Vers 18h40 jeudi 10 septembre 2009, � Tamlouka, une commune distante de 50 km du chef-lieu de wilaya de Guelma, les rues sont vides. Les quelques rares citoyens que l�on voit se d�p�chent de rentrer de peur de rater la rupture du je�ne. En plein centre de cette petite localit� calme et accueillante, un des restaurants de Me�dat Ramadan du C-RA, bureau de la wilaya de Guelma, est ouvert ; les b�n�voles s�affairent et servent les derniers arriv�s. Nous �tions parmi eux ( le Soir d�Alg�rie, accompagn� du pr�sident du Croissant- Rouge alg�rien, Azzedine Boughaba et son proche collaborateur, le docteur Mohamed Dja�leb). Tout le monde se d�p�che pour rompre le je�ne. D�autres sont encore dehors, attendant d��ventuels passagers pour les inviter � entrer et prendre le repas avec nous tous. Nous �tions presque une centaine. Certains acceptent volontiers et entrent pour s�installer, d�autres pr�f�rent se d�brouiller. A l�int�rieur, pr�s d�une vingtaine de tables o� une centaine de personnes sont install�es. Devant eux des plats de toutes sortes. �Pour que chacun trouve son go�t et choisisse�, nous confie le pr�sident du C-RA, le docteur Boughaba. �Nous voulons que chaque passager, chaque SDF, ou toute personne qui vient ici pour la rupture du je�ne se sente comme chez elle.� �Nous faisons notre possible pour que tous aient ce qu�il faut�, poursuit-il. D�s l�entr�e dans ce restaurant on est happ� par les odeurs de la coriandre et des �pices qui se d�gagent d�une grosse marmite o� mijote une onctueuse chorba. Des grandes soupi�res sont dispos�es sur les tables et chaque convive peut � sa guise en reprendre quand il veut. Le bourek, tr�s pris� par les je�neurs en ce mois sacr�, est en quantit� suffisante et il y a m�me quelques �bricks� en plus pour ceux qui aimeraient en prendre encore. Les b�n�voles �serveurs� sont aux petits soins pour nous les �invit�s� ; sourire aux l�vres, ils vont et viennent entre les 20 tables pour r�pondre aux appels de leurs invit�s. Le plus �tonnant, c�est la pr�sence de familles enti�res. Une situation qui n�avait pas �t� pr�vue par les organisateurs. Car de par sa position, ce restaurant �loin� devait en principe servir surtout les voyageurs et les passants. Mais tr�s rapidement, ce sont plusieurs familles qui y ont pris go�t et n�h�sitent plus � s�y d�placer au complet. Ce qui est remarquable dans cet espace exigu, c�est la s�r�nit� qui s�en d�gage. Les tables sont toutes occup�es dans un silence parfait. Pour ce qui est du fonctionnement de ce restaurant �humaniste du grand c�ur�, le docteur Mohamed Dja�leb, dira que ce sont des dons qui affluent d�un peu partout. �Il y a encore des �mes charitables qui continuent � aider les pauvres et les malheureux de cette wilaya de 500 000 �mes. Nous ne faisons qu�apporter notre contribution en organisant ce type de restaurant o� nous pr�parons nous-m�mes, avec l�aide des femmes b�n�voles, tous les plats qui sont servis. J�esp�re avoir fait mon devoir devant Dieu et avoir servi au mieux mon prochain�, nous dira le docteur Boughaba. La cuisine, de l�avis de tous, �tait bonne. Pour le dessert, des bananes et des prunes ont �t� distribu�es. Il en restait m�me sur les tables. Cette grande famille d�infortune ne se retrouve qu�� la rupture du je�ne. Demain, on verra probablement de nouvelles t�tes anonymes qui, le temps d�une chorba, n�auront �chang� qu�un regard furtif avec le voisin d�un soir. A signaler que c�est pour la deuxi�me ann�e cons�cutive que la section du Croissant-Rouge alg�rien de Tamlouka r�alise cette action. Il offre quotidiennement plus de 200 repas � table et 600 � emporter au profit de familles n�cessiteuses, passagers, gardiens de chantiers, ma�ons et ouvriers exer�ant dans la r�gion. Le tout est servi dans une ambiance conviviale et un d�cor appropri� qui sied parfaitement � ce genre de rencontre.