Au moment où les spécialistes tirent la sonnette d'alarme et mettent en garde contre les «agissements» de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) et les services concernés au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, concernant la gestion des marchés de médicaments destinés aux malades cancéreux, ce même département tente de rassurer. Le ministère de la Santé estime que ces produits sont soit disponibles, soit en phase finale de réception. Dans un communiqué diffusé dimanche, le département de Mokhtar Hazbellaoui a tenu à apporter des précisions conséquemment aux informations faisant état de ruptures dans les traitements destinés aux cancéreux, les rassurant sur leur disponibilité «actuelle ou prochaine». Mais, l'on est loin d'être totalement rassuré d'autant que pour beaucoup de produits, la même source reconnait parfois une tension mondiale, un changement de fournisseur, voire même une rupture en raison d'un problème technique. C'est l'exemple du Crisantaspase (injectable 10 000 UI), un produit destiné au traitement de la leucémie, pour lequel le ministère précise qu'il fait objet d'«une tension mondiale», et que l'«unique laboratoire, le fabricant a procédé à son rationnement». Cependant, «une nouvelle quantité sera expédiée dès janvier 2018», assure le même département. S'agissant de l'acide Ibandronique injectable (6 mg/6ml), le communiqué note que «depuis quelques années, l'avis d'appel d'offres pour ce produit des laboratoires Roche est systématiquement infructueux, d'où son remplacement par un équivalent (l'acide zoledronique) produit par la société algérienne Frater Razes et qui est actuellement disponible». Un procédé que dénoncent fortement les spécialistes, opposés au principe d'interchangeabilité, -c'est-à-dire le changement d'un médicament par un autre au cours d'un traitement-, estimant que ces biosimilaires sont «tolérés» pour le traitement de nouveaux patients, mais pas à ceux qui ont déjà entamé leur cure avec un ancien médicament. D'ailleurs, devant ce vide juridique, professeur Bouzid, chef de service Oncologie au CHU Mustapha Pacha d'Alger, cité par un confrère, dit avoir interpellé et prévenu, il y' a déjà une année et demie, sur la nécessité de promulguer une réglementation pour l'interdiction de l'interchangeabilité des médicaments au cours du traitement des malades. Son cri ne trouve, hélas, jusqu'à présent pas d'oreille attentive. L'interchangeabilité dénoncée Concernant le Cytarabine ( Inj 100 mg), le ministère précise avoir «procédé à son importation auprès d'un autre laboratoire que le fournisseur de la Pharmacie centrale des Hôpitaux (PCH), les laboratoires Pfizer en l'occurrence», et que «les premières quantités expédiées sont actuellement sous douane et devant assurer une moyenne de plus de deux mois de couverture». Quant au Dacarbazine (Injc 100 MG), le département de Mokhtar Hasbellaoui assure qu'il est «disponible, grâce à un approvisionnement assuré par deux laboratoires internationaux». Ce n'est pas le cas du Melphalan (Comprimés 2 mg) qui «est en rupture de stock , en raison de changement de titulaire, lequel a demandé une augmentation faramineuse de prix ayant entrainé un scandale à l'international», reconnait-on dans le même communiqué. Tout en assurant la «disponibilité» du Mesna (Inj), le ministère de la Santé informe les concernés que le Vincristine (Inj 1 mg) est par contre «en rupture, car les laboratoires le produisant ayant fait état d'un problème d'ordre technique sur la ligne de production». La livraison est donc «décalée à février 2018», précise-t-on, soutenant que le Vinblastine (Inj 10 mg) dont la «disponibilité» est assurée, pourrait constituer une «alternative thérapeutique». Le retard dans l'importation à cause de «contraintes administratives exogènes», touche aussi au Lapatinib (250 mg comprimés) dont une quantité représentant deux mois et demi de stock est en cours de libération par le Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques (LNCPP), alors que la prochaine expédition est prévue pour début janvier en cours. Idem enfin pour le Pazopanib (400 mg comp) dont «l'importation a été retardée par des contraintes administratives exogènes», alors que sa commande «est en instance de libération» par le même LNCPP, précise le ministère de la Santé.