La pauvret� en Alg�rie, sujet qui a aliment� la pol�mique ces derni�res semaines, est une r�alit� tangible dans la mesure o� elle correspond aux donn�es de nos sens, la �perception�. En effet, chacun de nous a remarqu�, le c�ur gros, que les trottoirs de la capitale sont �jonch�s� de gens pauvres qui font la manche. Devant cette situation affligeante, rien ne nous invite naturellement � remettre en cause ce que nous rapporte le �dehors�. Nous r�f�rant � nos sens, la vision, nous ne faisons que croire � la r�alit�. C'est l� qu'appara�t l'illusion : toute croyance � la r�alit� perceptible est en effet illusoire. Justement, � l'instant o� nous imaginons la r�alit� comme une donn�e �l�mentaire des sens, sommes-nous s�rs que les �vrais pauvres�, ceux qui n'ont aucun revenu, couverture sociale, qui cherchent leur pitance dans les poubelles des riches et sollicitent la compassion de leur prochain, ne sont pas infiltr�s par ceux qui font de la mendicit� un m�tier ? Pour conna�tre le vrai du faux, c'est en se cognant contre les faits qu'on fait la rencontre avec le r�el. Si dans notre pays, la rente p�troli�re a enregistr� ces derni�res ann�es des chiffres mirobolants, nous savons que de grands projets ont �t� r�alis�s, d'autres en cours de r�alisation, mais nous savons aussi que simultan�ment se sont d�velopp�s une part de pauvret�, de ch�mage et un foss� abyssal entre la fortune de quelques-uns et la mis�re du plus grand nombre. Les signes sont partout, visibles quand les investisseurs �trangers s'int�ressent en force � l'Alg�rie parce que la maind'�uvre est bon march�. Si recenser les v�ritables n�cessiteux demeure une op�ration longue et difficile � mener, le dernier recensement avec sa panoplie de rubriques est un document utile pour distribuer la �zakat et fitra� � ceux qui, par retenue et dignit�, pr�f�rent se tapir dans l'ombre et � ceux qui, par notre �indiff�rence�, croupissent dans des asiles et les pouponni�res ; ceux qui avec femme et enfants en bas �ge ont pour seul g�te, les cages d'escalier ou les arcades des grandes avenues ; le voisin du palier dont le revenu est nettement insuffisant pour subvenir � ses besoins physiologiques. Les d�munis, malheureusement, il y en a et il y en aura toujours et c'est vers eux que les aides doivent �tre consenties en �liminant au pr�alable les parasites qui, en fin de journ�e, se pr�sentent chez l'�picier du coin pour �changer leurs pi�ces contre des billets et si la recette a �t� bonne, sans vergogne, ils exigent de grosses coupures.