Cela fait plus de vingt ans que le discours politique dominant en Alg�rie � et pas seulement le discours politique � souligne le caract�re vuln�rable de l��conomie alg�rienne trop d�pendante des hydrocarbures et de la volatilit� de leur prix sur les march�s mondiaux (et de plus en plus volatile maintenant que les sp�culateurs s�en m�lent !) Toute l��conomie et m�me toute la soci�t� sont hypersensibles au prix du baril. Celui-ci baisse et tout le monde se met � sa calculette. Il augmente et nos policymakers se mettent � bomber le torse. Pour des raisons diverses, l�ambitieuse strat�gie de d�veloppement �conomique et sociale des ann�es 70 n�a pu �tre men�e � terme et la construction d�un syst�me productif national, performant et comp�titif a, de ce fait, �t� contrari�e et n�a pu aboutir. Les raisons de ces contre-performances sont nombreuses. On peut se contenter d�observer qu�elles ne tiennent, pas en premier lieu, aux choix strat�giques qui ont �t� faits alors d�autres facteurs ont jou� et notamment ceux qui tiennent � la gouvernance qui a �t� un facteur bloquant. Il faut observer tout simplement que l��conomie alg�rienne est, en cette d�cennie 2000, encore plus d�pendante des hydrocarbures qu�elle ne l��tait au cours de la d�cennie 70. De 30%, la part des hydrocarbures dans le PIB est aujourd�hui pass�e � 45% ! D�s sa premi�re mandature, Bouteflika a repris la litanie de l�ardente n�cessit� d�inscrire les d�marches de politiques �conomiques dans une probl�matique de l�apr�s-p�trole et pr�parer l��conomie nationale � passer de son statut d��conomie renti�re, � celui d��conomie de production de biens et services, performante et comp�titive. Dix ans apr�s, force est de constater qu�on est toujours dans la litanie r�cit�e encore r�cemment par le Premier ministre. Construire une �conomie moins vuln�rable, moins d�pendante des hydrocarbures oui, mais, encore ? Comment faire ? Quelle nouvelle politique �conomique mettre en �uvre ? Quel nouveau paradigme de d�veloppement d�finir et adopter ? Le r�le �conomique de l�Etat dans la construction de la nouvelle �conomie La troisi�me mandature qui est ouverte sera jug�e dans le domaine �conomique � l�aune de trois d�fis que l�Etat a � relever : 1/ Renouer avec notre ambition industrielle en tenant compte des nouveaux contextes national et mondial. 2/ Construire une �conomie de services qui fait cruellement d�faut. 3/ Faire �merger une �conomie fond�e sur la connaissance qui fait du progr�s technique, le facteur central de la croissance. Il faut d�abord rappeler que le fameux �consensus de Washington�, ce nouvel �vangile du lib�ralisme �conomique qui pr�ne la dictature des march�s, le libre-�change et la lib�ralisation financi�re, a produit des r�sultats catastrophiques et pas seulement dans les pays du Sud. La crise �conomique mondiale actuelle signe le triomphe des r�gulationnistes qui pr�nent une �conomie de march� encadr�e et r�gul�e. De m�me qu�elle r�clame leurs lettres de noblesse aux politiques �conomiques keynesiennes avec intervention de l�Etat pas seulement dans la r�gulation mais aussi dans l�impulsion active de la croissance. L�exp�rience alg�rienne �d��conomie de march� libre, ouverte et concurrentielle� de la d�cennie 90 et du d�but de la d�cennie 2000 n�a pas �t� probante, mais est-ce que le retour actuel au premier plan du r�le �conomique de l�Etat constitue la solution pour renouer avec l�ambition d�veloppementiste et h�ter l��mergence �conomique de l�Alg�rie ? Il est �vident qu�en Alg�rie, et sans tomber dans l��tatisme et l��conomie de type sovi�tique, le r�le �conomique de l�Etat est tout � fait strat�gique, non pas seulement comme redistributeur mais surtout comme producteur de richesses. Un Etat qui encadre, r�gule, contr�le mais aussi investit, produit dans les secteurs de production strat�giques. En contexte de mondialisation de l��conomie et de son ouverture, l��mergence d�une classe entrepreneuriale priv�e, de �capitaines d�industries�, capables de porter la bataille de la production et de la comp�titivit�, est aussi d�terminante et l�Etat alg�rien a ici un r�le �conomique �minent � jouer directement pour accompagner les investisseurs priv�s. Mais � l�amont de ce r�le actif, l�Etat alg�rien a besoin de d�finir le projet �conomique de la d�cennie � venir, les strat�gies sectorielles qui s�y inscrivent, et bien s�r, le syst�me de gouvernance apte � concr�tiser l�ensemble de ses choix. Apr�s les infrastructures de base et l��quipement du pays, l�heure est � la r�habilitation de l�entreprise et particuli�rement de la petite et moyenne entreprise. L�industrie manufacturi�re, les services � l�entreprise, la recherche-innovation, l�agriculture saharienne : c�est dans tous ces secteurs que se joue concr�tement l�apr�s-p�trole. Alors il est grand temps de moins en parler, et de se lancer dans sa construction volontariste et d�termin�e.