L�Association des stomis�s d�Alg�rie est le r�sultat de la solidarit� citoyenne. Cette initiative, qui porte aussi le nom du d�funt pr�sident Mohammed Boudiaf et qui date de plus de dix ann�es, continue d�exister gr�ce au d�vouement et au soutien de nombreux b�n�voles et donateurs anonymes. A ce jour, ni aide ni encouragement ne sont venus des pouvoirs publics alg�riens. Ni des responsables locaux, ni de la wilaya, ni des minist�res en charge de la sant� et de la solidarit� nationale. Cette association, dont le si�ge est � Tizi-Ouzou, accompagne des personnes particuli�res dont la souffrance est simplement indescriptible. Des �mutil�s physiques� avec un handicap important et des besoins grands comme leur d�sespoir et leur solitude. Des �mutil�s psychiques� parce que la d�pendance pour ces personnes constitue une humiliation quotidienne. Leur vie a bascul� quand ils ont appris qu�ils sont malades du cancer. Mais se savoir malade du cancer du colon est sans doute moins traumatisant de survivre � cette maladie avec un anus sur l�abdomen. Un anus artificiel. Par respect pour ces personnes, je n�irai pas dans les d�tails. Une mutilation difficile � porter et v�cue comme une honte insurmontable. Une difficult� � vivre, un enfer. Les b�n�voles qui travaillent dans cette association des stomis�s d�Alg�rie savent combien la d�tresse des personnes qui viennent les voir est grande, ils mesurent aussi combien il est difficile de r�pondre � leur demande. Une demande souvent impossible � satisfaire tant les besoins sont �normes. - Cette association, fruit du d�vouement des citoyens, a besoin de m�decins, de psychologues, d�assistantes sociales, etc., pour accompagner les malades, en particulier au lendemain de l�intervention chirurgicale mutilatrice. Un accompagnement n�cessaire pour r�apprendre au sujet � (re)vivre autrement. - Cette association est unique en Alg�rie. Elle doit aller vers toutes ces victimes du cancer du colon. Elle doit aller les chercher o� elles se trouvent, aux quatre coins du pays, dans la ville, le village, le hameau le plus �loign�, la campagne la plus recul�e. Pour cela, il faut des moyens, du personnel, des v�hicules, de l�argent, etc. Pour se faire conna�tre et aller justement vers les personnes stomis�es o� qu�elles se trouvent, l�association pr�voit d�organiser, en partenariat avec l�Office national d�appareillages et accessoires pour personnes handicap�es (ONAAPH), des portes ouvertes dans plusieurs wilayas du pays. Pour couvrir les besoins financiers n�cessaires � cette initiative, elle fait appel aux dons parce que les pouvoirs publics sont herm�tiques aux appels qui leur sont adress�s. - Cette association a besoin de mat�riel p�dagogique pour apprendre � ces personnes � utiliser les pochettes adapt�es � leur cas. Les pochettes de stomis�s !!! Voil� une �denr�e� rare, un casse-t�te, un objet indispensable que les personnes qui en ont besoin n�arrivent pas � trouver dans la pharmacie du coin ou dans le dispensaire � proximit�. - Cette association a enfin besoin que la solidarit� de l�Etat s�exprime. Pour l�instant, nous le disions plus haut, les pouvoirs publics font la sourde oreille et refusent de regarder de ce c�t�-ci. Ni le minist�re de la Sant�, ni le puissant minist�re de la Solidarit� nationale ne se sont manifest�s. Pourtant, Ould Abb�s a rendu visite � cette association, � l�occasion d�un de ses passages � Tizi-Ouzou. Il aurait jubil� devant tant de d�vouement et d�abn�gation des volontaires qui y travaillent. Il aurait �t� �mu devant tant de g�n�rosit� mais il aurait �t� �galement choqu� par le froid glacial qui r�gnait dans les locaux. C��tait l�hiver. Le ministre a promis d�apporter un soutien substantiel pour am�liorer les conditions de travail des b�n�voles et les conditions d�accueil des malades. Il faut souligner que l�Association des stomis�s d�Alg�rie accueille en pension les personnes les plus vuln�rables et les plus d�munies, en particulier celles qui viennent des wilayas lointaines et qui ont besoin d�un accompagnement psychologique et social durable. A ce jour, point de solidarit� nationale, de l�Etat, � l�endroit de cette frange de la population. J�ai fait la connaissance de cette association, des personnes qui y travaillent et de ses dirigeants, tout � fait par hasard. Je cherchais des pochettes de stomis�s pour un malade qui vit � Alger et qui m�a sollicit� pour lui en trouver � Tizi-Ouzou. �Peut �tre qu�il y en a l� bas�, m�a-t-il dit. Un m�decin du CHU auquel je me suis adress� m�a orient� vers cette association. J�ai eu l�agr�able surprise de rencontrer des personnes qui me parlent de leur �uvre avec passion. Une aventure humaine embrass�e avec un enthousiasme que l�on rencontre uniquement chez des individus au d�vouement sans bornes. Un enthousiasme qui a disparu depuis longtemps de notre quotidien. Ils m�ont dit aussi comment ils peinent, chaque jour que Dieu fait, � remplir leur mission. Une action, un sacerdoce � car c�en est un � qui ne rencontre pas d��cho chez les pouvoirs publics mais qui continue � survivre gr�ce au b�n�volat et � des dons anonymes. Mais chacun sait que cela ne peut �tre durable. Les actions de solidarit� individuelles, aussi d�vou�es qu�elles puissent �tre, peuvent s�essouffler. Elles doivent alors trouver un prolongement dans la solidarit� nationale en g�n�ral et dans celle de l�Etat en particulier. J�ai �t� fascin� et ravi par les femmes et les hommes qui se sont investis dans cette charge. C�est pourquoi en ce qui me concerne � m�decin, psychiatre et �lu de la nation � j�ai aussi envie de me mettre aux c�t�s de toutes ces personnes qui se mettent volontairement aux c�t�s de ces oubli�s de l�Etat alg�rien. J�ai adress�, en date du 25 novembre 2008, deux correspondances aux deux ministres qui doivent avoir la charge de ce dossier. Aucun ne s�est manifest�. Ils doivent avoir d�autres pr�occupations� Le troisi�me mandat, de toute �vidence. Il est vrai que depuis le 12 novembre dernier, la vie de la nation est en suspens. Les stomis�s d�Alg�rie devront attendre l�apr�s avril. MM. Barkat et Ould-Abb�s tourneront alors, peut-�tre (?), leur regard de ce c�t�-ci de la sant� et de la population pour le premier et de la solidarit� nationale pour le second. En attendant, l�un et l�autre ignorent la solidarit� citoyenne. Docteur Boudar�ne, psychiatre