Une nouvelle mandature de cinq ans s�annonce. Quelle meilleure occasion de parler, encore une fois, de ce v�ritable serpent de mer qu�est, pour les Alg�riens, �l�apr�s-p�trole � ?! Il faut bien noter que cela fait plus de vingt ans que le discours politique dominant en Alg�rie (apr�s les constats maintes fois �tablis par les �conomistes) souligne le caract�re vuln�rable de l��conomie alg�rienne trop d�pendante des hydrocarbures et de la volatilit� de leurs prix sur les march�s mondiaux (et de plus en plus volatiles maintenant que les sp�culateurs s�en m�lent !). Jusqu�� aujourd�hui encore, toute l��conomie � toute la soci�t� devrions-nous �crire � est hypersensible aux prix du baril. Pour des raisons diverses, l�ambitieuse strat�gie de d�veloppement �conomique et social des ann�es 1970 n�a pu �tre men�e � terme et la construction d�un syst�me productif national performant et comp�titif, pourtant bien lanc� � l�image de ce qui s��tait op�r� un peu plus t�t en Cor�e du Sud, a �t� contrari�e et n�a pu aboutir. Les raisons de ces contre-performances sont nombreuses. On peut se contenter d�observer qu�elles ne tiennent pas. Comme ont pu l�affirmer certains analystes aux choix �conomiques qui ont �t� faits alors et qui auraient �t� inappropri�s. D�autres facteurs ont jou� et particuli�rement ceux qui tiennent � la gouvernance, trop tatillonne, trop bureaucratique puis, au d�but des ann�es 1980, ouvertement hostile aux options retenues en 1970 et qui, encore une fois, �taient justes au regard des contraintes et des d�fis qui caract�risaient l��conomie alg�rienne. Le r�sultat de cet arr�t brutal de l�industrialisation du pays est qu�en cette d�cennie 2000, l��conomie alg�rienne est encore plus d�pendante des hydrocarbures qu�elle ne l��tait dans les ann�es 1970 : 30% du PIB en 1970 ; 50% en 2008 ! Triste r�alit� connue de tous. D�s sa premi�re mandature, Bouteflika a repris la litanie de l�ardente n�cessit� d�inscrire les politiques �conomiques dans un projet de l�apr�s-p�trole, de pr�parer l��conomie � passer de son statut d��conomie renti�re � celui d��conomie de production de biens et services performante et comp�titive. Dix ans apr�s, force est de constater qu�on est toujours dans la litanie r�cit�e encore r�cemment par le Premier ministre : il nous faut construire une �conomie moins vuln�rable, moins d�pendante des hydrocarbures. Oui, mais encore ? Comment faire ? Quelle nouvelle politique �conomique mettre en �uvre ? Quel nouveau paradigme de d�veloppement d�finir et adopter ? That is the question ! La troisi�me mandature qui s�annonce sera jug�e, dans le domaine �conomique, � l�aune de trois d�fis que l�Etat a � relever. 1)- Renouer avec notre ambition industrielle en tenant compte des nouveaux contextes national et international. 2)- Construire une �conomie de services qui fait cruellement d�faut. 3)- Faire �merger une �conomie fond�e sur la connaissance qui fait du progr�s technique le facteur-cl� de la croissance. Chacun de ces d�fis peut �videmment �tre d�clin� et des feuilles de route �tablies pour chacun des trois dossiers. Le r�le �conomique de l�Etat dans la construction de la nouvelle �conomie Il faut d�abord rappeler que le fameux �consensus de Washington�, ce nouvel �vangile du lib�ralisme �conomique qui pr�ne la dictature des march�s, le libre-�change et la lib�ralisation financi�re, a produit des r�sultats catastrophiques et pas seulement dans les pays du Sud. La crise �conomique mondiale actuelle signe le triomphe des r�gulationnistes qui pr�nent une �conomie de march� encadr�e et r�gul�e. De m�me, qu�elle redonne leurs lettres de noblesse aux politiques �conomiques keyn�sienne avec intervention de l�Etat pas seulement dans la r�gulation mais aussi dans l�impulsion active de la croissance. Il nous faut bien admettre, tous, mais surtout ses promoteurs, que �l��conomie de march� libre, ouverte et concurrentielle � pr�n�e et mise en �uvre � la fin des ann�es 1990 en Alg�rie, n�a pas �t� probante et le retour actuel au premier plan du r�le �conomique de l�Etat offre des perspectives int�ressantes pour renouer avec le projet d�veloppementiste et h�ter l��mergence �conomique de l�Alg�rie. Il semble enfin admis aujourd�hui, par les d�cideurs, qu�en Alg�rie, et sans tomber dans l��tatisme de type sovi�tique, le r�le �conomique de l�Etat est tout � fait strat�gique. Non pas seulement comme redistributeur mais surtout comme investisseur et producteur de richesses. Un Etat strat�gique, qui encadre, r�gule, contr�le mais aussi investit et produit dans les secteurs strat�giques. L�Etat doit jouer ce r�le en accompagnement des investisseurs priv�s qu�il doit encourager et pour lesquels il doit faciliter le �Doing Business�. Mais ce r�le que doit jouer l�Etat doit �tre adoss� � un projet �conomique d�cennal o� seront d�finis les strat�gies sectorielles et le syst�me de gouvernance apte � les concr�tiser. Apr�s les infrastructures de base et l��quipement du pays, l�heure est � la r�habilitation de l�entreprise. L�industrie manufacturi�re, les services � l�entreprise, la recherche-innovation, l�agriculture saharienne : c�est dans tous ces secteurs que se joue l�apr�s-p�trole. Il faut donc arr�ter de se contenter d�appeler � l�apr�s-p�trole : il faut commencer � le concr�tiser sur le terrain. Et le faire maintenant et non pas demain, car c�est maintenant que le pays dispose encore des ressources pour le faire. Ce projet est mobilisateur, c�est un projet qui donnera de multiples occasions aux jeunes Alg�riens d��tre des b�tisseurs. Et quel meilleur r�ve pour un jeune que d��tre un b�tisseur.