Depuis l'annonce d'une prétendue attaque chimique en Syrie, c'est une litanie de déclarations qui se suit. Hier, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a affirmé que «toutes les informations qui étaient en possession de son pays convergent pour dire qu'il y a eu un massacre chimique près de Damas». Pour lui, l'auteur de ce massacre n'est autre que le régime de Bachar Al Assad. Réitérant son appel à une enquête des Nations unies, il a plaidé de nouveau pour une réaction forte en cas de véracité des faits. Pour sa part, la chef de la diplomatie européenne, Mme Ashton, a déclaré que «la communauté internationale doit maintenant agir avec le sens de l'urgence et de la responsabilité en vue de promouvoir une solution politique». Elle a plaidé en faveur d'un processus diplomatique basé sur le processus de la conférence de Genève II, lancé par le secrétaire d'Etat John Kerry et du ministre Lavrov. La chancelière allemande Angela Merkel, a, pour sa part, critiqué la Russie et la Chine, dont les attitudes à l'ONU ont «empêché l'adoption d'une déclaration contraignant la Syrie à laisser les inspecteurs de l'organisation enquêter sur une attaque chimique». Autre son de cloche du côté du régime syrien qui a accusé hier les rebelles syriens d'avoir utilisé des armes chimiques. Il est conforté dans ses positions par l'Iran, son principal allié qui, tout en dénonçant l'utilisation d'agent chimique en Syrie, a affirmé hier, «qu'il existait des preuves que les groupes rebelles syriens avaient utilisé ces armes». Une offensive américaine ? Le président américain a réuni hier son équipe de sécurité pour discuter de la réponse à apporter aux allégations d'attaque à l'arme chimique. «Nous avons une palette d'options sur la table, et nous allons agir de façon réfléchie afin de prendre des décisions en accord avec nos intérêts nationaux ainsi qu'avec notre évaluation de ce qui peut faire avancer nos objectifs en Syrie», a-t-il dit. Ses déclarations vont à l'encontre de ses actions puisqu'un quatrième destroyer équipé de missiles de croisière a été déployé en Méditerranée, et ce, en vue de fournir des «options» au président alors que la Russie s'est opposée à tout recours à la force. Le ministre américain de la Défense Chuck Hagel, a toutefois tenu à souligner que ces renforts américains «ne signifiaient en rien qu'une décision d'intervention avait été prise contre le régime de Bachar A Assad». Cependant, un haut responsable américain sous couvert de l'anonymat, a déclaré au New York Times que «le Kosovo est un précédent pour une situation qui peut paraître similaire». Il a précisé que «les conséquences possibles d'un lancement de frappes contre la Syrie sur les pays de la région, sont également étudiées». Ces déclarations n'ont guère plu au porte-parole de la diplomatie iranienne qui a immédiatement mis en garde les Etats-Unis contre toute intervention militaire en Syrie. «Il n'y a aucune autorisation internationale pour une intervention militaire en Syrie. Nous mettons en garde contre toute action ou déclaration qui ne ferait que créer plus de tensions dans la région. J'espère que les responsables de la Maison-Blanche feront preuve de suffisamment de sagesse pour ne pas entrer dans un tel tumulte dangereux», a-t-il indiqué, ajoutant que «l'Iran avait prévenu à plusieurs reprises que la crise en Syrie n'avait pas de solution militaire (...) et ne pouvait être résolue que par des moyens pacifiques et le dialogue». Une représentante de l'ONU à Damas En outre, Angela Kane, une responsable de l'ONU pour le désarmement, tentait hier d'obtenir l'autorisation du régime de Damas pour dépêcher des experts onusiens afin qu'ils enquêtent sur les allégations d'attaques à l'arme chimique. Interrogé par la presse, le porte-parole des Nations unies à Damas, Khaled Al Masri, s'est refusé à tout commentaire sur les détails de la visite de Mme Kane. Le mandat de la mission d'experts, dirigée par Aake Sellström, arrivée le 18 août à Damas, se limitait à déterminer si des armes chimiques avaient été utilisées plus tôt cette année à Khan Al Assal (nord), Ataybé (près de Damas) et Homs (centre) mais après les nouvelles allégations, la communauté internationale a demandé que ces experts puissent se rendre rapidement sur place pour les vérifier. Pour sa part, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un réseau de militants et médecins, a lui comptabilisé 170 morts et n'a pu confirmer l'utilisation d'armes chimiques. L'ONG a cependant affirmé que le régime aurait violemment bombardé cette région mercredi, puis jeudi.