�A mon arriv�e, j�ai �t� frapp� par le climat de tension qui r�gnait et j�avais vite appris ce qui �tait le sort de Sma�n, Saci et Ch�rif Zadi. Je me suis alors pr�cipit� dans le camp � la recherche de Zighoud Youcef, que j�ai retrouv� devant sa tente. Je portais mon fusil et j�avais une grenade accroch�e sur le flanc. �Si Ahmed�, surpris par ma pr�sence, avait imagin� que j�allais le tuer et avait crois� ses bras sur sa poitrine. Je lui ai remis mon fusil en lui disant : �Si je dois mourir, je veux que cela soit de tes mains�, a confi� Si Amor Tala�a dit Bourkayeb, membre de la premi�re cellule FLN de Constantine, � l�auteur de Constantine au c�ur de l�histoire, paru en octobre dernier chez les �ditions du Champ libre. Un t�moignage in�dit illustrant le �cahier� d�Abdelmadjid Merdaci, le premier d�une collection baptis�e Les cahiers de l�histoire. Le texte aborde trois probl�matiques o� l�auteur place Constantine au c�ur de l�analyse : la crise constantinoise septembre-novembre 1954, les enjeux strat�giques de l�offensive du 20 ao�t 1955 dans le nord constantinois et le premier anniversaire du d�clenchement du processus d�insurrection. Constantine ayant fourni l�essentiel du groupe des vingt-et-un � l�origine du d�clenchement de la guerre d�Ind�pendance, la compr�hension de cette p�riode de l�histoire d�Alg�rie passe obligatoirement par l��tude du mouvement ind�pendantiste et les acteurs principaux dans cette r�gion. Bref, Si Amor Tala�a, qui devait assister � la r�union tenue le 1er novembre 1955 pour faire le bilan de l�offensive du 20 ao�t de la m�me ann�e, a affirm� qu�on lui a signifi� de se pr�senter au PC de la zone II � install� pour la circonstance par Zighoud Youcef, dit Si Ahmed, sur les hauteurs d�El-Milia, alors sous l�autorit� de Lakhdar Bentobbal �, �sans hommes, ni armes�. Si Amor Tala�a qui s�est dirig� vers la Tunisie par la suite, a n�anmoins laiss� entendre que Zighoud Youcef avait eu, � l��poque, le sentiment d�avoir �t� manipul� ! L�a-t-il �t� effectivement, par qui, dans quel but ? Autant de questions que se pose l�auteur et auxquelles il ne trouve pas de r�ponses sous la lumi�re des t�moignages historiques, disponibles actuellement. Et la liquidation de Sma�n Zighed (en charge du secteur de Skikda), Ch�rif Zadi (d�tach� � Guelma) et Abdesselam Bakhouche, dit Saci (responsable des liaisons avec Constantine), tous appel�s � prendre part dans cette r�union du 1er novembre 1955, fut, en tout cas, un �pr�c�dent tragique�. M�me si les camarades des Aur�s, Adjel Adjoul et Abb�s Laghrour ont proc�d�, avant cette date anniversaire, � l��limination de Chihani Bachir, al�as Si Messaoud et ce, en l�absence de Mostefa Benboula�d, emprisonn� au p�nitencier du Coudiat � Constantine. Selon Abdelmadjid Merdaci, le 1er anniversaire du d�clenchement de la guerre d�Ind�pendance, 1er novembre 1955, fut �meurtrier � et ce sont plut�t les premi�res ex�cutions sommaires dans les rangs du FLN-ALN, parmi les chefs r�volutionnaires surtout, qui ont le plus marqu� cette date. Notre glorieuse guerre d�Ind�pendance venait de franchir un tournant d�cisif, qui s�est sold� par des acquis strat�giques importants, suite � l�offensive du 20 ao�t 1955 dans le nord constantinois, et les �app�tits de pouvoir� n�ont pas tard� � envenimer l�organisation et son bras arm�. Depuis, la violence s�est fatalement institu�e comme mode de r�gulation des rapports de force au sein du FLN-ALN et a plong� les moudjahidine dans un climat de suspicion. Dans le premier chapitre, o� il s�est �tal� sur la suppos�e �d�fection� du groupe de Constantine, il pr�cisera notamment qu�il s�agissait bien d�une �crise politique majeure�. Un �v�nement peu connu qui trouve ses racines dans les divergences des Constantinois de l�OS avec Boudiaf, qui avait, � leurs yeux, �un faible pour les personnes qu�il peut manier facilement � et qui avait lanc� la lutte arm�e dans la pr�cipitation, d�autant qu�il n�a pas inform� la plupart des militants de la date du d�clenchement de l�insurrection, ce qui a entra�n� l�arrestation de beaucoup d�entre eux au lendemain du 1er Novembre 1954. En tout cas, rapporte l�auteur, le groupe de Constantine, bien qu�aucune action arm�e n�a �t� programm�e dans cette ville, a tenu le 31 octobre 1954 une r�union � A�n El Mahboula (au domicile de Youcef Haddad, sis au quartier de Sidi B�zar, dans la vieille ville), o� ont pris part entre autres, Mechati, Sa�d Bouali, Habbachi, Bentobbal, Badji Mokhtar, Benabdelmalek et Didouche qui avait repr�sent� Boudiaf. Abderrahmane Gherras pr�cisait, dans un entretien accord� � l�auteur, que Boudiaf aurait nomm�, d�autorit�, Bitat pour repr�senter le groupe. Une chose que les Constantinois, ayant jug� disproportionn�e, la composition des �Vingt-et-un� (16 sont issus du Constantinois) et qui voulaient choisir seuls leur repr�sentant, n�ont pas dig�r�e. Cependant, des actions politiques sont men�es sur le terrain par ce groupe � l�issue de cette r�union, avant de rejoindre les maquis ult�rieurement. Le deuxi�me chapitre d�cortique l�offensive du 20 ao�t 1955, planifi�e par le charismatique Zighoud Youcef. A retenir que Lakhdar Bentobbal a avou� avoir un sentiment de peur lorsqu�on l�avait tenu au courant d�une telle action. �Le sentiment de peur que rapporte Bentobbal est sans doute � la mesure de l�impact de l�analyse de la situation que pr�sente Zighoud � ses compagnons, pour l�essentiel responsable de l�encadrement de la zone II. Et l�expos� porte moins sur les difficult�s rencontr�es sur le territoire de leur propre zone que du sort de la lutte au plan national�, analysera Abdelmadjid Merdaci. L�analyse faite par Abdelmadjid Merdaci est bas� sur un recoupement d��l�ments d�information, que ce soit rapport� � travers les interviews que lui ont accord�es les acteurs de l��poque ou fut-il puis� dans un ouvrage publi� � compte d�auteur et qui ne jouit pas de la notori�t� qu�offre la couverture d�une maison d��dition. Le cahier est con�u en format poche qui fait � peine 100 pages mais, suffisamment dense pour faire comprendre au lecteur les �volutions qu�a connues la guerre d�Ind�pendance durant sa premi�re ann�e et de mettre � sa connaissance les ombres � �lucider.