Alors que le souvenir des tumultes soulev�s par le plan de r�am�nagement du quartier du Bardo est encore vivace, la grogne se r�installe dans l�autre rive du Rummel : l�avenue de Roumanie, qui est le si�ge de l�acte II du fameux projet de modernisation de la ville de Constantine. L�entr�e en action des bulldozers, jeudi dernier, lors de l�op�ration test consistant � reloger 27 familles seulement, ne s�est pas faite dans la s�r�nit� souhait�e par les autorit�s locales qui donnaient pourtant l�impression de s��tre entour�es, cette fois-ci, de toutes les pr�cautions. Les �chauffour�es qui ont failli d�g�n�rer pour se transformer en �meute incontr�lable ne sont pas, en effet, imputables � la seule ind�licatesse d�un agent de l�ordre bousculant une femme enceinte. L�incident qui a mis le feu aux poudres n��tait � vrai dire qu�un facteur d�clencheur � la manifestation du malaise qui couvait. En d�pit des assurances de transparence et de minutie dans le traitement des dossiers de relogement des habitants de l�avenue de Roumanie, qui n�en est qu�� ses premiers balbutiements, l�on commence d�j� par faire le d�compte des bless�s dans les rangs des policiers et des cadres de la wilaya, ainsi que des arrestations parmi les �meutiers. Une trentaine de personnes dont la majorit� sont des agents de l�ordre ont �t� touch�es par des projectiles. M�me le chef de cabinet du wali de Constantine n�y a pas �chapp�. L�op�ration de transfert des 27 familles concern�es par le relogement dans des F2 et F3 � la nouvelle ville Ali-Mendjeli avait, pourtant, commenc� dans le calme et a d� �tre interrompue en d�but d�apr�s-midi, le temps n�cessaire aux brigades anti�meutes de d�blayer le terrain, pour se poursuivre dans la nuit. Rien ne pr�sageait, en fait, une telle tournure des �v�nements puisque m�me lors de l�op�ration de tirage au sort des b�n�ficiaires tenue il y a quinze jours, aucun incident n�a �t� enregistr�. Seuls les heureux �lus ont �t� autoris�s, ce jour-l�, � rejoindre la salle du centre culturel Ibn-Badis, alors que l�on susurrait d�j� que plusieurs familles ont �t� injustement �cart�es de la liste et que d�autres refusaient cat�goriquement de quitter leurs demeures spacieuses pour des F2 exigus. Le wali de Constantine, qui anticipait � chacune de ses sorties publiques sur d��ventuels m�contentements en pr�vision de cette op�ration, assurait que ses services �taient parvenus � d�busquer des dizaines d�indus postulants parmi lesquels il avait cit�, notamment, des �migr�s et des propri�taires de villas. Plus de 140 intrus ont �t� d�masqu�s, selon le wali, d�o�, soutenait-il, �les retards accus�s dans l�op�ration de relogement � qui a commenc� jeudi dans un climat tr�s tendu. Une mani�re de faire qui a montr� ses limites car, en la mati�re, les autorit�s locales avaient conduit, dans des circonstances aussi houleuses, le relogement du quartier du Bardo et n�avaient, d�s lors, pas le droit � l�erreur. Avec ce qui vient de se passer, l�op�ration qui devrait toucher dans ses prochaines phases des parcelles plus importantes pour s��tendre au quartier du Chalet des Pins, � la cit� des M�riers et � Bentellis, le long de la rive sud du Rummel, risque d��tre �maill�e de troubles plus graves. D�autant plus qu�elle concernera pr�s de 800 familles dont les habitations pr�sentent plus ou moins un certain confort pour leurs occupants, contrairement aux 27 ayant �t� relog�es jeudi dernier. Ceci au moment o� les autorit�s locales continuent de braver le ressentiment de ces derniers, en les montrant du doigt pour de pr�sum�es complicit�s � faciliter l�intrusion d�indus r�sidents du quartier ou carr�ment en les accusant de �fraudeurs�. Les enseignements de la fameuse op�ration d��vacuation des habitants du Bardo au m�me titre que les camouflets induits par une conduite scandaleuse par les autorit�s � leurs d�pens n�ont vraisemblablement pas servi � grand-chose. Les m�mes ingr�dients sont pr�sentement r�unis sur la rive d�en face o� rien n�incite � l�apaisement. A moins que l�on daigne pr�ter attention aux bruissements discordants qui commencent � se faire entendre, la col�re risque d��tre assourdissante, cette fois-ci.