La civilisation, selon Ibn-Khaldoun, s�incarne � travers des actions concr�tes dans la cit�. N�anmoins, toujours selon ce grand penseur, une ville n�est jamais assur�e de ne pas r�gresser. Le progr�s n�est jamais acquis, ou plut�t il peut suivre une voie funeste qui peut mener une ville vers sa ruine. Tel est malheureusement le constat que l�on peut faire de l��tat de d�labrement de bon nombre de b�tisses de la ville d�Oran, mais surtout de l�insalubrit� qui fait partie du quotidien des Oranais et s�impose � ses visiteurs qui s�attendent � d�barquer dans une ville moderne, belle et rayonnante. La ville est certes tr�s accueillante et agr�able, mais � la vue des ordures et des trottoirs crasseux, on ne peut qu�en �tre profond�ment d��u et d�sol�. Mais que dire lorsque tout cela est l��uvre de �l�incivisme du citoyen� ? Pourquoi bl�mer uniquement les services de la commune en oubliant de s�autocritiquer ? Le citoyen est-il si irr�prochable s�agissant de l��tat des lieux de sa ville ? Pas si s�r que �a lorsqu�on observe les comportements des uns et des autres. C�est ahurissant, jeter n�importe quoi sur le sol est devenu un geste banal. Lorsqu�on interroge les vieux d�Oran, ils nous confient avec amertume �Ouahran rah�te khssara (Oran court � sa perte). A notre �poque, tout �tait beau, propre, entretenu par les citoyens eux-m�mes, aujourd�hui, les gens sont sales, ils jettent tout dehors, ils r�gressent, ils n��voluent pas. Je vous assure je n�ai aucun espoir que la ville redevienne propre ou alors il faudrait changer de peuple.� Dure r�flexion mais � combien justifi�e. M�me ces poubelles g�antes, �vertes de peur� comme s�amuse � nous le r�p�ter un jeune du quartier de Gambetta, abritent rats et insectes, puisque le citoyen ne respecte pas l�heure de passage des �boueurs, encore moins veiller � bien refermer ces poubelles et n�h�site pas � les submerger d�ordures alors qu�elles sont pleines � craquer et tout ceci de jour comme de nuit. Tout visiteur qui y vient fait incontestablement la m�me r�flexion : �J�aime Oran, ses habitants sont cools et sympas, une bonne ambiance y r�gne, mais je vois que la ville se d�grade. Pas d'espaces verts, les rues sont sales, l'�tat du centre-ville, les pizzerias et les magasins de chaussures poussent comme des champignons et le nombre de voitures qui se d�cuplent, finalement Oran n'inspire aucune beaut�.� Pour tout Oranais, ces remarques font mal au c�ur et sont m�me inacceptables, mais c�est malheureusement la v�rit�. Le tort n�incombe certainement pas qu�au citoyen mais �galement � une mauvaise politique de gestion de la ville par ses dirigeants. En 2005, la ville avait eu comme premier responsable un wali qui avait b�ti sa r�putation dans la wilaya de Mostaganem en faisant d�elle un v�ritable bijou en mati�re de propret�. L�espoir des Oranais �tait grand, et ce wali �tait la preuve que tout est possible, seulement et contre toute attente, ce responsable a �t� subitement mut�. Depuis, les responsables locaux disent faire ce qu�ils peuvent pour rendre Oran propre, le r�sultat est loin d��tre au rendez-vous. Et voil� que vient s�ajouter � cette dure r�alit�, celle des �boueurs de la commune d'Oran : les camions de collecte tombent en panne l'un apr�s l'autre. L�on apprend que sur 53 bennes-tasseuses de la DHA, seulement 20 sont actuellement en marche et assurent difficilement les quelque 43 services de collecte, sachant que le tonnage des ordures ramass�es quotidiennement varie entre 350 et 450 tonnes/jour. M�me avec les moyens de la wilaya, qui intervient par le biais de l'EPIC Oran Propret� qui dispose d'une quinzaine de bennes-tasseuses, cela reste insuffisant. La situation de l�hygi�ne de la ville d�Oran est-elle dans ce cas l� irr�solvable ? Il n�y a donc vraiment aucune solution ? Non, les solutions existent toujours, lorsque la volont� de bien faire est ma�tre mot de l�action. Tout d�abord, il faudrait doter l�agent d�hygi�ne de moyens de travail et de protection (gants, casquettes, tenues�) mais �galement �quiper les services d�entretien de moyens de bonne qualit� et en assurer leur maintenance. Autre solution : impliquer le citoyen et le responsabiliser m�me si cela impose la r�pression (amende). Il faudrait �galement �duquer les enfants sur l�importance de la propret� de la ville, en commen�ant par leur inculquer la r�gle d�or : ne pas jeter de d�chets par terre, les poubelles (lorsqu�elles ne sont pas d�j� vol�es) servent � contenir les ordures. Ne diton pas que tant qu�il y a la vie il y a de l�espoir ? Mais en le compl�tant par �et l��tre humain civilis� prends toujours soin de son environnement�.