Jebdegh-damrar idda-d wedrar (j�ai tir� sur la corde et c�est toute la montagne qui est �branl�e.) Les semaines passent et se ressemblent : les diversions et les d�cha�nements de haine alternent avec des mises en sc�ne historiques de plus en plus grotesques qui meublent la p�riph�rie du livre. L�histoire de la guerre d�Alg�rie est d�cid�ment un butin trop pr�cieux pour �tre restitu� au peuple. Les pesanteurs du milieu Diluant ses ardeurs, M. Mebroukine continue � passer par pertes et profits le coup humain, politique et historique des coups d��tat de Boumedi�ne qui a engag� l�Alg�rie dans le r�gne des putschs, de la censure et des fraudes �lectorales. Le propre de la pens�e totalitaire c�est de nier toute donn�e, tout �v�nement, tout acte qui ne participe pas � la c�l�bration du ma�tre. Lorsque l�on a �vacu� du d�bat les milliards de dollars d�pos�s � la Chase Manhattan Bank via Messaoud Zeggar, lorsque l�on s�interdit de parler des milliers de morts des Wilayas III et IV en 1962 qui essayaient de se mettre sur la route de l�arm�e des fronti�res de Boumedi�ne pour pr�munir l�Alg�rie des cons�quences, toujours terribles, de l�inauguration de la conqu�te du pouvoir par la force dans une jeune nation, lorsque l�on occulte les ex�cutions de Chabani, les assassinats de Krim, de Khider et de tant d�autres, lorsque l�on oublie de dire que le syst�me �ducatif a �t� livr� � l�obscurantisme parce que l��cole ne fait pas de putsch mais provoque les bombes � retardement, on peut poser le postulat que la p�riode de 1965-1977, soit 12 longues ann�es pendant lesquelles tous les r�ves �taient encore possibles, �n��tant qu�une p�riode d�exp�rimentation�, elle doit �tre analys�e sur les plans politique, social et �conomique avec condescendance sinon complaisance. D�un point de vue doctrinal, Boumedi�ne, qui a concentr� tous les pouvoirs, ne saurait �tre tenu pour responsable d�un bilan objectivement n�gatif car il n�a fait que prolonger �le nationalisme populiste dont il n�a �t� que le continuateur �, nous explique M. Mebroukine. Et nous qui pensions que les grands hommes d��tat sont ceux qui savent arr�ter les d�rives pour imprimer � l�Histoire les rythmes et les objectifs politiques qui la sortent des mar�cages o� l�ont fourvoy�e d�autres. Autant �tre clair, je ne connais pas M. Mebroukine et je ne sais pas ce qui lui a valu d��tre emprisonn�. Du reste, son nom importe peu. �L�int�r�t� de son intervention c�est de r�v�ler cette r�flexion h�mipl�gique propre aux intellectuels organiques du parti unique qui n�antise tout ce qui peut apporter un �clairage autonome non conforme aux dogmes officiels. M. Mebroukine, qui fut, entre autres, conseiller de la pr�sidence, impute � l�opposition d�mocratique la r�gression civique et politique du pays. Il ne sait pas qu�un �tat d�urgence paralyse toute manifestation publique, il ignore superbement les fraudes �lectorales qui sont le premier et le plus grave des d�tournements et feint de ne pas conna�tre les ravages de la censure des m�dias lourds. Rien que pour les six derniers mois, le RCD a organis� au mois d�octobre 2009, une universit� d��t� pendant deux jours rassemblant 617 participants avec les animateurs venant de 6 pays. Au mois de novembre suivant, nous avons rassembl� 700 jeunes issus des quatre coins d�Alg�rie pour d�battre de la situation de la jeunesse. Le 6 mars dernier, le Rassemblement a initi� une journ�e d��tude qui a regroup� 850 femmes autour du statut personnel dans les pays de l�Afrique du Nord avec des personnalit�s alg�riennes, tunisiennes et marocaines. (Il faut esp�rer au passage que ce volume d�activit� rassure Monsieur Kafi qui semblait s�inqui�ter de la situation du RCD.) Au m�me moment et dans le m�me site, se tenait une r�union du comit� central d�un parti satellite du pouvoir compos� d�une quarantaine de membres. Radios et t�l�vision ont consacr� leur journal de 20 heures � ce groupuscule et pass� sous silence toutes les activit�s du RCD. On ne croit pas savoir que M. Mebroukine, revendiquant apparemment une certaine pr�sence intellectuelle, se soit �mu de ce que les ambassades alg�riennes aient refus� de d�livrer des visas aux invit�s du RCD. Nous ne l�avons pas, non plus, entendu exprimer une opinion, un commentaire et encore moins une condamnation lorsque le maire de la capitale, menant une bande de d�linquants, attaqua le si�ge national du RCD lors de l��lection pr�sidentielle, etc. Les abus, les agressions, les fraudes dont est victime l�opposition seraient pour M. Mebroukine des vues de l�esprit. Oui je le redis comme je l�ai �crit dans mon livre, ce qui pose probl�me avec certains intellectuels alg�riens c�est moins leur d�mission que leur vassalisation. La symbolique de l��tat d�voy�e Pour M. Ali Kafi, l�analyse de l�impasse alg�rienne renvoie � une interpr�tation politique rigoureusement inverse de celle de M. Mebroukine. Le drame de l�Alg�rie serait d� � un Boumedi�ne, � l�engagement patriotique tardif et quelque peu suspect, qui a trahi Boussouf son tuteur, dont M. Kafi nous dit qu�il �tait son relais attitr� � l�int�rieur. L�ancien patron du MALG serait en quelque sorte un g�ant de l�histoire auquel Boumedi�ne n�a pas laiss� le temps de finir le travail. Je ne m�attarde pas sur les �garements de M. Kafi qui ergote sur un �Amirouche tremblant de peur dans sa djellaba� et qui n�h�site m�me pas � convoquer Abane qu�il qualifia nagu�re de �tra�tre � la nation� pour les besoins de son attaque. Tout en d�voilant les m�urs politiques du milieu, M. Kafi nous d�livre sa pens�e profonde quand il d�clare que �si �Amirouche �tait vivant, il �gorgerait son fils et Sa�d Sadi��. Cette sous-traitance posthume n�est rien d�autre qu�un appel au meurtre. Le vernis du responsable qui clame n�avoir jamais attent� � la vie d�un homme pendant la guerre est mis � mal par ses pulsions intimes. M. Kafi, implicitement soutenu par des historiens, me somme d�arr�ter de m�occuper de l�histoire politique de mon pays au motif que je suis psychiatre et non historien. S�il pouvait prendre un peu de distance par rapport � ses propos et aux torrents d�indignit� inspir�s ou directement d�vers�s par le segment noir du MALG depuis la sortie de mon livre, il comprendrait que pour approcher l�histoire de notre pays il vaut mieux �tre un peu psychiatre, tant sont complexes et dangereux l�affolement et la fureur qui se sont empar�s du s�rail depuis deux semaines. Je n�insiste pas, non plus, sur les proc�s en sorcellerie instruits par tous ceux qui se croient oblig�s d�hypertrophier leur patriotisme en temps de paix pour faire oublier leur retrait ou leur fuite � un moment ou un autre des p�riodes d�cisives de la vie nationale. Les patriotes sonores ont en g�n�ral plusieurs nationalit�s, autant de comptes en banque et de choses � cacher ou � se faire pardonner. Les citoyens qui daignent commenter ou �mettre un avis dans leur pays sur une guerre de lib�ration confisqu�e, falsifi�e, et honteusement exploit�e � des fins bassement mat�rielles sont effectivement leurs ennemis. Ce qui est vraiment inqui�tant dans les ruades de M. Ali Kafi, c�est cette effronterie � contester des faits indubitables. Reprenons point par point ses all�gations : La r�union interwilayas de d�cembre 1958 en Wilaya II M. Kafi assure qu�il n�y avait que trois chefs de wilaya (Amirouche, Bougara et Hadj Lakhdar) � cette rencontre. Il soutient que le colonel Haou�s n�a pas particip� et alla m�me jusqu�� insinuer, dans des passages de son livre, que Lotfi a boycott� le rendez-vous, sugg�rant que le colonel de la Wilaya V se serait associ� avec lui pour refuser de r�pondre � l�invitation d�Amirouche. Je publie dans mon livre en page 432 un document sign� par les quatre responsables, dont le colonel Haou�s, adress� au GPRA � la fin de la rencontre pour d�noncer l�escapade de M. Kafi. Ou Ali Kafi est trahi par sa m�moire, o� il remet volontairement en cause un document d�tenu par le GPRA pour les besoins de sa propagande. Par ailleurs, le colonel Lotfi, qu�Ali Kafi n�avait jamais rencontr� jusque-l�, avait envoy� un message d�excuses dans lequel il dit ne pouvoir rejoindre ses pairs, �tant en mission � l��tranger. Ce qui, du reste, s�av�ra �tre vrai par la suite. Le colonel Lotfi, officier � la rigueur morale exemplaire, �tait d�j� en difficult� avec les �tats-majors est et ouest dont il sera une victime indirecte quelques mois plus tard apr�s l�ex�cution d�un de ses officiers au Maroc, le capitaine Zoubir. Quand un homme nie des faits aussi clairement �tablis, on devine toutes les libert�s qu�il s�autorise avec la v�rit� historique, surtout lorsqu�il s�agit d��v�nements non consign�s par �crit. Toujours � propos de la r�union interwilayas, M. Kafi, se posant en chevalier du pacifisme, invoque la Bleuite pour expliquer son refus de participer � la r�union de ses �coll�gues �gorgeurs�. L�argument ne saurait �tre recevable. Un mois auparavant, en novembre 1958, le colonel Amirouche s��tait rendu en Wilaya II pour une r�union avec Ali Kafi au cours de laquelle ils ont discut� des modalit�s de la r�organisation de la lutte, d�entraide et de communication entre les wilayas. Par ailleurs et comme d�autres r�gions, la Wilaya II a ex�cut� des hommes, qu�� tort ou � raison, elle suspectait de compromission. Les proc�s-verbaux de cette rencontre existent, � moins qu�il s�agisse, l� encore, de faux documents, dont certains sont publi�s par Ali Kafi lui-m�me. En v�rit�, et il suffit de lire les comptes rendus de s�ance et le rapport du colonel Amirouche, pour d�couvrir que la r�union de d�cembre 1958 avait des objectifs bien pr�cis. Il s�agissait de faire une �valuation g�n�rale des combats sur le terrain, d�interpeller un gouvernement qui, abandonnant les maquis, se laissait dangereusement d�border par le MALG et les responsables des troupes des fronti�res, � l��poque solidaires, et d�j� engag�s dans les sp�culations d�apr�s-guerre. Il fallait aussi demander � ce que les liaisons radio entre les wilayas ne soient plus sous tutelle exclusive de Tunis. Toutes choses dont ne voulait pas entendre parler Boussouf. Mais, aujourd�hui que M. Kafi avoue �tre son repr�sentant privil�gi�, on comprend mieux son absence et son scoop peut aider � mieux d�coder un certain nombre d��v�nements. De la gestion des transmissions : M. Kafi d�clare que Boussouf l�avait d�sign� comme responsable exclusif des transmissions vers l�int�rieur. Au passage, on peut se poser la question de savoir pourquoi un colonel d�une wilaya devrait centraliser � son niveau les communications radio. Si cela devait �tre �tabli, nous tiendrions l�, d�un point de vue historique, une vraie information, quand bien m�me aucun dirigeant alg�rien n�a fait �tat, � ce jour, de cette d�l�gation. Mais le propre du syst�me Boussouf n�est-il pas de faire et de d�faire les organigrammes de fa�on souterraine ? Cependant, ici encore, la r�v�lation de M. Ali Kafi est prise en d�faut par la r�alit�. Quand il dit qu�il a �t� charg� de contacter Amirouche pour l�informer de la r�union des colonels qui devait se tenir en avril 1959, il affabule. Faute de le renvoyer � mon livre qu�il avoue n�avoir pas lu et qu�il conseille de ne pas lire, je l�avise, malgr� tout, que j�y ai publi� le message du COM (Commandement op�rationnel militaire) envoy� le 19 janvier 1959 � 9h30 � la Wilaya I (Aur�s Namemchas) titr� : �Message ultra secret� et se terminant par cette recommandation : �pri�re envoyer m�me message au colonel Amirouche. Ne sommes pas en liaison radio avec lui.� Contrairement � ce qu�avance Kafi, ce n�est pas lui qui a �t� charg� de contacter Amirouche mais bien Hadj Lakhdar, responsable de la Wilaya I. Je pose dans mon livre deux questions : - Pourquoi passer par la Wilaya I pour contacter Amirouche alors que la Wilaya III disposait encore d�un poste radio sur les deux qui lui avaient �t� octroy�s en ao�t 1958 ? - Pourquoi les services de Boussouf pouvaient-ils toucher les Wilayas I et II mais pas les Wilayas III et IV ? Compte tenu de la redoutable performance des services d��coute de l�arm�e fran�aise, il est �vident qu�� chaque fois que l�on augmente le temps d��mission ou que l�on multiplie les relais, il y a plus de risque que l�ennemi capte un message. Le seul envoi ayant transit� par la Wilaya II concerne celui qui a �t� adress� au groupe des dissidents de Kabylie en octobre 1959 quand ils ont �t� somm�s de se mettre sous les ordres de Mohand ou Lhadj, promu colonel de la Wilaya III apr�s la mort d�Amirouche. Or, � l��poque Ali Kafi se trouvait � l�ext�rieur o� il restera jusqu�� l�ind�pendance. Emission et acheminement de documents : M. Kafi nie le fait que Krim Belkacem ait envoy� un message radio sur l�Akfadou � Tahar Amirouchene � dont il dit qu�il �tait menac� par Amirouche � pour avertir le colonel de la Wilaya III des fuites qui suintaient des services du MALG quant � la fiabilit� des codes utilis�s et � la multiplication du nombre d��missions. Il explique que �Krim Belkacem, qui �tait dans le maquis depuis 1947, savait tr�s bien qu�un tel message pouvait tomber entre les mains de l�ennemi�. A croire M. Kafi, le FLN/ALN ne transmettait aucun message et aucun document � l�int�rieur du pays. M�me lorsqu�il s�agit d�une information vitale comme celle de demander � un colonel de changer de chemin. Les acteurs qui ont re�u et essay� de faire parvenir le message de Krim Belkacem � Amirouche sont vivants. Enfin, il faudrait que M. Kafi nous explique comment a-t-il transmis, lui, la foultitude de correspondances qu�il a publi�es dans son livre ? Non seulement les documents circulaient mais Amirouche avait fait de l��crit, en d�pit de tous les risques, une exigence. Et c�est bien ce qui g�ne ses d�tracteurs aujourd�hui. Dans la plupart des cas, on peut trouver des traces �crites des analyses et des d�cisions du colonel de la Wilaya III. Sur ces fameux messages utilis�s pour guider Amirouche, nous en sommes, depuis la sortie du livre, � quatre versions. Le ministre des Moudjahidine, faisant parler un ancien maquisard � Bou Sa�da, nous informe que l�ennemi a capt� les messages �mis par Amirouche. M. Benachenhou nous donne deux lectures ; l�une contredisant l�autre. Enfin, il y a la derni�re annonce de M. Kafi qui, confond sa wilaya et la wilaya des Aur�s qui a re�u la convocation adress�e � Amirouche. La lib�ration de la parole finira bien par imposer la v�rit�. Quant � dire que Tahar Amirouch�ne, qui �tait en parfaite symbiose avec son colonel, �tait menac�, cela rel�ve autant du ragot que de l�intrigue. J�ai consacr� un d�veloppement � la densit� de cette relation qui liait les deux hommes et � la confiance qui l�a soud�e. Il appartient aux maquisards encore en vie de t�moigner sur ce que tous ont vu et v�cu comme une relation exceptionnelle. M�me si M. Kafi n�aime pas lire, je lui conseille de prendre connaissance de l�hommage publi� par la Wilaya III apr�s la mort d�Amirouche. Il fut r�dig� par Tahar Amirouch�ne et arrache aujourd�hui encore des larmes � ceux qui se souviennent de lui. Documents produits dans le livre : M. Kafi a d�cid� que je n�ai pas pris la pr�caution d�en v�rifier l�authenticit�. Parmi ces documents, certains sont in�dits et d�autres ont �t� d�j� publi�s par des historiens que M. Kafi conna�t tr�s bien. Pourquoi une pi�ce seraitelle suspecte d�s lors que c�est moi qui la porte � la connaissance du public ? Bernard Kouchner serait-il incapable de manipuler ses amis ou ses proches ? Ces documents sont toujours disponibles, il est facile � M. Kafi et � tous les Alg�riens, soucieux de soustraire notre histoire aux manipulations, d�en v�rifier la v�racit�. Congr�s de la Soummam : M. Kafi conteste la nature et la port�e de cet �v�nement historique. Il en d�duit m�me que c�est � partir de l� que la R�volution alg�rienne a entam� sa r�gression ! C�est une opinion. Mais quand M. Kafi dit n�avoir jamais d�clar� qu�il �tait congressiste, il devrait se relire un peu plus souvent. Dans son livre autobiographique, il �crit le contraire. Pour expliquer son renvoi du congr�s au troisi�me jour par Zighout Youcef, il affirme avoir �t� missionn� pour r�ceptionner un largage d�armes par un avion venant de Tunisie. Aucun membre du congr�s, et plus tard aucun membre du GPRA, aucun membre du CNRA ou de l��tat-major n�a entendu parler de cette myst�rieuse mission. Je donne dans mon livre l�avis d�experts sur les parachutages d�armes dans les guerres r�volutionnaires. Tous sont d�accord pour dire que l�on ne recourt pas au parachutage dans les r�gions limitrophes des pays pourvoyeurs en armement. Or, nous sommes en ao�t 1956 et la ligne Morice ne sera �difi�e que bien apr�s. Si la d�l�gation ext�rieure du FLN avait des armes � faire parvenir au Nord-constantinois � cette �poque, la meilleure mani�re e�t �t� de les acheminer par voie terrestre. La question reste enti�re. Il faudra que M. Kafi trouve un autre argument pour justifier la d�cision de Zighout. Autant de contrev�rit�s assum�es de mani�re aussi effront�e donnent la mesure de la violence, des complots et autres crimes qui ont marqu� la vie souterraine de la guerre et de l�urgente n�cessit� de se pencher sur notre histoire et dont nous devons parler, non pas pour juger X ou Y, mais pour doter notre pays d�instances o� le d�bat transparent et le consensus permettent d�organiser loyalement la repr�sentation populaire pour traiter les probl�mes de nos concitoyens. L�ent�tement � assumer avec une invraisemblable outrecuidance la d�sinformation un demi-si�cle apr�s la guerre montre bien que c�est la confiscation de l�histoire qui est la mamelle de la rente. Comme beaucoup d�acteurs avant lui, M. Kafi a omis ou tritur� des v�rit�s d�rangeantes et il est m�me all� jusqu�� diffamer des martyrs. Depuis, il a occup� les fonctions de chef d��tat, cette charge lui interdit de recourir au mensonge, surtout quand il s�agit de la m�moire de la nation. Il n�en demeure pas moins qu�il faut reconna�tre � M. Kafi une chose : il est, pour l�instant, le seul responsable alg�rien � avoir admis et condamn� la s�questration des restes d�Amirouche et de Haou�s, m�me si l�on est en droit d��mettre quelques doutes quand il affirme n�avoir d�couvert ce crime que ces derniers temps. Le fils du colonel Amirouche n�a pas cess� de d�noncer cette s�questration et de demander des explications. Il a envoy� des correspondances � toutes les institutions avec copie � l�Organisation nationale des moudjahidine (ONM) dont M. Kafi fut secr�taire g�n�ral. Nordine A�t Hamouda a m�me �t� arr�t� en 1983 pour cela aussi. Pour l�essentiel, ce qui a motiv� l��criture de ce livre c�est cette s�questration, sacril�ge national ; dont ne veut toujours pas entendre parler le segment noir du MALG qui, en bon �l�ve du KGB, s��vertue, jusqu�� en �tre ridicule, � �viter de r�pondre � la seule question pos�e. Qui a s�questr� les ossements des deux h�ros ? Pourquoi cette forfaiture a-t-elle �t� commise ? Qu�en pensent les dirigeants actuels ? Pour l�instant, les camarades� n�ont toujours pas entendu parler du dossier. Ils ne peuvent donc pas r�pondre. M�me tardive, la sortie d�Ali Kafi est, de mon point de vue, symboliquement importante. Il me tenait � c�ur de le dire. L�irruption des historiens Viennent de para�tre les commentaires de 3 historiens sur le livre. Je note qu�aucun d�entre eux n�a �mis une remarque sur son contenu. Deux d�entre eux ont cependant relay� la litanie des jugements qui disqualifie l�homme politique dans le traitement de faits historiques en invoquant � leur tour les risques de manipulations. La proximit� de la sortie de M. Kafi et ces interventions interpellent. La col�re feinte de l�ancien pr�sident du HCE contre les historiens cache mal la similitude de l�argumentation. Il s�en est m�me trouv� un qui a repris mot pour mot l�invective de l�ancien responsable de la Wilaya II quand il dit que les manipulations de la France risquent d�avoir pes� sur la construction du livre comme elles ont induit en erreur Amirouche. Je pose une question innocente : qui du politique ou de l�historien a inspir� l�argument de l�autre ? Ces historiens ont cependant raison sur une chose : il est temps que les universitaires s��mancipent de leurs coteries politiques. Il est aussi temps que l��criture de l�Histoire alg�rienne soit lib�r�e des h�g�monies id�ologiques ou intellectuelles qui la mutilent aujourd�hui encore. J�ai rapport� dans mon livre quelques d�rapages �thiques qui attestent que les tentatives de manipulations ne sont pas toujours l� o� on le croit. Est-il inutile de rappeler que pas un universitaire, historien ou autre, n�a abord�, ni sur le plan �thique ni d�un point de vue scientifique, la question de la s�questration. Cela aussi, c�est de l�Histoire. Des politiques marocains ont parl� de Hassan II, des Tunisiens ont abord� le cas de Bourguiba, Alain Peyrefitte, qui fut ministre de De Gaulle, a produit une remarquable biographie de son pr�sident. Pour une raison qui m��chappe et qui vient d��tre appuy�e par des historiens, opportun�ment interpell�s par M. Kafi, je serais en situation de contravention morale en �crivant sur Amirouche. Est-ce le martyr, l�auteur ou la th�matique qui d�range ? Est-il d�raisonnable de penser que cela peut �tre les trois ? Le MALG sort de l�ombre On annonce enfin la r�action du MALG. Une commission est m�me mise en place ! Le montage risque d��tre d�licat. Les interventions chaotiques de M. Benachenhou seraient donc une production po�tique ind�pendante de son cercle originel. Ceux qui croyaient que le segment noir du MALG pouvait l�cher sa proie, apr�s la derni�re �contribution� o� M. Benachenhou essaya de relativiser la brutalit� de ses premi�res d�clarations, ont seront pour leurs frais. Les incoh�rences dans lesquelles il se d�bat et la violence inou�e avec laquelle il r�pond � M. Rachid Adjaoud, que j�ai vu pleurer � l��vocation des turbulences de la Bleuite, montrent comment une secte peut pousser � l�outrance sinon l�outrage un des siens quand elle est accul�e � subir la lumi�re. Ecrire qu��Amirouche est un �tre hors du commun� et d�clarer le lendemain que c�est �un criminel de guerre� illustre � quel point les barbouzes veillent � ce que le d�bat soit �touff� et comment les parrains rattrapent un des leurs quand il se laisse gagner par le remords. Il faut que les inspirateurs de cette diatribe soient bien affol�s et qu�ils se sentent menac�s dans leurs int�r�ts vitaux pour perdre le minimum de retenu qui sied � toute expression publique. L�explosion de fureur publi�e dans le Soir d�Alg�rie le 10 mai a le m�rite de d�montrer, au cas o� il y aurait encore un doute, qui a donn� et s�questr� Amirouche et Haou�s. Les m�decins appellent cela un diagnostic post mortem. Pourquoi et comment le pays est �trangl� par une minorit� de pr�dateurs depuis l�ind�pendance ? M�me �loign�s du pouvoir formel, ils gardent les liens et surtout imbibent l��tat de leurs m�urs, v�ritables toxines qui conditionnent le fonctionnement des grands rouages institutionnels. Boussouf seul ne pouvait pas d�tourner les dynamiques de Novembre et de la Soummam. Boumedi�ne seul n�avait ni la l�gitimit� ni le cr�dit pour s�opposer au GPRA. C�est la synergie des deux qui a fait que le pire s�est impos� au destin d�un pays qui aurait pu �tre la Californie de la M�diterran�e occidentale. On a d�j� dit, � juste titre, qu�en politique, pour le meilleur comme pour le pire d�ailleurs, un plus un font plus de deux. Le responsable de l�arm�e des fronti�res a fini par avoir raison de son protecteur, le patron du MALG. Les deux sont aujourd�hui morts. La n�cessit� de poursuivre co�te que co�te la lecture de notre histoire s�impose, non pas pour accabler les deux hommes, mais pour emp�cher leurs clones de perp�tuer une pratique politique qui risque de d�sint�grer la nation. Et maintenant� Il se dit que ces activistes des t�n�bres, noyautant les institutions, veulent entretenir l�invective pour enrayer le d�bat et permettre � leur tuteur officiel d�intervenir encore une fois pour d�cr�ter que la discussion, �otage des extr�mismes �, doit s�arr�ter. La man�uvre a �t� d�j� test�e sur le dossier du terrorisme. On sait ce qu�il en a co�t� au pays. � toujours occulter la v�rit�, � refuser � la justice de suivre son cours, on a fait de l�Alg�rie un volcan. J�ai veill� � ce que mon livre traite des �v�nements qui ont entour� la mort et la s�questration des colonels Amirouche et Haou�s sans complaisance ni col�re parce que le silence qui entoure ces deux �v�nements est politiquement et symboliquement symptomatique du naufrage de la nation. Il est vital que les enfants d�Alg�rie se saisissent de cette opportunit� pour ne plus laisser les d�trousseurs de m�moire, qui sont aussi les semeurs de haine, ruiner leur pass� et miner leur avenir. Dans ce d�cha�nement de panique, de violence et de mensonges, un homme m�a adress� un message public m�invitant � continuer d��crire ce que je crois �tre utile pour mon pays. C�est suffisamment rare pour �tre relev� et salu�. Qu�il sache que pour moi une voix exprimant une conscience libre est plus audible que les vacarmes de la meute. Pour l�instant, on observe qu�un livre a suffi � �branler la citadelle. On d�couvre que le syst�me politique, avec ses pr�bendes, ses normes et ses m�thodes, n�est pas r�ductible � la sph�re du r�gime. Les r�actions enregistr�es jusque-l� me rappellent �trangement l�hyst�rie qui a suivi avril 1980 quand certains demandaient nos t�tes au motif que nous avions attent� � la Charte nationale pendant que d�autres, id�ologiquement aux antipodes des premiers, en appelaient au ch�timent supr�me car nous avions �br�l� le drapeau et le Coran�. Notre histoire b�gaie. Essayons de la faire parler. Librement. Sa�d Sadi Pr�sident du RCD et d�put�