp�re que les choses changeront, notamment pour notre jeunesse, car nous avons un potentiel �norme dans toutes les disciplines. Avec la cr�ation de l'Association alg�rienne des sportifs de France (ASAF) dont je suis membre du bureau, je souhaite qu'il y ait une oreille attentive du c�t� d'Alger pas sp�cialement pour venir � notre aide, mais plut�t pour nous reconna�tre pour que d�sormais plus aucun Zidane, Benzema, Nasri, Bouras ou Feghouli (Grenoble) ne choisisse une s�lection autre que celle de leur pays d�origine.