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Le d�put� Hakim Saheb r�pond � Addi Lahouari
Publié dans Le Soir d'Algérie le 27 - 07 - 2010

Il faut toujours dire la v�rit� au peuple, disait feu le pr�sident Boudiaf quand il revint au pays apr�s un exil de 28 ans au cours desquels l�Histoire qu�il avait contribu� � �crire fut confisqu�e, d�tourn�e et retourn�e contre les acteurs qui l�avaient faite. Ce d�tournement de notre m�moire co�te cher, trop cher au pays. C�est pour cela que chacun d�entre nous se doit d�intervenir en �me et conscience � chaque fois qu�il assiste de pr�s ou de loin � une entreprise de d�sinformation quel qu�en soit l�auteur et quelles que soient ses raisons.
La r�ponse faite par Addi Lahouari � Nordine A�t Hamouda est exemplaire des soci�t�s frapp�es dans leur vitalit� ; elle fait partie de ces pi�ces o� l�intervenant, encourag� par les effets d�une guerre dont il s�est prot�g�, s�octroie une autorit� en instrumentalisant une science dont il s�affirme unique d�tenteur pour d�livrer � la �communaut� des ignorants� ses v�rit�s avec une suffisance et une mauvaise foi qui ne doivent laisser aucune place au silence. Pour couper court � tout malentendu, j�affiche la couleur. Je suis avocat et d�put� du RCD. J��tais �tudiant et j�ai eu le privil�ge et l�honneur d�assister � la cr�ation du parti. C�est donc en tant que citoyen mais aussi comme militant, �lu et coll�gue de Nordine A�t Hamouda que j�interviens. Cela ne m�emp�che ni de faire l�effort de la lucidit� ni de me soumettre � ce qui guide mon �thique dans la vie politique o� je me suis engag�.
Tout commen�a par l�imposture intellectuelle
Ce qui motive mon intervention, c�est le devoir de m�exprimer face � cette volont� d�lib�r�e de fausser le d�bat de la part d�un homme qui s�affiche comme un universitaire charg� d�observer et d�analyser sa soci�t� dont personne ne peut et ne doit contester le propos. Cette pr�tention a quelque chose du terrorisme intellectuel propre aux cadres des syst�mes totalitaires. Monsieur Addi n�a ni l�excuse de l�ignorance ni celle de la contrainte � faire valoir pour commettre une sortie construite sur les contrev�rit�s patentes et soutenues par des allusions politiques pernicieuses. Tout commence par la confiscation du mot. M. Addi fait mine de ne pas distinguer islam et islamisme, il sugg�re que Djaout �tait un �radicateur et que Hachani �tait un r�conciliateur, il distille l�id�e que les activistes de 1991 �taient de paisibles acteurs politiques qui n�avaient d�autres intentions que celles d�honorer un mandat politique banal en attendant de le remettre en jeu et relance la rengaine gauchiste fran�aise qui a d�cr�t� que celui qui ne se soumet pas � l�aventure int�griste est contre la paix. Enfin, M. Addi r�duit la sc�ne politique nationale � un bin�me police politique-int�grisme. Celui qui n�est pas chez l�un est m�caniquement affect� chez l�autre. M. Addi sait que tous ses pr�alables sont faux. Il a cependant besoin de ces maquillages pour r�gler ses comptes. Ce faisant, l�universitaire sort de son r�le et d�fend un projet politique dont il ne veut assumer ni les expressions ni les cons�quences. Cela est intellectuellement malsain. Mais il n�y a pas que cette pr�tention � abuser d�une science sociale pour fausser concepts et �v�nements historiques qui pose probl�me. M. Addi disqualifie a priori tous ceux qui viendraient a relever ou souligner ses �garements et autres manipulations en jouant sur le registre subjectif. Ses adversaires sont �brutaux et m�chants� alors que lui, vierge de toute tentation politique, �critique et analyse�. Voil� le d�cor dans lequel M. Addi nous impose de jouer. N. A�t Hamouda a rappel� comment, un tantinet comminatoire et faussement conciliant, M. Addi sert un discours en Kabylie avant d�en revenir � ses vieilles haines quelques jours plus tard en ciblant ceux qui n�ont ni abdiqu� ni c�d� devant la barbarie soutenue par la puissance m�diatique des socialistes fran�ais qui, voulant faire oublier leur compromission avec le FLN depuis 1962, s�engag�rent dans une complicit� avec l�islamisme qui laissera des cicatrices durables entre le PS fran�ais et les forces d�mocratiques alg�riennes.
Diaboliser l�adversaire pour justifier l�innommable
M. Addi n�a pas critiqu� Sa�d Sadi sur ce qu�il a dit ou �crit mais en fonction de positions ou d�arri�re-pens�es qu�il lui attribue, n�enviant en cela rien aux services sp�ciaux alg�riens form�s � l��cole sovi�tique qui jugeaient, et dans une certaine mesure continuent � le faire, les opposants en tant qu�agents de l�imp�rialisme d�s lors qu�ils osaient r�ver d�un autre destin pour leur peuple. A entendre M. Addi, le combat men� par Sa�d Sadi contre l�extr�misme religieux serait en fait le paravent d�une lutte contre l�islam visant � d�nier au musulman le droit de pratiquer dans son pays. Saisissant la parution d�un livre sur le parcours d�un h�ros de la guerre de lib�ration, le repr�sentant du groupe de Rome dans les m�dias fran�ais s�emploie � r�animer la machine � d�sinformer. Il n�a contest� ni la pertinence de l�analyse, ni la v�racit� des faits, ni les documents �tal�s par Sa�d Sadi tout au long de son ouvrage. Il rebondit sur le livre et s�attelle � relancer la litanie des jugements qui condamnent l�homme politique dans le traitement de faits historiques en invoquant, d�une part, les risques de manipulation � M. Addi �tudie les faits pendant que les autres les manipulent � et d�amalgamer, d�autre part, des situations politiques antagoniques et les lectures n�cessairement diff�rentes qui en d�coulent. Il va de soi que les enjeux de la situation conflictuelle n�e au lendemain de l�ind�pendance sont d�une autre nature que ceux des �v�nements de d�cembre 1991. Chaque �pisode appelle des mesures et des lectures adapt�es. D�s lors que la falsification des faits est av�r�e et qu�elle �mane d�un homme qui ne saurait s�abriter derri�re la m�connaissance d�une situation politique, on peut et on doit poser clairement la question : la sortie de M. Addi Lahouari est-elle fortuite ou est-elle savamment synchronis�e pour venir � la rescousse du clan d�Oujda, aujourd�hui repr�sent� par le chef de l�Etat, dans une politique de � r�conciliation�, dont on mesure chaque jour les co�ts humain et politique, en lui apportant la caution d�un intellectuel connu pour �tre un partisan du contrat de Rome ? Le lynchage m�diatique qui a accompagn� la publication du livre sur le colonel Amirouche donne un avant-go�t de ce qui est r�serv� � tous ceux qui seraient tent�s d�exprimer une autre opinion sur les th�ses officielles retenues sur le Mouvement national.
Occulter le r�gionalisme pour l�gitimer le tribalisme
D�cid�ment, l�histoire de la guerre d�Alg�rie, comme l�affirme Sa�d Sadi dans sa r�ponse � Ali Kafi, �est un butin trop pr�cieux pour �tre restitu� au peuple.� Le d�bat que r�clame notamment la jeunesse alg�rienne n�aura pas lieu tant que la m�moire reste confisqu�e par les rentiers et "tard-venus de la guerre de lib�ration", pour reprendre une expression ch�re � Mostefa Lacheraf, ce sociologue qui a assum� sa mission avec loyaut�, pertinence et rigueur. Ce d�bat sera toujours diff�r� si l�Histoire demeure l�otage des h�g�monies id�ologiques ou intellectuelles qui la mutilent aujourd�hui encore et si les universitaires ne s�affranchiront pas de chapelles politiques auxquelles ils offrent une soumission d�autant plus pernicieuse qu�elle ne s�avoue pas. Notre m�moire collective est toujours traumatis�e par l�omerta impos�e � ceux qui savent et qui pourraient dire la v�rit�. Le processus de construction de la conscience nationale et de la soci�t� civile naissante exige, dans la phase tumultueuse de notre v�cu national actuel, que toute la lumi�re soit faite sur cette �tape matricielle, comme sur celles qui l�ont suivie, marqu�es entre autres par la trahison des colonels Amirouche et Haou�s et les assassinats de Abane, de Chabani, de Chabou, de Khider, de Krim et, plus tard, de Boudiaf. C�est probablement en cela que l��uvre de Sa�d Sadi, qui s�inscrit en droite ligne de cet imp�ratif, d�range. Mais, venons-en aux propos de l�auteur de ce qui aurait pu appara�tre, s�il n�y avait r�cidive, comme un simple d�rapage et/ou malentendu s�mantique provoqu� par la panique : �La r�gression f�conde�. M. Addi Lahouari d�clare p�remptoire : �J�ai cherch� � donner mon point de vue � Tizi Ouzou parce que j��tais g�n� par la tournure pro et anti-kabyle que prenait la pol�mique dans les journaux. Il fallait "d�kabyliser" le d�bat et le centrer dans son cadre politique et th�orique (�). Il ne faut pas ethniciser les divergences et oppositions (�).� �D�kabyliser� le d�bat, le mot est l�ch�. A l��vidence, toute r�f�rence � l�un des plus grands tabous de l�Alg�rie ind�pendante d�range et effraie notre universitaire. Il ne faut d�noncer ni l�antikabylisme qui s�institutionnalise chaque jour davantage, ni l�ostracisme identitaire et socioculturel qui frappe toute une r�gion depuis l�ind�pendance ni m�me et surtout la tribalisation de l�Etat o� pas moins de treize ministres issus d�une m�me localit� occupent au sein du gouvernement la plupart des si�ges de souverainet�. Nous sommes sentencieusement somm�s de d�tourner le regard d�un sujet o�, en principe, l�expertise de la sociologie aurait d� �clairer la nation et la pr�venir des dangers d�explosion qui la guettent. Les intervenants qui m�ont pr�c�d� ont signal� le blocage d�un projet Pnud au seul motif qu�il �tait partiellement destin� � la Kabylie. On vient d�apprendre que le gouvernement a refus� l�ouverture du centre culturel fran�ais � Tizi-Ouzou alors qu�il a accept� le fonctionnement de ceux des autres r�gions pour ne parler que des derni�res d�cisions et M. Addi nie toujours les tendances r�gionalistes qui ont pes� sur tout le mouvement national. On accepte volontiers que l�id�ologie arabo-islamique r�gne en ma�tre absolu sur l�ar�opage institutionnel national et l�on fait fi du fait que l�arabisme, � l�instar de l�islamisme (qui n�est pas l�islam M. Addi, vous le savez bien ), est exog�ne � la soci�t� alg�rienne et qu�il a �t� clon� sur le corps social national par de m�diocres "coop�rants" import�s du Moyen-Orient d�s l�ind�pendance avec la b�n�diction et les moyens du pouvoir alg�rien domin�, cela aussi vous le savez M. Addi, par un clan d�Oujda h�g�monique de 1962 � ce jour. Le sociologue averti semble ignorer que c�est par l��cole, la mosqu�e et les m�dias publics que la jeunesse alg�rienne a �t� livr�e, poings et pieds li�s, � la th�ocratie naissante et � l�improvisation populiste. Le d�labrement du niveau de l�enseignement, la perte des rep�res identitaires et la minorisation progressive de la femme sont, entre autres, les leviers sur lesquels se sont appuy�es les forces conservatrices � l�int�rieur et � la p�riph�rie du syst�me avant de d�river, sous la banni�re islamiste, vers une insurrection qui s�exprime aujourd�hui par la violence.
De la d�mission morale au fourvoiement intellectuel
Oui, M. Addi, l�impasse actuelle a ses origines, ses m�canismes et son expression. Des patriotes, dont vous occultez l�existence, luttent pour une alternative qui lib�re la nation et du syst�me militaire et de son clone int�griste. Ils affirment sans ambages que le sevrage identitaire et la c�sure de la m�moire, conjugu�s au d�lit de parole, ont g�n�r� le terreau qui est � l�origine du drame qui ensanglante l�Alg�rie depuis deux d�cennies : la jeunesse �tant, quelle que soit la faction qui l�a capt�e � pouvoir ou terrorisme � la premi�re victime d�une politique qu�elle n�a ni �labor�e ni choisie. Du point de vue de ces patriotes, cette violence n�est ni fortuite ni fatale. Produit direct du syst�me, son d�passement suppose n�cessairement la rupture avec le pouvoir actuel, �formel ou r�el�, et une r�organisation de l�Etat qui appelle de nouvelles r�gles de fonctionnement et de r�gulation. Toujours tendancieux, M. Addi persiste et nage dans les eaux troubles du confusionnisme li� � sa th�orie de �r�gression f�conde�. En effet, il reproche � Sa�d Sadi, vingt ans apr�s, de s��tre oppos� � une aventure dont le pays a, depuis, mesur� et �prouv� les affres, et d�avoir �t� parmi les initiateurs de l�interruption d�un processus �lectoral qui hypoth�quait le devenir alg�rien. Notre universitaire nous explique que l�extr�misme islamiste n��tait qu�une simple manifestation de la foi musulmane que des m�cr�ants, intol�rants, incultes et sans ancrage populaire n�ont pas su comprendre. Et de nous inviter � regarder ce qui se passe dans les pays qui ont apprivois� les segments conservateurs de leur soci�t� � travers les mouvements sociaux et chr�tiens d�mocrates. Si le sociologue n�avait pas �t� asservi par le militant honteux, M. Addi aurait not� que dans ces mouvements, il y a un mot qui les d�finit et que ses alli�s ont eu le courage de renier publiquement : c�est le mot d�mocrate. On n�a pas encore entendu des formations politiques belges, allemandes ou italiennes d�clarer que la d�mocratie est une h�r�sie �dimoqratiya kofr�. Pourquoi un universitaire se perd-il dans de tels m�andres au risque d�y perdre son �me ? Myst�re et mis�re de certaines �lites alg�riennes ! Bien s�r, lorsqu�on a choisi de quitter le pays, pr�cis�ment au d�but de l�ann�e 1992, et que l�on a mis sa prog�niture � l�abri des risques et de tout p�ril, on peut se permettre d�avancer mille et une th�ories et de faire de son pays un champ d�exp�rimentation, voire un laboratoire � ciel ouvert, nonobstant le co�t humain qui en d�coule. Mais lorsque l�on n�a pas de pays de rechange � dixit Sa�d Sadi � et que l�on a l�Alg�rie dans le c�ur, avouez M. Addi, que l�on n�a pas d�autres choix que de s�opposer simultan�ment � l�hydre int�griste et � son g�niteur, le r�gime en place. Les atermoiements et les reniements ne sont que des fuites en avant. Au fond de vous-m�me, vous admettez ce qu�a dit Sa�d Sadi : �L�int�grisme, c�est comme la mort ; on n�en fait l�exp�rience qu�une fois.� La diff�rence avec vous c�est que lui l�a dit et assum�. M�ditez la sentence, vous qui demandiez de la coh�rence aux hommes publics. La finalit� du mouvement int�griste est, au demeurant, d�une totale clart� : imposer la Charia au niveau politique et civil et la bazarisation sur le plan �conomique. On est loin de l�Etat de droit o� force reviendrait � la loi et de la r�gulation �conomique par le march�. M. Addi, qui cultive, sans y croire, la dissolution de l�id�ologie islamiste dans la d�mocratie, sait, plus que quiconque, que ce mouvement est d�essence totalitaire, qu�il dispose de relais extranationaux et conna�t le sort r�serv� aux opposants partout o� cette doctrine a pris le pouvoir. Il n�a pas, �galement, l�excuse d�ignorer les d�clarations ant�rieures � d�cembre 1991 des dirigeants de cette n�buleuse. On se croyait d�finitivement d�livr� d�un certain jargon politique qui appara�t aujourd�hui bien d�suet. Mais puisque M. Addi nous ressert sa marotte, rafraichissons-lui la m�moire. Le vice-pr�sident de l�ex-FIS d�clarait, entre autres : �Il n�y a pas de d�mocratie, car la seule source de pouvoir, c�est Allah et le Coran et non le peuple. Si le peuple vote contre la loi de Dieu cela n�est rien d�autre qu�un blasph�me ; dans ce cas, il faut tuer ces m�cr�ants.� ( Horizons du 23 f�vrier 1989), ou encore, �sachez que la d�mocratie est �trang�re dans la maison de Dieu. Prenez garde � celui qui vient vous dire que la notion de d�mocratie existe en Islam. Il n�y a pas de d�mocratie en Islam. La d�mocratie est kofr.� ( Le Maghreb du 20 octobre 1989). Si l�on voulait �tre rigoriste, on pourrait convenir que l�auteur de ces paroles est plus respectable que M. Addi car il croit � ce qu�il avance et il a pay� pour ses id�es. M. Addi aiguillonne la radicalit� islamiste sans y croire et en prenant soin de se prot�ger et de ses implications et des �ventuelles r�torsions auxquelles pourrait l�exposer son adh�sion. Au c�ur de ce rejet de la d�mocratie, il y a le refus du libre arbitre. Le citoyen n�a pas � choisir, il n�a qu�� subir. M. Addi, qui fut le chantre du Contrat de Rome ou de ce qui en reste, conna�t plus que tout autre l��nonc� de la disposition 2�6 dudit contrat qui consacre explicitement �la primaut� de la loi l�gitime� ; litt�ralement la Charia dans le document arabe et non, comme l�insinuent M. Addi et ses acolytes dans la traduction fran�aise, la loi l�gitime ou la volont� populaire. Est-il utile de rappeler que cet accord a �t� paraph� par ceux-l� m�mes qui se sont r�jouis de l�assassinat de Tahar Djaout et qui ont l�gitim� le carnage du boulevard Amirouche ? Le but de cette r�union, qui a voulu blanchir et sanctifier le crime de l��lite et des patriotes alg�riens, visait la l�gitimation du terrorisme sur le plan international au moment o� il �tait disqualifi� politiquement dans le pays et mis � mal militairement gr�ce � la r�sistance des citoyens r�publicains.
Devoir de v�rit� sur la d�cennie rouge
Il ne s�agit ni d�appeler � la vengeance ni de se voiler la face. De ce point de vue, les acteurs politiques d�ob�dience diff�rente, voire diam�tralement oppos�e doivent conjuguer leurs efforts pour que la v�rit� vive et que la justice passe. Le terrorisme int�griste disposa, pendant toute la d�cennie rouge, de th�oriciens qui ne sont pas toujours ceux que l�on croit. Il b�n�ficia, � l��vidence, d�atouts qui expliquent sa long�vit� : son discours fut homologu� et eut sa place dans les m�dias assur�e ; ses guerriers furent immunis�s contre la justice et ses complicit�s intellectuelles et politiques multiples. On comprend d�s lors qu�il perdure et qu�il adapte son action au gr� des circonstances politiques au grand bonheur des tuteurs de la nation. Exit les enterrements qui ont longtemps et continuent h�las � de rythmer la vie des familles de patriotes. Quant aux jeunes qui meurent dans les maquis, il se trouvera toujours un Addi r�siduel pour expliquer que leur mort �tait n�cessaire ou, en tout cas, justifi�e. Militant de terrain et intellectuel engag�, Sa�d Sadi �crivait en janvier 1995 dans Alg�rie : l�alternative que �les d�mocrates ont eu aussi � expliquer, et ce fut long et difficile, que le ��dialogue�� pour les int�gristes signifie, comme au demeurant ils se plaisent � le rappeler, renoncement. Mise � mal par un d�ficit en communication et des th�ses inspir�es et, en tout cas, largement relay�es � l�ext�rieur du pays, l�Alg�rie r�publicaine a d� se battre pour que la disqualification d�un r�gime corrompu ne s�accompagne pas de la valorisation de l�int�grisme et que la lutte contre cette nouvelle forme de fascisme ne signifie pas soutien au r�gime, loin s�en faut, puisque le premier n�est que le produit du second.� Il fallait surtout r�pondre aux commentateurs dont faisait partie Addi Lahouari qui r�duisirent la crise alg�rienne � un affrontement duel entre ��radicateurs� (l�arm�e) et �r�conciliateurs� (alli�s du FIS), comme si la solution se r�sumait � la gestion de l�affrontement en soi et comme si en dehors de ces deux facettes d�une m�me m�daille, il n�y avait pas d�autres forces, pas d�autres perspectives pour l�Alg�rie. On n�a pas encore pris toute la mesure du co�t pay� par la nation alg�rienne � la pollution des concepts et � la perversion des mots. Dans le texte cit� plus haut, Sa�d Sadi �crivait � ce propos : �En y regardant de plus pr�s, on se rend compte que ces deux options sont beaucoup plus proches qu�il n�y para�t�. Les ��radicateurs� souhaitent r�sorber le terrorisme sans renier l�int�grisme. C�est la d�marche d�une bonne partie du r�gime actuel, l�essentiel �tant d�en �tre le tuteur. Les �r�conciliateurs� recherchent un compromis avec l�int�grisme. Par d�finition, ils ne s�en d�tachent pas. Du reste, ces deux positions trouvent leur convergence sur le champ de bataille . Il ajouta qu�� �ce jour pas un notable du r�gime ou de l�int�grisme n�a �t� touch�. Qu�ils soient policiers, militaires, �tudiants ou ch�meurs, les jeunes qui tombent quotidiennement sont tous d�extraction sociale modeste�. Pour avoir fait mon service national en 1995/1997, je n�ai pas souvenir d�avoir rencontr� les enfants de la nomenklatura, ces patriotes sonores ou ceux se r�clamant de la �famille r�volutionnaire� parmi les troupes expos�es en premi�re ligne dans cette boucherie. Cela �tant, je ne savais pas que Djaout, Yefsah, Boucebci, Alloula ou ses ex-coll�gues universitaires, tels Liabes, Boukhobza, Fardedhab, avaient tortur�, d�capit�, tu� qui que ce soit ou commis un quelconque crime. Ces victimes par anticipation de la �r�gression f�conde � sont stigmatis�es pendant que leurs bourreaux se voient r�habilit�s et, � l�occasion, r�mun�r�s. Suivant cette logique, Amirouche, Haou�s, Ben M�hidi Zighoud, Didouche seraient responsables de leur propre mort et de celle de milliers de chouhada qui ont lib�r� le pays. M. Addi sait pertinemment que ce n�est pas l�Arm�e seule, loin s�en faut, qui a �vit� le naufrage de l�Alg�rie. C�est la soci�t� dans ses segments patriotiques ; ce sont les femmes et les hommes �pris de justice et d�amour pour leur pays qu�on ne cesse d�invectiver et de d�nigrer qui l�ont sauv�. Que M. Addi ne veuille pas se battre, on peut le comprendre. Qu�il s��gare un instant, il en a le droit � l�erreur est humaine �, mais qu�il persiste dans la mauvaise foi et l�irresponsabilit� politique, sa cr�dibilit� intellectuelle en prend n�cessairement un s�rieux coup. En pr�fa�ant le livre de Souadia, dont il a �t� �tabli qu�il est truff� de contre-v�rit�s et dont tout le monde sait aujourd�hui qu�il a �t� commandit� et �crit par des gauchistes revanchards, M. Addi s�est transform� en agent actif de la d�sinformation. Aujourd�hui, apr�s les d�cantations op�r�es durant ces deux d�cennies, la majorit� des Alg�riens comprend � ou ressent intuitivement sans pouvoir la conceptualiser � la confusion qui est faite entre l�Islam comme religion et l�int�grisme islamique comme projet politique. Cette �volution dans la soci�t� fait que ni les ��lites urbaines� ni m�me les �masses populaires� ne voudraient donner � l�int�grisme la base sociale qui lui permettra de prendre le pouvoir par la voie insurrectionnelle ni, d�ailleurs, par la d�mocratie formelle puisque nous sommes avertis que la comp�tition �lectorale est unique et qu�elle n�a pour seul objectif que de porter au pouvoir �la volont� de Dieu�.
Un livre qui r�veille la vigilance citoyenne
L�engouement populaire suscit� autour du livre de Sa�d Sadi, qui invite les Alg�riens � une lecture libre de notre histoire, illustre de fa�on �clatante que la soci�t� est toujours porteuse de fortes �nergies et que lorsque l�on va sur le terrain, et c�est ce que fait le RCD, ne vous en d�plaise M. Addi, il est possible de mobiliser. La mise � nu du d�tournement de l�histoire de la guerre de lib�ration pr�munit des tentations de charlatans qui voudraient� mystifier la nation sur les origines et les responsabilit�s de la crise qui ensanglante encore l�Alg�rie. L�int�r�t et les �changes suscit�s par l�ouvrage de Sa�d Sadi cr�ent un climat de vigilance citoyenne qui ne favorise pas la d�cong�lation du contrat de Rome � laquelle s�essaie M. Addi. S��rigeant en ap�tre de la bonne parole, M. Addi d�cr�te : Sa�d Sadi �a �t� plut�t brutal, souvent m�chant, personnalisant et r�gionalisant le d�bat. En parlant de Ben Bella, Mahsas, Kafi� il est irrespectueux.� Car ce sont, ditil, des �symboles� qu�on ne doit pas �traiter comme des moins que rien.� A l�inverse, lui, peut s�autoriser tous les jugements. Quand il �crit que A. Boussouf est �un militant des ann�es 1940 �lev� dans le culte de la violence contre le syst�me colonial �, ce que ne nie pas d�ailleurs Sa�d Sadi, et, que pour Boussouf, �une divergence politique doit se r�soudre par la disparition physique�, ou encore �Si Ferhat Abbas avait la force de caract�re de Abane, il l�aurait tu�, M. Addi n�est ni s�v�re ni brutal : l�aristocrate national analyse pendant que ses adversaires, n�cessairement r�gionalistes, invectivent. On aurait aim� entendre l�universitaire Addi d�plorer la m�chancet� et la brutalit� le jour o� le m�me Kafi traita Abane de traitre ou, plus pr�s de nous, quand M. Benachenhou annon�a qu�Amirouche �tait �un criminel de guerre�. Ces propos n��tant pas ent�rin�s par le ma�tre de la biens�ance, ne doivent pas figurer dans le lexique politique d�fini par M. Addi. Il y a deux ou trois ann�es, ces manipulations et les attaques malgaches et assimil�es lanc�es contre Sa�d Sadi seraient probablement rest�es sans r�ponses. Des anciens maquisards, des journalistes, des militants jusque-l� r�sign�s, fatigu�s ou complex�s se sont lev�s et ont enfin r�agi ; c�est l� une autre victoire de Sa�d Sadi. En d�finitive, la sortie de Addi Lahouari est un prolongement de la pol�mique orchestr�e autour du livre sur le colonel Amirouche pour brouiller le d�bat politique qu�attend le pays depuis 1962. En dopant l�islamisme, en le d�douanant de ses crimes, en soutenant qu�il n�y a pas d�autre alternative aux militaires ou � l�int�grisme, M. Addi et ses semblables ont incontestablement r�ussi une chose : donner un sursis au r�gime. Et quitte � le suivre sur la parabole footballistique, lui qui invitait M. A�t Hamouda � jouer le ballon et non l�homme, autant lui rappeler que l�on ne peut pas pr�tendre participer au match si on joue en dehors du terrain.
H. S.


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