Djamila Bouhired� Djamila Bouazza� Djamila Boupacha, des noms courants n�s ici, qui c�l�brent au f�minin la beaut� d��tre� Alg�riens et la fiert� de l��tre, partout, pour l��ternit� ! Des Djamilate qui auront marqu� de leur empreinte ind�l�bile le vingti�me si�cle, dont elles �clair�rent le ciel trouble, m�t�orites resplendissantes de luminosit�, de g�n�rosit�, du don de soi au service de l�autre, de la cause commune. Entre la Djamila qui terrassa le �Coq Hardi� colonial d�Alger en une fraction de seconde et la Djamila qui s�duisit sur les bords du Nil le cin�ma de l�immense Youcef Chahine, la m�me qui enflamma les plaidoiries du non moins grand Jacques Verg�s, s�intercale la Djamila qui inspira au plus illustre peintre du si�cle dernier, Pablo Picasso, une lithographie aussi c�l�bre que �Guernica�. Que de beaut� bien de chez nous, devenue par la force du combat qu�elle symbolisait� universelle� �ternelle ! Aujourd�hui, la �Djamila� de Youcef Chahine est, par la �farce� des choses des d�g�ts collat�raux d�un ballon, devenue subitement balle au canon, interdite de diffusion du c�t� des studios Misr. Les rares copies encore en circulation sont rageusement mises sous scell�s par ses admirateurs d�hier. L�inspiratrice du film, � partir d�Alger, proteste. Non pas contre le sort fait � l�ombre de son image non projet�e l�-bas, mais � la qui�tude de ses vieux os et jours, ici. Toujours rebelle, notre Djamila nationale ! Nooormal ! diraient nos jeunes, � l�unisson, aujourd�hui. Il y a de quoi ! M�me les fichiers de la CIA et du FBI continuent de la craindre en la rangeant aujourd�hui encore, dans la rubrique �terroriste� d�hier, juste � c�t� du nom de Nelson Mandela, fra�chement effac� car devenu entre temps citoyen du monde et star plan�taire. Pourtant, Djamila a une fille qui vit aux USA ! Pourtant Djamila a �t� humili�e hier encore par le planton de la wilaya d�Alger, elle l��tendard national, qui voulut s�abaisser pour s�acquitter en bonne citoyenne et de mani�re anonyme, de la dure et p�rilleuse aventure que repr�sente chez nous, aujourd�hui encore, le d�p�t d�un dossier de passeport. Juste pour tenter de voir sa fille, l�-bas, si loin. Pourtant le portrait � seulement le portrait � de la �Djamila de Picasso�, r�alis� au si�cle dernier, vaut aujourd�hui pr�s d�un demi-milliard de dollars au march� de l�art mondial, autant que la moiti� des exportations alg�riennes hors hydrocarbures ! Ne pourrait-on pas utiliser l�autre moiti� de cet unique et r�el produit national brut conqu�te de la Nation, apr�s un demi-si�cle d�ind�pendance, pour financer sans toucher � la manne de la rente p�troli�re, le zeste de dignit� que r�clament ces �toiles du berger qui sertissent, joyaux inoxydables, la vo�te c�leste des valeurs et symboles sacr�s de cette Nation. Il s�agit l� du co�t de l�ultime viatique qui n�a pas de prix, dont doivent s�acquitter le pays et la Nation pour accompagner derri�re l�horizon de notre ingratitude collective, la d�clinaison finale du cycle biologique de ces �toiles scellantes de notre fiert� nationale. Qui a dit que l�Alg�rie n��tait pas� Djamila ? Que nous �tions �barbares � ? Les Egyptiens ? Ya lahwi ! Le portrait d�une seule de nos Djamilate continue de valoir toutes leurs richesses ! Un seul de nos films, Chronique des ann�es de braise, �crit en lettres d�or et de sang par des Djamilate anonymes, vaut toute leur prolifique et quasi anonyme filmographie ! Quand, bien s�r, la fiert� d��tre ce que furent les Djamilate continuera de se conjuguer au pass�, au pr�sent et au futur� ant�rieur. De se cultiver ailleurs, partout et surtout� ici. Par toutes et� par tous ! Par des actes concrets.