Ceux qui ont avanc� que les footballeurs alg�riens �voluant en Europe ne ressentent pas les effets de la pression du prochain match des Verts, le 14 novembre prochain, au Cairo Stadium se trompent. Lourdement m�me. Les blessures de Bougherra, Meghni, Bezzaz, Ziani, Yahia et le tout dernier Yebda en sont des cons�quences in�luctables de cette mont�e d�adr�naline qui conduit irr�m�diablement � cet �tat de fait. Le timing des blessures, leur nature et leur survenue sont autant d��l�ments qui plaident, scientifiquement parlant, � cette conclusion qui corrobore, il est vrai, avec la fr�quence et l�intensit� des comp�titions durant les mois d�octobre et novembre rassembl�es en Europe. Des �tudes le prouvent : le stress est le facteur num�ro un des blessures des sportifs. Il est suivi par les facteurs de la personnalit�, le comportement de l�athl�te et son environnement imm�diat. Pour ce qui est des footballeurs alg�riens, il ne s�agit point d�une affaire de r�p�tition de matches. Hormis Bougherra et Yahia, titulaires indiscutables au sein de leurs clubs respectifs, le reste des troupes (Ziani, Yebda, Bezzaz et Meghni) ont un volume de jeu tr�s r�duit, cette saison du moins. La plupart de ses �l�ments tiennent des r�les tr�s importants dans l��chiquier de Rabah Sa�dane. Le s�lectionneur leur fait une confiance parfois aveugle. M�me bless�s, Ziani, Yahia et autre Bougherra avaient les faveurs du coach national. Cette responsabilit�, si lourde de porter haut les couleurs de l�EN, est aggrav�e par l�engagement de ses joueurs � communiquer le plus souvent leurs sentiments au public alg�rien � travers les m�dias. Ce sont, en effet, les joueurs les plus sollicit�s par la presse nationale, sp�cialis�e ou non, et internationale pour d�battre des questions li�es � la vie de la s�lection, celle de leur club ainsi que la vie de tous les jours. Cette pression est transmise � travers les questions des journalistes, lesquels font vivre � ses joueurs la passion mais aussi les inqui�tudes des fans et de tout le peuple alg�rien. Pour des footballeurs, issus de l��migration certes, et qui de surcro�t d�couvrent v�ritablement le haut niveau inter-s�lections, le d�fi n�est pas si simple. La peur est omnipr�sente. Autant lors des matches amicaux qu�en comp�titions officielles. M�me � l�entra�nement ses footballeurs en herbe (ils ont une moyenne d��ge de 24/25 ans) subissent les al�as de cette pression d�un match devenu capital par la force des r�sultats de l�Alg�rie et la chasse engag�e par le favori du groupe, l�Egypte. Fautil rappeler l�incident qu�a eu Karim Ziani avec son co�quipier serbe de Wolfsburg, Dzeko � l�occasion d�une s�ance d�entra�nement classique. L�Alg�rien a p�t� les plombs pour un tacle qui survient � tout moment d�une s�ance de travail d�une �quipe de sport collectif. Ziani a r�agi de la sorte pour se prot�ger et �viter de manquer le dernier match des Verts contre le Rwanda. Antar Yahia a eu des d�m�l�es semblables, face � ce m�me joueur serbe (Dzeko) lors du match Bochum-Wolfsburg. L�enfant de Kherrata a non seulement voulu se prot�ger contre un avant-centre puissant et provocateur mais aussi cherch� � venger son �quipier de a s�lection, Ziani. Dans toute cette histoire, une question s�impose : faut-il craindre pour ses joueurs n�s et �lev�s en Europe, dans un autre milieu mais avec des traditions en terme de communication bien de chez nous, ou bien juste penser que cette pression est �normale � qu�il faut positiver le jour J ? Le stage, � huis clos, de Florence peut-il s�av�rer r�parateur aussi bien concernant les s�quelles physiques que celles mentales, plus profondes ? R�ponse au soir du 14 novembre prochain au Cairo Stadium. Mohamed Bouchama. Qu�est-ce que le stress ? Le stress est une �motion, en �tat l'individu est submerg� par cette �motion : l'individu la subit et ne peut l'arr�ter. Le stress n'est pas que n�gatif, � une dose normale il est positif. Le stress dans son aspect positif permet de concentrer l'individu vers un objectif. Ce qui est n�gatif est un exc�s de stress. Si le stress dure plusieurs jours, l'individu est �puis� et risque de se blesser. �La blessure : un corps qui communique� * Dans les cultures sportives, le culte de la performance s'accompagne de coups de th��tre, de rebondissements. Si la blessure fait partie de ces coups de th��tre, elle s'inscrit �galement comme un �v�nement incontournable dans la vie de tout sportif. En effet, si une blessure emp�che momentan�ment un sujet d'�tre performant, elle t�moigne n�anmoins de son investissement dans une logique de l'extr�me et du risque. Elle r�v�le �galement un paradoxe en ce sens o� elle symbolise l'excellence corporelle mais aussi la faillite de ce corps. Comment les blessures surviennent- elles ? Les facteurs physiques comme le surentra�nement, la fatigue sont les causes principales des blessures sportives. Cependant, les facteurs psychologiques sont aussi des �l�ments pr�pond�rants dans la survenue des blessures mais �galement dans l'acc�l�ration de la r�cup�ration de ces facult�s physiques. � Lien entre traits de personnalit� et blessure Il est commun�ment admis que certains traits de personnalit� seraient corr�l�s avec la survenue de certaines blessures. Cependant, aucune �tude n'est venue valider cette conception. En revanche, le niveau de stress a �t� identifi� comme un ant�c�dent important des blessures sportives. Anderson et Williams, 1988, mettent en �vidence une corr�lation �troite entre le stress de la vie courante et les blessures sportives. Plus pr�cis�ment, il semble qu'un athl�te court un risque accru de blessure s'il subit des changements importants dans sa vie sans jouir d'un soutien social ad�quat et sans avoir la capacit� de r�agir efficacement au stress. Par cons�quent, les sources de stress dans la vie de l'athl�te constituent des indicateurs et, lorsque ceux-ci sont �lev�s, le r�gime d'entra�nement doit �tre adapt� et un soutien psychologique fournit. Deux th�ories expliquent la relation entre le stress et les blessures : la rupture de l'attention et une tension musculaire accrue. Concernant la rupture de l'attention, le stress perturbe l'attention de l'athl�te en r�duisant son attention p�riph�rique (Williams et Anderson, 1991). Un niveau �lev� de stress s'accompagne parfois d'une tension musculaire consid�rable qui nuit � la coordination et augmente la probabilit� des blessures (Nideffer, 1983) D�autres facteurs psychologiques vont �galement interf�rer dans la survenue des blessures � Les exigences et les contraintes exig�es parfois par l'entourage du sportif renforcent ce genre d'effort. Des injonctions comme �soit dur et donne toujours 110%�, �tu es un killer� ou encore �donne tout ce que tu as ou reste chez toi� favorisent les comportements � risque. � La culture du corps sain et robuste, et l�injonction �soit fort�. La sacralisation du corps, l'excellence corporelle, l'av�nement d'un corps sain et robuste, d�veloppent une attitude de m�pris vis-�-vis de toute faille, de toute rupture de ce corps. Il n�est pas rare que des entra�neurs encouragent les sportifs � pratiquer en d�pit de blessure avec des injonctions comme �il faut souffrir pour vaincre�. C�est une attitude de d�ni vis-�-vis de la souffrance. Seule la victoire est belle, peu importante la fa�on. Attitude de l��lite ? Pas seulement Que dire de l��ducateur sportif qui sollicite l�enfant bless� parce qu�il est en manque d�effectif ou simplement par ce que celui-ci est un �l�ment important de l��quipe ? * Nathalie Cr�pin (Psychologue au C.R.E.P.S (Centre r�gional d��ducation populaire et sportive) de Wattignies LA SITUATION PEUT SURVENIR AU D�BUT DE MATCH Le blocage psychologique, l�autre obstacle Les sportifs �prouvent de grandes difficult�s � amorcer une �preuve sportive, quel que soit son niveau. Avant une comp�tition, le sportif stresse et cela se remarque par plusieurs ph�nom�nes. Le plus important demeure ce souffle coup� pendant le d�but d�un match, d�un combat etc. Le d�fenseur �gyptien, Hany Sa�d, interview� il y a deux jours par la cha�ne de TV �gyptienne Al-Hayat, apporte son t�moignage. �Avant le match contre la Zambie, on �tait au sommet de la concentration. La pression �tait grande. L�Egypte devait gagner pour maintenir nos chances de qualification au Mondial. Pendant les dix premi�res minutes du match, j�avais le souffle coup�. Moi, qui suis dernier d�fenseur de l��quipe, j�avait la responsabilit� de communiquer avec mes d�fenseurs. Je ne pouvais m�me pas sortir un cri pour replacer Wael Goma� qui �volue pourtant tr�s pr�s de moi. C�est impressionnant�, dira-t-il. Cette �phobie� pourrait constituer un des obstacles lors de cet Egypte- Alg�rie. L��quipe dont les joueurs auront le souffle coup� paiera la sauce cash. �C�est la cl� du match�, estiment nombre d�observateurs et de techniciens.