Dans le cadre de la semaine du th��tre de l�environnement, qui a vu la participation de 23 troupes venues de diverses �planches� du pays, l�association th��trale Mahfoudh-Touahri a organis� au mus�e de la ville de Miliana, samedi en milieu de journ�e, une conf�rence-d�bat sur le �th��tre en chambre�, une forme pratiquement inconnue chez nous mais qui fait date d�j� dans certains pays. La conf�rence a �t� anim�e par le responsable d�une troupe qui active � Nancy en France, en l'occurrence Gilbert Li�geois assist� de Jean Graf, un com�dien. L�orateur, s�adressant � un public de jeunes lyc�ens et d�invit�s, a d�abord donn� un aper�u sur la naissance de cette forme de th��tre appel�e aussi �le th��tre d�intervention �. Il y a eu d�j� � une certaine �poque, les troupes des �troubadours� et autres �trouv�res� qui jouaient dans les ch�teaux pour distraire les nantis qui s�ennuyaient. Ce genre a ensuite disparu peu apr�s la r�volution fran�aise. Selon Gilbert Li�geois, la renaissance de cette forme de th��tre �d�intervention � s�est faite au Br�sil, dans les ann�es 1970, apr�s le changement de r�gime de ce pays et la mainmise du nouveau pouvoir de l��poque sur les m�dias locaux. C�est, indique-t-il, un certain Augusto Boal, un opposant, qui a con�u cette forme de th��tre comme une arme pour faire passer ses messages aux populations rurales et dans les milieux ouvriers, et les amener � avoir une �conscience claire� de la situation ��conomico-politique �. �Une sorte de th��tre d'illettr�s pour des illettr�s�, lequel Augusto Boal, apr�s avoir �migr� en France et b�n�fici� de l�asile politique, en 1971, a introduit ce type de th��tre au d�but des ann�es 1980 dans certains milieux culturels fran�ais. Augusto Boal a bas� cette forme de th��tre sur deux principes : le premier �tant que �tout le monde peut faire du th��tre, m�me les acteurs�, et le second qu��on peut faire du th��tre partout m�me dans les th��tres�, partout signifiant l� o� il peut y avoir du public, � savoir la rue, l�appartement, l��cole� Le conf�rencier a ensuite explicit� la diff�rence entre th��tre classique et th��tre d'intervention. Si dans le premier, il peut ne pas y avoir de contact entre l�acteur et son public si le spectateur continue, m�me apr�s le spectacle, d�entretenir la confusion en croyant que le personnage et l�acteur sont la m�me personne, ce n�est pas du tout le cas dans le second type o� le personnage dispara�t apr�s le spectacle et ne reste que l�acteur avec qui on peut nouer le contact et m�me d�battre. En plus, le th��tre de chambre ne n�cessite pas de gros moyens mat�riels, de d�cors, de grande technicit� ni de logistique lourde, ni m�me de grands espaces. L�espace public, la rue, le trottoir ou l�appartement peuvent devenir des lieux de production de la th��tralit�. Ce mode d'expression th��trale, indiquent ses chantres, permet de ressouder les liens entre proches, entre individus dans une soci�t� que ronge l�individualisme au nom des libert�s. �Il s�agit donc d�un th��tre de proximit� g�n�rateur de convivialit�.� On qualifie ce genre de th��tre ��ph�m�re � ou apr�s le jeu de sc�ne, il ne reste rien de mat�riel, seulement �une stimulation de l�esprit � r�fl�chir par comparaison du v�cu au possible � vivre par effet de suggestion�. Cette forme d�expression, assure-t-on, peut aussi donner � de jeunes auteurs de voir leurs textes jou�s, � de jeunes acteurs de se produire et � des talents de se r�v�ler, le grand th��tre classique devenant de plus en plus un milieu o� il n�est pas facile de se faire une place au soleil. Ce moyen d�expression prend ses distances par rapport au th��tre de boulevard � qui on reproche surtout de s�atteler � divertir des milieux petits bourgeois. Une fois le d�bat ouvert apr�s l�intervention de Gilbert, de jeunes lyc�ens, se projetant peut-�tre dans le r�le d�acteur ou d��crivain se sont demand�s si ce th��tre est jouable ici, chez nous en Alg�rie, question qui a surgi plus d�une fois. Le constat fait a �t� plut�t sceptique � plus d�un titre.