La revendication par Al-Qa�da au Maghreb (AQMI) de l'enl�vement d'un ressortissant fran�ais au Mali et de trois Espagnols en Mauritanie, diffus�e mardi dernier dans un communiqu�, a �t� suivie, un jour apr�s, par un autre communiqu� pr�sentant un �bilan� de ses actes terroristes commis au cours des deux derniers mois et qu'elle �value � 58 victimes entre morts et bless�s, soit une moyenne de 29 victimes par mois. Ce dernier bilan, en lui-m�me, est une parfaite illustration du recul qu'enregistre sur le terrain l'organisation terroriste, surtout que c'est elle-m�me qui revendiquait encore, dans de m�mes bilans, jusqu'� plus de cent actes terroristes par mois durant le premier semestre de l'ann�e en cours, comme pour les mois de mai dernier (100 victimes) ou de juillet (114 victimes), alors que pour les mois pr�c�dents, le chiffre variait entre 60 et 82. Par ce communiqu�, AQMI vient, en fait, de faire �tat, sans s�en rendre compte, de sa propre r�gression. Le bilan de 29 victimes en un mois entier �tait, en d'autres temps, le bilan d'une seule op�ration terroriste comme pour l'embuscade de Mansouria (Bordj-Bou- Arr�ridj) en juin dernier (27 victimes) ou celle de Beni- Meulik (Tipasa) le mois suivant (24 victimes). Jamais depuis sa cr�ation � partir des cendres du GSPC en janvier 2007, elle n'a connu un tel creux de la vague. Il est d'autant plus visible qu'il a �t� accompagn�, tout au long du semestre en cours, par une �limination au quotidien d'un nombre de plus en plus �lev� de terroristes. AQMI prend soin de ne pas montrer cette r�alit� dans ses �bilans�. Elle revendique triomphalement avoir fait des victimes parmi les forces de s�curit� dans des accrochages, sans pr�ciser qu'ils ont eu lieu suite � des embuscades tendues � ses propres groupes et non sur son initiative, tout en omettant de compter ses propres pertes. Tout comme elle cache que la plupart des victimes dont elle se pr�vaut ne sont, en fait, que celles de la tra�trise d'engins explosifs perdus dans la nature, lors des ratissages et non suite � des actes de guerre, les armes � la main, comme elle veut le faire croire. Cet arri�re-fond permet de mieux situer le contexte dans lequel les ressortissants �trangers ont �t� enlev�s � la fin du mois dernier au Sahel. La revendication qui en a �t� faite mardi dernier, excessivement guerri�re � l'encontre des pays d'origine des otages en se donnant un caract�re audacieux et de d�fi vis-�-vis de la France et de l'Espagne, pour une organisation terroriste qui prend eau de toute part, appara�t plus comme un message � usage interne en direction de la mouvance salafiste arm�e qui ne conna�t pas de pr�s la r�alit� de la situation actuelle d'AQMI. M�me si les exigences pour la lib�ration des otages n'ont pas encore �t� formul�es, il appara�t d'embl�e qu'elles ne vont pas se satisfaire facilement d'une ran�on comme pour les enl�vements similaires de ces deux derni�res ann�es contre des ressortissants de pays europ�ens. AQMI semble partie pour placer assez haut la barre et aller chercher dans les �n�gociations� des concessions politiques et des lib�rations de prisonniers. Mais ce sera seulement pour faire durer le suspens et rester aussi longtemps que possible sous les projecteurs de l'actualit�. Mais elle finira par se consoler, comme d'habitude, avec une ran�on, du fait qu'elle ne dispose d'aucun autre moyen de pression sur ces pays que les otages qu'elle d�tient et dont une �ventuelle �limination, � Dieu ne plaise, ne la grandira pas du fait de sa totale gratuit� vis-�-vis du monde, y compris dans des secteurs de sa propre mouvance. En s'attaquant � l'Espagne et � la France surtout, AQMI a plus � perdre qu'� gagner. Ce sont ces pays qui d�tiennent plus de moyens de pression sur elle, qu'elle sur eux. Une �ventuelle �limination des otages a toutes les chances d'entra�ner une nouvelle �Op�ration Chrysanth�me� comme pour le GIA en 1993 o� un coup de pied dans la fourmili�re des r�seaux islamistes dans l'Hexagone pouvait mettre hors circuit, ou tout au moins sous �troite surveillance, d'importantes fili�res dont la perte pourrait �tre ruineuse pour ce qui reste de l'organisation terroriste. Toute l'inconnue dans ce bras de fer qui se dessine entre AQMI et ces deux pays europ�ens reste de savoir jusqu'� quel point l'organisation terroriste a pu leurrer Al-Qa�da m�re sur ces capacit�s pour qu'elle puisse b�n�ficier d'une certaine attention et obtenir des aides. Et l�, si celle-ci est aussi aveugle que son rejeton, le prochain hiver risque d'�tre chaud.