Apr�s environ 1 heure de d�lib�ration, le procureur du tribunal criminel de Boumerd�s, magistrat aux comp�tences reconnues par la d�fense, a requis en moins de 10 minutes, 7 peines extr�mes contre des jeunes de Bordj- M�na�el. Les accusations port�es contre les pr�venus sont aussi graves les unes que les autres. La d�fense les a r�cus�es. Elle affirme, en audience, qu�elles ne reposaient que sur les proc�s- verbaux de la police judiciaire et des aveux arrach�s par le recours � la force. Les trois juges et les deux jur�s les ont relax�s. Et si l�affaire n�205) avait suivi son cours normal ? Il �tait 17 heures 30 ce mardi, lorsque, apr�s la r�cusation du second jur� tir� au sort, le tribunal criminel a �t� constitu� Auparavant, le juge principal de ce tribunal, qui est �galement pr�sident de la chambre correctionnelle de la cour de Boumerd�s, avait pr�sid� le tribunal correctionnel et avait jug�, en seconde instance, des dizaines d�affaires. Il �tait un peu plus de quinze heures � la fin de l�audience publique. Les neuf jeunes se trouvant dans le box des accus�s ont �t� appel�s pour d�cliner leur identit�, fonction et niveau de formation. L�inqui�tude de leurs parents et amis, qui �taient pr�sents depuis 8 heures 30 du matin, se lisait sur les visages de ces derniers. Aucun des pr�venus n�a atteint un niveau scolaire d�passant la 4e ann�e moyenne. Un seul est �g� de 30 ans, les autres ont entre 20 et 23 ans. Ils �taient fellahs, petits commer�ants, ouvriers� ou vivaient d�exp�dients. Le greffier fit une lecture rapide de l�acte d�accusation. L�assistance apprendra que sept d�entre eux, en plus de certains terroristes en fuite, sont accus�s de cr�ation de groupe terroriste, d�attentats � l�explosif dans un lieu public et d�homicide volontaire avec pr�m�ditation. B. Fateh, 27 ans et B. Samir, 31 ans sont accus�s de financement de terrorisme et non d�nonciation de crimes terroristes. Ils sont, selon l�acte d�accusation, impliqu�s dans trois attentats ayant eu lieu les 19 et 26 ao�t 2007 et 3 septembre 2007 et qui ciblaient des patrouilles de la Gendarmerie nationale de Bordj-M�na�el, de la S�ret� nationale et un commer�ant de la m�me ville. Le bilan de ces attentats s��tait sold� par la mort d�un homme �g�, de l�amputation d�une main d�un autre homme �g�, handicap� mental et d�une dizaine de personnes entre agents des forces de l�ordre et simples citoyens, qui ont �t� bless�es. Z. Brahim, le premier � d�filer � la barre nie les faits qui lui sont reproch�s. Il ne conna�t que trois personnes sur les sept que lui cite le pr�sident. Le magistrat fait des efforts pour aider les accus�s � s�exprimer. Ces derniers se contentent de tr�s br�ves r�ponses pour nier les faits contenus dans les proc�s-verbaux de la police que lisait le pr�sident. �Les services de s�curit� sont venus me chercher chez moi. Comme je n��tais pas � la maison, je me suis pr�sent� � eux. Ils m�ont arr�t�, battu et jet� en prison. Je ne comprends pas ce qui m�arrive, ni pourquoi je suis ici�, clame Brahim. De son c�t�, B. Fateh affirme qu�il a �t� battu. Un � un, ils nient les faits. �Je me demande pourquoi les services de s�curit� m�ont imput� de tels crimes ?� s�inqui�te M. Aziz. Le procureur est intervenu une seule fois, pour interroger un pr�venu. Sinon, seul le pr�sident menait l�interrogatoire pour faire la lecture du contenu des proc�s-verbaux de la police judiciaire les concernant un � un. Les d�bats avaient dur� approximativement une heure et demie. Aucune victime, ni t�moin, pr�sents � l�audience, n�ont �t� appel�s � la barre. En dehors des proc�s-verbaux de la police judiciaire, aucun autre �l�ment � charge n�a �t� produit. Directement, la parole est donn�e au procureur pour pr�senter son r�quisitoire. D�entr�e, il affirme : �Ces crimes ont �t� prouv�s� et d�ajouter que �les accus�s se sont organis�s pour semer la terreur au sein de la population et commettre des crimes.� Pour lui, le fait qu�ils aient �t� organis�s en bande arm�e, m�me si le crime a �t� commis par un seul �l�ment, les autres sont, selon la loi, des complices. Il rappelle qu�� la suite d�une perquisition, un t�l�phone portable, qui aurait �t� utilis� pour la mise � feu des bombes artisanales, a �t� retrouv� chez l�un des accus�s. Il assure qu�il y a flagrant d�lit. Il rappelle, par ailleurs, les d�faites concernant une bombe artisanale, laquelle n�ayant pas explos� au bout de 5 tentatives, a �t� restitu�e � un terroriste artificier pour sa r�paration. Cependant, il n�a pas pr�cis� par qui. �Ils reviennent sur leurs aveux, faits devant les policiers, pour tenter d��chapper � la sanction�, dit-il en conclusion. A la fin de son r�quisitoire qui a dur� moins de 15 minutes, le repr�sentant du parquet a demand� pour B. Fateh et B. Samir 10 ans de prison ferme et 500 000 dinars d�amende. Pour le reste des inculp�s, y compris les 7 rest�s au box des accus�s, le procureur a requis la peine capitale. Me Sadoun de Tizi-Ouzou est le premier avocat � intervenir. Il cite l�article 212 du code de proc�dure p�nale pour stigmatiser les aveux contenus dans les proc�s-verbaux de la police judiciaire. �Nous voulons juger les v�ritables criminels pas des jeunes qui ont peur de sortir seuls � la nuit tomb�e� dira-t-il. Et de questionner le tribunal : �Le meilleur d�entre eux a un niveau de 4e ann�e moyenne. Ont-ils des capacit�s d�organisateurs ?� Revenant sur les aveux, il dit allusif : �On conna�t les m�thodes et les proc�dures.� Et d�ajouter : �Nous ne voyons aucun certificat m�dical dans les dossiers de nos clients.� Il insiste sur la nullit� des proc�s-verbaux sur lesquels se base l�accusation. �Devant le juge d�instruction, les pr�venus ont fait d�autres d�clarations parce qu�ils ne subissaient pas de violence.� L�avocat de G. Yacine d�plore, de son c�t� : �M. le procureur distribue des peines capitales sur la base des seuls proc�s-verbaux de la police judiciaire. Or, les signatures de ces fameux proc�s-verbaux ont �t� obtenues apr�s 12 jours de d�tention pr�ventive.� Selon lui, ces documents (proc�s-verbaux) contiennent trop de d�tails pour �tre � la port�e d�un jeune sans comp�tence. En outre, les vaines perquisitions et le manque de preuves ont constitu� des arguments d�velopp�s par l�avocat. Un � un, les avocats se sont attaqu�s aux lacunes des enqu�tes avant de demander l�acquittement. C�est Me Belka�d qui a cl�tur� les plaidoiries. Natif de Bordj-M�na�el, il avoue : �Tout le monde sait qui est terroriste � Bordj-M�na�el. De plus, habituellement, les terroristes qui commettent des attentats fuient vers le maquis lorsqu�ils sont recherch�s. Or, certains de nos clients se sont pr�sent�s de leur propre chef aux services de s�curit�, � la suite de simples convocations parfois verbales.� Lui aussi est revenu sur les pressions subies par les pr�venus. A 19 heures 58, le jury se retire. Il revient � 21 heures piles pour annoncer le verdict : les trois juges et les deux jur�s ont relax� les 9 personnes assises au box des accus�s et ont maintenu la condamnation � la peine capitale � l�encontre des 8 terroristes en fuite.