Passée l'euphorie des élections locales du 23 novembre dernier qui ont vu les nouveaux maires de différentes couleurs politiques et listes indépendantes portés aux commandes des 67 communes que compte la wilaya de Tizi Ouzou, voilà que le citoyen-électeur se retrouve à nouveau face au sempiternel problème du blocage de nombreux exécutifs communaux. Installés officiellement il y a presque un mois à la tête des communes à l'issue du scrutin du 23 novembre dernier, de nombreux maires n'arrivent toujours pas à former leurs exécutifs en charge de la gestion des affaires de la collectivité durant les cinq prochaines années, faute de majorité ou de consensus entre les élus des différentes couleurs politiques composant l'exécutif communal. C'est le cas, à titre illustratif, dans la commune d'Ain El Hammam, où le nouveau maire, Lyazid Ould Taleb, réélu pour un deuxième mandat de suite, sous la bannière du Mouvement populaire algérien (MPA), fait aujourd'hui face au blocage de son exécutif, en raison d'un bloc de l'opposition constitué par des élus du FFS et du RCD. En effet, avec huit élus sur les dix-neuf que compte cette importante municipalité de la wilaya, le maire MPA se retrouve face à une opposition composée de onze élus qui n'a pas hésité à afficher ouvertement son refus de composer avec le nouveau maire, et encore moins lui accorder son quitus lors des différents votes proposés en plénière. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé mercredi dernier lors de la tenue d'une assemblée des élus pour le vote du budget primitif de l'année 2018, lorsque les sept élus du FFS et les quatre du RCD se sont opposés au vote du projet proposé par l'exécutif mené par la maire MPA. Lors du vote à main levée, les voix des huit élus du MPA se sont avérées insuffisantes pour entériner le BP 2018 en raison du veto exprimé par les onze élus de l'opposition. Ces derniers ont décidé de ne pas cautionner les décisions de l'exécutif en raison, semble-t-il, des réticences exprimées devant le choix des élus qui composent le nouvel exécutif proposé par le maire. Même topo au niveau de la commune voisine d'Ait Yahia, où le nouveau maire, Tahar Benslimane, issu de la liste RCD avec cinq sièges sur les quinze que compte cette municipalité, s'est retrouvé coincé dans son travail par les élus de l'opposition composée de cinq élus du FFS, trois élus du FLN et deux pour le RND. Les élus de ces trois formations ont en effet fait bloc en rejetant la composition de l'exécutif proposé au vote par le maire RCD. La répartition des commissions, principale cause Ce dernier, qui avait pourtant au départ soumis ses propositions aux élus du FFS pour intégrer son exécutif avec un partage équitable des commissions avec les élus de son parti, s'est retrouvé finalement piégé par la sortie des élus du FFS qui ont décidé de faire bloc avec leurs homologue du FLN et du RND, qui ont voté à l'unanimité contre la composante de l'exécutif, ce qui veut dire que l'on se dirige droit vers le blocage de cette APC. Un scénario quasi identique dans la commune d'Ain Zaouia, daïra de Boghni, au sud la wilaya, où le nouvel exécutif proposé par le maire issu de la liste FLN s'est vu rejeté par l'alliance des élus de l'opposition composée du RCD, le PT et les Indépendants. Forts de leurs 8 sièges, ces derniers se sont en effet opposés à la proposition du maire pour la composition du nouvel exécutif, qui n'a reçu finalement que l'approbation de sept élus, à savoir quatre du FLN et 3 du FFS. Une situation qui se répercuter sur le bon fonctionnement des APC en question, puisque le blocage que connaissent ces exécutifs aura des conséquences fâcheuses sur le quotidien des citoyens. «Le blocage aura des répercussions négatives sur la vie des citoyens de notre commune, car avec le rejet du vote du budget primitif par les élus de l'opposition, ce sont en premier lieu les simples ouvriers de notre commune qui seront privés de leurs salaires et ce sont surtout les élèves des écoles primaires qui ne vont pas bénéficier de repas à la cantine et de chauffage dans les classes faute de budget», affirme avec regret un élu à l'APC d'Ain El Hammam. Pour les observateurs, les raisons de ces multiples blocages sont à chercher en majorité dans les querelles entre les élus pour les postes juteux des différentes commissions. Des postes fortement rémunérés avec des salaires mensuels oscillant entre 50 000 et 70 000, en fonction de la taille de la commune et de nombreux autres privilèges dont bénéficieront ses occupants tout au long de leurs mandats. «Le blocage ne tient à aucun argument politique pour la simple raison qu'une liste élue à la tête d'une marie ne pourra jamais appliquer le programme de sa formation, ce qui fait que dans la majorité des cas, les blocages que subissent certaines mairies sont à chercher au niveau des querelles sur les privilèges qu'offrent les postes à pourvoir dans l'exécutif, parfois au sein des élus du même parti», nous confie un ancien élu.