La réunion entre le ministre de la Santé et les représentants des médecins résidents a viré à l'échec. Aucune décision concrète concernant la prise en charge des revendications des blouses blanches n'est à retenir. Mokhtar Hasbellaoui, impuissant, a laissé les délégués du Camra sur leur faim. En grève illimitée depuis le 24 décembre dernier, les médecins résidents promettent de répliquer à ce qu'ils qualifient de «mépris» du gouvernement à prendre en charge leurs revendications légitimes. L'espoir de voir enfin le ministre de tutelle proposer des solutions aux points inscrits dans la plateforme de revendications s'est évaporé au sortir de la réunion d'hier au siège du département. Pour résumer, Mohamed Taileb, délégué du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), qui a pris part à la rencontre explique : «Nous sommes sortis les mains vides. Aucun résultat probant n'est à retenir. La réunion s'est terminée au bout d'une quinzaine de minutes où le ministre a exprimé la position du gouvernement sur nos revendications avant de vaquer à d'autres obligations. Il n'y a même pas eu de débat». Alors que l'on s'attendait à un dénouement du bras de fer avec des propositions concrètes, notamment en ce qui concerne la lancinante question du service civil, le ministre de tutelle s'est contenté d'annoncer qu'il changera de formule dans la future loi sanitaire, «mais que le dossier n'est plus de son ressort car il revient désormais à l'APN d'en décider», précise le Dr Taileb, joint au téléphone. Surpris par cette réponse, les délégués du Camra qui savent déjà que le projet de loi sanitaire se trouvait à la chambre basse du parlement, voulaient plus de détails. Rien ! Pour les autres points en suspens, le ministre qui dit «avoir sollicité le Premier ministre Ahmed Ouyahia a affiché un niet catégorique du gouvernement». Ainsi, s'agissant de la revendication portant égalité de traitement vis-à-vis du service national, Hasbellaloui s'est limité à dire qu'elle ne relève pas de ses prérogatives, mais de celles du ministère de la Défense nationale. Idem pour l'amélioration de la formation sur laquelle il a indiqué qu'«il revient au département de l'Enseignement supérieur de trancher». Un autre «non» a aussi été réservé au dossier du statut de résident. «Sur ce point, le ministre nous a expliqué qu'il est hors de question d'aller vers une révision en l'état actuel des choses, au risque de pousser d'autres catégories de travailleurs du secteur à réclamer la même chose et créer une anarchie générale», relate notre source qui se demande finalement à quoi avait servi cette rencontre. Le comble dans tout ça, c'est que les délégués du Camra n'ont même pas eu l'occasion d'exposer leur point de vue ou de proposer des solutions alternatives. «On aurait aimé, malgré les réponses du gouvernement, voir le ministre installer un groupe de travail où il y aurait la participation de toutes les parties, maintenir le dialogue et essayer de trouver des arrangements à l'ensemble des problèmes posés. Hélas, le Professeur Hasbellaoui s'est montré incapable, renvoyant tous les points au Premier ministre», regrette le Dr Taileb. Sur cette fin inattendue, les médecins résidents ne comptent pas rester les bras croisés. Une réunion devait avoir lieu hier en fin de journée pour décider des suites à donner à leur mouvement, largement suivi dans les hôpitaux. La grève illimitée devra sûrement être accompagnée d'actions musclées. Déjà que l'arrêt de travail paralyse lourdement l'accueil des malades dans les établissements de santé, le gouvernement vient d'ouvrir la boite de Pandore dans ce conflit...