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CHRONIQUE D�UN TERRIEN
La grande harba (XXII) Par Ma�mar FARAH [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 05 - 11 - 2009

A Taihzou (ex-Tizi-Ouzou), les citoyens chinois s�organisent contre les tangos. Sous la conduite d�un certain Mao Jam� Yabdik, ils sollicitent des autorit�s armes et munitions et constituent des groupes d�autod�fense. Parall�lement, ils comprennent qu�il faut moderniser la soci�t�, multiplier partout les activit�s culturelles et aiguiser le sens civique, seule condition d��chapper � l�int�grisme� Nous sommes arr�t�s par une patrouille mais, gr�ce au g�nie du buveur de Jack Daniel�s, nous �chappons � une arrestation certaine. Nous filons vers le train�
Alors que je m�attendais � d�couvrir une nouvelle gare ultramoderne, ce fut l�ancienne station d�labr�e qui nous accueillit. Il y avait des agents partout. Nous nous s�par�mes et Meriem El Aggouna fut charg�e d�acheter les billets. Nous attend�mes quelques minutes qui nous sembl�rent une �ternit�, puis la rame apparut. Fichtre, alors ! A la place du TGV dont on nous parlait tant, ce fut une vieille locomotive � charbon, chapard�e dans je ne sais quel mus�e, qui montra le bout de son nez, haletant d�j�, s�essoufflant comme tata Aldjia sur les pentes de sa nouvelle dechra de Sard�lie. Une grande banderole �tait hiss�e tout � fait en haut de la machine. Ecrite en chinois, elle remerciait les masses laborieuses d�avoir triomph� de l�imp�rialisme en r�parant la locomotive baptis�e �Dragon de feu�, selon un voyageur qui connaissait aussi bien le chinois que le kabyle ! Mais, allezvous me dire, et toi, tu comprends le kabyle ? Je ne suis pas menteur et, � part �azul�, �aghroum�, �tafounest�, �amokrane�, �ameziane �, �aberkane�, �amelal�, je suis parfaitement analphab�te dans cette langue nationale. Et dire que mon p�re et toute sa tribu ne parlaient que berb�re ! Je suis un mauvais fils, mais passons� Ce Chinois, dipl�m� en traduction sino-berb�re, nous servit d�interpr�te. Ancien mineur dans un gisement de charbon du nord de la Chine, il �tait venu dans le cadre du premier transfert des 30 millions de Chinois en Alg�rie. Il avait tout fait pour s�installer en Kabylie car, tout enfant d�j�, il adorait cette r�gion. A l��cole de son village, on lui bourrait le cr�ne avec la lutte des masses et la dictature du prol�tariat mais, d�s que l�on abordait la R�volution alg�rienne, son c�ur se mettait � palpiter. �C��tait �mouvant de voir, dans des courts m�trages, tr�s mal film�s, mais portant le sceau de la v�rit� et l�empreinte de l�engagement R�volutionnaire, ces femmes et ces hommes d�munis, n�ayant pour seule arme que leur courage, aller au combat avec une conviction et une d�termination rarement vues�� Le Pied-noir dormait sur le banc public d�� c�t�, sinon il aurait hurl� et cela aurait attir� la gendarmerie qui r�dait autour de nous� Lui, il avait une autre conception de l�histoire de cette r�volution et un jour que je lui disais que la France aurait d� s�excuser pour ses crimes en Alg�rie, il me r�pondit avec un calme olympien : �Et �a te regarde en quoi, toi, le Sard�le ? Quand on fuit son pays � bord d�une barque, on n�a pas le droit de porter ce type de jugement�� J��tais furieux parce qu�il avait dr�lement raison. Je lui r�pondis aussi s�chement : �H�las, c�est tout ce que j�ai trouv� pour fuir. Toi, tu avais plus de chance que moi, tu as fui dans un grand bateau�� Il se tut et il me sembla qu�il pleurait en silence : �Quand comprendrez-vous enfin que cette terre est aussi la mienne, puisque j�y suis n� ; mon p�re, mon grand-p�re y sont n�s ! Est-ce de ma faute si l�histoire a �t� ainsi faite et pourquoi devrais-je payer pour des d�lits commis par les autres�� ? Un haut parleur d�bita ce qui semblait �tre des ordres au milieu d�une musique martiale. Le Chinois traducteur nous invita � monter dans le train. Les wagons �taient propres et bien d�cor�s. Du velours rouge courait sur toutes les banquettes et cela donnait de la chaleur aux cabines recouvertes de bois et de miroirs. Nous nous y install�mes et referm�mes la porte de peur que les agents de s�curit� nous d�couvrent avant le d�part. La rame s��branla � 21 heures pile. Bient�t, ce fut la nuit noire. La cadence augmenta et, � la sortie de Taihzou, la vieille locomotive nous montra ce dont elle �tait capable. Ce n��tait pas le TGV, mais elle crachait du feu et roulait tellement vite qu�elle br�la la gare de Dengzhiou (ex-Dra�-Ben-Khadda), ce qui souleva l�ire des voyageurs stationn�s sur les quais qui s�en prirent au pauvre chef de gare. Ce dernier ne dut son salut qu�� l�apparition de sa femme, qui avait mis une citrouille sur sa t�te, faisant une peur bleue aux pauvres gars. Nous avions oubli� que c��tait Halloween ! Et nous ne savions pas que les Chinois c�l�braient cette f�te� lugubre. Nous attaquions maintenant les petites collines de Bozhou (ex Bordj-Mena�el) o� le train s�arr�tera cette fois-ci, de peur de cr�er des troubles dans la ville. Ah ! Bordj-Mena�el ! Elle avait une grande �quipe de football qui s�appela d�ailleurs, � un certain moment, �G�n�ration des Couteaux de Bordj Mena�el�. �a n�avait rien � voir avec les Mena�lis que je connaissais et qui �taient pacifiques et accueillants. D�ailleurs, une fois d�barqu�s en Sard�lie, ils cr��rent une cit� qui ressemblait, comme deux gouttes d�eau, � leur ancienne ville, mais furent malheureux de ne pas avoir les Issers � c�t�. Le Pied-noir me proposa d�aller faire un tour au barrestaurant. Nous travers�mes plusieurs wagons avant d�arriver � bon port. Dans les 3e classes, c��tait la pagaille. Des voyageurs �taient assis par terre. Une vieille dame avait allum� une �tabouna� et pr�parait de la galette. Une autre s��tait mise � traire une ch�vre qu�elle cachait dans les toilettes. Une troisi�me fourrait des �m�hadjeb � qui d�gageaient un ar�me � vous faire agresser la cuisini�re. Des gamins jouaient au ballon et prenaient un grand plaisir � viser un patriarche qui dormait sur une natte, tout pr�s de la porte du wagon. Un shoot splendide et hop ! Le pauvre vieux fut envoy� dans l�autre monde. Mais, comme c��tait Halloween, il revint, tr�s p�le, les yeux rougis, pour hanter les gamins qui, affol�s, couraient de wagon en wagon� Il y avait m�me une jeune Chinoise du nom de �Lune de Miel� qui vendait ses charmes � des ouvriers au prix imbattable de 14 dinars-yuen. Nous arriv�mes enfin au barrestaurant. Le Pied-noir commanda du Jack Daniel�s et fut heureux d�en trouver enfin. La soci�t� nationale des chemins de fer alg�ro-chinois avait trouv� ridicule de refuser de l�alcool � un peuple qui n��tait plus musulman. Je pris un l�ben �Allbrau� d�El Kseur et le barman nous servit une excellente k�mia de boulettes de viande de serpent hach�e et arros�e de jus de citrouille� Depuis que je le fr�quentais, je n�avais jamais vu le Pied-noir aussi heureux :
- C�est � cause de ce tordboyaux ?
- Non. Et puis, ce n�est pas du tord-boyaux. C�est un nectar. C�est � cause d�Alger-Peking�
- Quoi Alger-Peking ?
- C�est ma ville. Je ne te l�ai jamais dit. Mes parents sont enterr�s � Saint-Eug�ne. J�y suis n�. Mais, comme il n�y a plus d�Alg�riens, je ne sais pas comment je vais vivre ma premi�re rencontre avec ma ville depuis 1962�
- Ah bon ! Tu les aimes maintenant les Alg�riens ?
- Et que penses-tu que je faisais en Sard�lie ? Tu m�as bien rencontr� � l�a�roport de Sidi Cagliari ? J��tais all� voir ces anciens Alg�riens, sentir l�odeur de leur cuisine, �couter les vocif�rations de leurs m�nag�res, me m�ler � leurs foules dans les souks bigarr�s au charme inoubliable. Tu sais quoi, Sard�le de mes�, je ne sais pas ce que tu ferais toi, mais si l�Alg�rie gagne et se qualifie pour le Mondial, j�ach�terais tous les feux d�artifice des Chinois et le ciel de Saint-Eug�ne sera en f�te le 14 novembre�
- Tu oublies que je suis un ancien Alg�rien� maintenant que ce train file � travers les for�ts de Tianshu (ex-Th�nia), je la sens, l�odeur profonde de mon pays. Alg�rie, mon amour, �nebghik� malgr� �la grande harba��
L�g�rement �m�ch�, le pied-noir se leva comme s�il allait entonner la Marseillaise et cria : �One, Two, Three�. Les voyageurs, le barman, le dame qui cuisinait et toutes les autres, �Lune de Miel�, le conducteur, les contr�leurs, le fant�me, les gamins, tous se mirent � chanter : �One, Two, Three�.
Au bout de la nuit, la gare de Tianshu scintillait de mille lumi�res sous le ciel �toil�


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