La semaine a été bruyamment marquée par la conférence de Chakib Khelil. Bien sûr, on aura d'abord retenu ceux qui s'en sont franchement offusqués. Pour d'autres raisons peut-être mais d'abord parce qu'ils étaient les plus nombreux à s'exprimer sur l'«événement». Ensuite, il y a ceux qui ont commenté avec plus ou moins de finesse dans la dérision. Il y a, enfin, ceux qui en ont parlé comme si de rien n'était, comme d'une conférence ordinaire donnée par un spécialiste ordinaire, une sorte de banalisation intéressée qui n'a pas dupé grand-monde. Mais à l'évidence, Chakib Khelil peut donner des conférences. On nous a toujours dit qu'il était un professeur émérite qui a enseigné dans une prestigieuse université américaine, c'est un expert reconnu dans son domaine et il a été ministre, ce qui le destine à cette reconversion dans l'air du temps. Le hic est qu'il veut indiquer le chemin de sortie de crise à des compatriotes qui l'attendent sur un autre terrain, beaucoup moins vertueux. Du coup, beaucoup voudraient lui dire qu'un problème est mal placé pour proposer une solution, mais apparemment il n'y a plus de... problème ! Naima Salhi, l'inénarrable présidente d'un énième démembrement islamiste, ne semble pas avoir de problème non plus, en dépit de son cuisant revers aux élections locales où elle n'a pas obtenu la moindre municipalité. La bonne femme, qui doit sa réputation à son apologie de la polygamie, est revenue dans les «jours d'après» nous apprendre que c'est «le peuple qui a fraudé aux élections» et il finira par se mordre les doigts quand ceux qui ont acheté ses voix se retourneront contre lui. C'est vrai que ce n'est vraiment pas sympa de laisser le peuple traficoter le scrutin et la priver ainsi d'un «quota» qui ne lui aurait jamais échappé si on avait continué comme avant, quand c'était le Pouvoir qui «arrangeait ça». On peut toujours lui dire que le peuple c'est le pouvoir, et inversement, mais avec zéro maire, ça lui fait une belle jambe. Enfin... Le monde a été secoué par l'horrible tuerie dans une mosquée du Sinaï où des centaines de soufis égyptiens ont laissé leur vie. Ici, beaucoup de monde a exprimé son indignation et sa condamnation de l'abject carnage. Il y a aussi ceux qui se sont tus comme d'habitude. Par lâcheté, par complicité idéologique ou par suspicion maladive, Israël étant toujours à portée de main pour le complot ourdi. Mais là, ce sont des réactions «classiques» et on s'y est habitués, par la force des choses. Moins perceptibles parce que pernicieuses, d'autres voix se sont élevées dans la foulée de l'horreur : des musulmans qui tuent des musulmans ! Pas besoin de décoder l'arrière-pensée, tellement elle est nette : ce serait donc plus «compréhensible», en tout cas moins pénible si l'attentat avait ciblé des gens athées ou d'une autre confession ! L'horreur ajoutée à l'horreur.