Le ministre de l'Intérieur rassure : les assemblées élues ont été installées dans de bonnes conditions et sans le moindre couac. Certes, mais ce que M Bedoui ne dit pas, c'est les premières «mesures» des nouveaux chefs de l'Exécutif (APC et APW). A court de prérogatives ces derniers qui, lors de la campagne électorale, avaient promis monts et merveilles à leurs électeurs, sont aussitôt rattrapés par la réalité : celle de ne se contenter que de la gestion bureaucratique de leurs services. Alors que certains-revenchards- se sont attelés à nettoyer les APC des résidus de leurs prédécesseurs, d'autres s'adonnent à une véritable chasse aux sorcières. On dégomme même les chefs de parc, les secrétaires, les directeurs suspectés de «rouler» pour l'équipe sortante. Il est même question de placer des «pointeuses» pour inciter à plus d'assiduité. Certains présidents d'APC à Alger, se sont même payés les services d'un exorciste «Raki» pour chasser le mauvais sort, et ce avant de prendre possession de leurs bureaux. Tous les moyens sont bons pour mieux s'installer...et dans la durée s'il le faut. Sur un autre chapitre, la dilution des responsabilités a toujours constitué un verrou pour le bon fonctionnement des assemblées élues. Au point où il est difficile de distinguer entre leur mission d'élus et de représentants de l'administration publique. Au point où les employés sont privés de leur droit le plus légitime : leurs congés. On gèle tout, même le dialogue, puisque les réceptions hebdomadaires avec les citoyens sont renvoyées aux calendes grecques. Il est à se demander, donc, quel est le rôle de ces élus du peuple qui ne cessent de se gargariser de gestion démocratique des collectivités locales ? Aussi, des employés qui, il y a quelques mois obéissaient au doigt et à l'œil à l'ancien maire, n'ont d'autres choix que de se mettre au service du nouvel homme fort. Ces derniers n'hésitent pas à lui «filer» les secrets de leur ancien «protecteur». Un «donnant-donnant» qui mettra tout le monde en confiance. Ces responsables locaux qui pour la plupart sont élus sur des bases tribales et d'appartenance étroitement familiales, sont-ils conscients que leurs comportements sont aux antipodes de la notion de service public ? Aussi, comment décide-t-on du jour au lendemain de mettre fin à la fonction d'un responsable sur la base d'une simple suspicion, d'une délation ou d'un règlement de compte ? Autant de dérapages que le département de M Bedoui doit prendre en ligne de compte pour évaluer l'action de ces élus, qui tendent à faire de la collectivité locale leur bien personnel.