Draouci Sofiane et le handball, c�est une histoire d'amour palpitante, attrayante et pleine de beaux souvenirs, tous inoubliables et imp�rissables. En un mot, une carri�re formidable. Ag� actuellement de quarante- neuf ans, ce natif de Hussein-Dey, ex-international de handball et p�re de quatre enfants, est actuellement l�entra�neur du club Al- Arabi � Doha (Qatar). Draouci cumule trente-six ann�es de carri�re sur les terrains de handball. D�abord, comme joueur, ensuite en tant qu�entra�neur, et ce, apr�s avoir fait au pr�alable une formation de conseiller en sport � l'ISTS (Institut des sciences et de technologie des sports) � Alger. Draouci n'a rien perdu de la vivacit� et de l'humour qu'on lui connaissait auparavant. La premi�re question qui m'est venue � l'id�e lors de mon entretien avec lui, c'�tait de savoir ce qu�il gard� comme souvenir marquant, voire inoubliable durant sa carri�re de handballeur. Il n'h�sitera pas une seconde pour me dire �tout ce que j'ai v�cu est fantastique. J�ai remport� plusieurs titres nationaux et internationaux, j'ai c�toy� les meilleurs joueurs et entra�neurs � travers le monde, sans compter les nombreux pays que j'ai visit�s �. Avant d'ajouter : �Pareille chance est le souhait de chaque sportif.� Draouci dira � propos de la chance : �La chance, voire l'opportunit� qui se pr�sente devant vous, il faut savoir la saisir, car si elle vous �chappe, cela veut dire que vous avez rat� le virage.� Ce qui s�est produit r�ellement dans la vie de ce sportif accompli qui a d�but� sa carri�re sportive comme footballeur et handballeur en m�me temps au NAHD dans la cat�gorie des minimes en 1972, alors qu'il avait juste douze ans. �J'ai pratiqu� deux sports diff�rents �, raconte-t-il en pr�cisant que cela eut lieu durant une saison compl�te. �J'avais deux licences, sans pour autant �tre inqui�t� mon club et moi par les deux ligues de football et de handball. A la fin de la saison, devait-il ajouter, les dirigeants du club m'ont orient� vers le handball, chose que j'ai accept�e sans probl�me. Le contraire m'aurait �galement plu, car j'avais aussi de tr�s bonnes dispositions pour jouer au football. Un sport que j'ai beaucoup aim� et que je continue toujours d'ailleurs de suivre de tr�s pr�s. Cette grande passion pour le football, je l'avais acquise gr�ce � mon premier entra�neur Amar Boudissa, un �ducateur de talent qui a d�couvert un tr�s grand nombre de joueurs du quartier parmi lesquels certains internationaux du NAHD�. La v�ritable carri�re de Draouci en handball commen�a donc avec le NAHD dans la cat�gorie des cadets, ensuite chez les juniors et avant d'acc�der en senior, il montrera d�j� de grandes qualit�s qui le propuls�rent tr�s t�t vers une place au soleil parmi l'�quipe type dirig�e respectivement par Labdouni et Khelafa. Le NAHD figurait parmi les meilleurs du championnat sans pour autant pouvoir remporter de titres. Cependant, ce club a toujours �t� le r�servoir de la s�lection nationale puisqu�une vingtaine de joueurs, parmi eux les Djeffal, Mohamed Sghir, Ma�chou, Yala, Hilal, Labraoui et bien d'autres encore, ont port� le maillot national. A ce sujet, Draouci dira : �On jouait chaque saison le r�le d'outsider, voire la deuxi�me ou la troisi�me place car le MCA et la DNC, qui renfermaient d'excellents joueurs, dominaient g�n�ralement le championnat. � Cette premi�re exp�rience tr�s enrichissante au sein de l'�quipe fanion du NAHD a dur� une dizaine d'ann�es, avant que Draouci tente une seconde exp�rience en 1989 avec le meilleur club du pays, en l'occurrence le Mouloudia d'Alger. Mais, avant d'opter d�finitivement pour le MCA, Draouci avait d�j� �t� sollicit� une premi�re fois par ce m�me club pour participer au championnat d'Afrique des clubs en 1983. Sofiane dira � ce sujet : �Le Mouloudia d'Alger avait sollicit� mes services pour prendre part � ce championnat continental (le r�glement le permettait) et la r�ponse de mon club fut positive. J'�tais combl� et honor� de participer � cette comp�tition avec le Mouloudia.� A partir de 1989, saison o� l��quipe �tait compos�e d�une pl�iade de joueurs tous talentueux, Draouci avait prouv� son savoir encore davantage avec son nouveau club le MCA, en remportant pratiquement chaque saison deux � trois titres (entre national et continental). Cette deuxi�me exp�rience a dur� cinq saisons. �C��tait formidable sur tous les plans. L'esprit familial y r�gnait, le groupe �tait homog�ne et talentueux et les r�sultats plus que satisfaisants. Il est plus que certain que Aziz Derouaz, le coach de l'�quipe, y �tait pour beaucoup dans cette large r�ussite. Son grand savoir et ses qualit�s de meneur d'hommes ont donn� de tr�s bons r�sultats non seulement au niveau du Mouloudia, mais �galement au sein de l'�quipe nationale.� En �voquant justement la s�lection Draouci nous parlera d'abord de cette large domination qui avait d�j� commenc� avec cette �quipe de r�ve o� les Lamdjadani (l'un des meilleurs joueurs que l'Alg�rie ait connus), Amara, Sayad, Hachemi, Bouzerar Farouk et bien d'autres encore, ont montr� la voie de la victoire aux s�lections futures. �Malgr� le peu de moyens mat�riels � l'�poque�, dira Draouci en parlant de ses a�n�s. �Cependant, a-t-il ajout�, les r�sultats et la mani�re de ces derniers �taient extraordinaires�. Il fallait donc continuer sur la m�me voie et c'est ce qu'a fait Derouaz, en r�alisant les r�sultats escompt�s durant plusieurs ann�es sur les plans africain et arabe sans compter les nombreuses participations en Coupe du monde et les Jeux olympiques. Sur le plan international, Draouci est tr�s combl�. Il �voquera avec fiert� les nombreuses ann�es pass�es en �quipe nationale. �J'ai particip� � quatre coupes d'Afrique et j'en ai remport� deux. J'ai �galement particip� � deux championnats du monde et � deux olympiades sans compter les Jeux m�diterran�ens.� En parlant des diff�rentes comp�titions et de ses partenaires et ses amis (Hamiche, Bendjemil, Doballah, Berguel Djeffal, Mohamed Sghir, Ma�chou, Boudrali, Belhocine et bien d'autres encore puisque la liste est trop longue), il avait les larmes aux yeux. �Je ne peux me retenir, dit-il, car on �tait comme une famille, tr�s souvent on �tait ensemble dans le club, lors des stages, lors des comp�titions et m�me � l'ISTS o� plusieurs internationaux �taient des �tudiants�. Et de pr�ciser : �Dans ce groupe, chacun de nous se donnait � fond lors des stages pour gagner sa place de titulaire lors des comp�titions officielles et c'est cet esprit justement qui faisait notre force.� �En outre, on avait comme chef de file Aziz Derouaz qui repr�sentait tout pour le groupe. C'etait l'entra�neur sur le terrain, le fr�re et l'ami en dehors. En un mot, c'etait un grand entra�neur qui a servi le handball avec beaucoup d�honn�tet�, avoue Draouci. Apres une grande carri�re en tant que joueur, Draouci devait en entamer une autre qui �tait celle d'entra�neur. A ce sujet, Draouci nous dira : �C'est en exer�ant ce m�tier que j'ai compris que c'etait une grande responsabilit� tr�s souvent difficile � assumer. Ce qui est encore plus difficile � supporter et que je trouve vraiment injuste, c'est que l'entra�neur en g�n�ral endosse toujours seul les �checs de l'�quipe, alors que les victoires sont partag�es par tout le monde. Personnellement, je n'ai jamais accept� et je n'accepterai jamais � ce que j�endosse les erreurs des autres. Je suis pour le dialogue et les explications franches en cas de mauvais r�sultats�, soutient-il. La carri�re d'entra�neur de Sofiane Draouci a d�but� en Alg�rie avec les cadets du Mouloudia d'Alger. C��tait en 1994. Puis, cet ailier de m�tier a vir� chez la s�lection juniors ensuite deux ann�es 95-96, avant de coacher l'�quipe du NAHD en 1997 et enfin faire partie du staff de l'EN seniors durant les Jeux m�diterran�ens de Bari (Italie) en 1997. L'aventure de Draouci � l'�tranger comme entra�neur a commenc� aux Emirats arabes unis o� il avait pass� trois ans dans deux clubs (Al- A�n et Shardjah). Il atterrit ensuite au Kowe�t o� il passera sept ann�es remportant deux coupes du Kowe�t avec le club de Fhihel et joua �galement les premiers r�les avec le Koweit Club. Draouci continuera son chemin en allant en Arabie saoudite o� il a entra�n� pendant une saison le club d�Al Qadissia. Actuellement, Draouci entra�ne Al-Arabi de Doha (Qatar), une �quipe qu'il dirige pour la deuxi�me saison cons�cutive et avec laquelle il a disput� la phase finale (play-off) du championnat la saison derni�re et le m�me sc�nario se r�p�te cette ann�e puisque l'�quipe a r�ussi � se qualifier pour la deuxi�me en phase finale. Apr�s un peu plus de douze ans pass�s dans les pays du Golfe, Draouci est certainement bien plac� pour parler du handball dans ces pays. Sans essayer de rentrer dans les d�tails, il r�sumera la situation du handball en deux phrases. �Les moyens existent, beaucoup de professionnels croates, bosniaques, polonais, br�siliens, tunisiens, �gyptiens et alg�riens ont �t� recrut�s et les entra�neurs sont �galement tous des �trangers. Toute cette politique a pour objectif le d�veloppement de cette discipline dans la r�gion et qui a d'ailleurs commenc� � porter ses fruits. Il faut souligner �galement que le joueur qatari a beaucoup �volu�, la preuve est la pr�sence de trois � quatre joueurs locaux dans chaque �quipe, en plus des r�sultats tr�s satisfaisants de l'�quipe nationale lors de ces quatre derni�res ann�es�, t�moigne-t-il. Avant de terminer notre entretien avec Draouci nous avons voulu conna�tre ses impressions sur les entra�neurs de handball alg�riens qui exercent dans les pays du Golfe, sur le sport alg�rien d'une mani�re g�n�rale et sur le handball plus particuli�rement. Draouci dira au sujet des entra�neurs : �Il y a bon nombre d'entra�neurs qui exercent dans diff�rents pays du Golfe (Boudrali Brahim, champion d'Asie avec le club d'Ittihad Djeddah cette ann�e), Ma�chou, Akkeb, Hedjazi, Azeb, Mohamed Sghir, Kafi et d'autres encore. Tous ces entra�neurs ont d�j� fait leurs preuves, en tant que joueurs, ensuite comme entra�neurs en Alg�rie. L'objectif de chacun de nous demeure la r�ussite. De plus, dans ces pays, la concurrence entre les entra�neurs venus de partout existe ; et pour r�ussir, il faut prouver ses capacit�s, son savoir et r�aliser surtout des r�sultats. Jusque-l�, il faut reconna�tre que l'entra�neur alg�rien est bien cot�.� Concernant la situation du sport en Alg�rie, Draouci reconna�t que nous avons un potentiel �norme qui a besoin d'une bonne prise en charge. �Le sportif alg�rien, dira Draouci, a prouv� ces capacit�s lors des nombreuses manifestations sportives internationales. L'athl�te alg�rien peut rivaliser avec les meilleurs et m�me faire mieux. Il suffit de l'encourager, de le r�compenser et de lui assurer surtout les meilleures conditions de travail. Je suis persuad� que les choses vont changer et que l'Alg�rie va revenir en force pour se hisser parmi les meilleures nations sportives�, esp�re-t-il. Pour ce qui est du handball, Draouci dira : �Il faut agir et redoubler d'effort � tous les niveaux pour redevenir ce qu�on �tait il y a quelques ann�es. Je sais que nous avons tous les atouts pour rivaliser avec les meilleurs, il suffit de s'engager sur la bonne voie qui est sans aucun doute la cl� de la r�ussite. J'entends par bonne voie le rappel de toutes les comp�tences qui peuvent r�ellement redynamiser ce sport qui a toujours occup� une place de choix dans un pass� pas tr�s lointain�, devait-il conclure. Abdelkader Cheniouni (journaliste � Al Jazeera sport)