Les Algériens viennent de célébrer à l'unisson, et pour la première fois, le Nouvel An amazigh 2638. On n'avait jamais assisté à un tel engouement et engagement de la part des familles, des associations...et officiels qui affichent publiquement leur fierté d'appartenir à ce patrimoine millénaire, qui a survécu à toutes sortes d'invasions et de musellements. La décision du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika de faire de Yennayer une fête nationale officielle, dénote de cette volonté à mettre un terme à tout marchandage politicien. D'autant plus que la loi fondamentale qui interdit l'utilisation des constantes nationales (Amazighité, arabité et islamité) à des fins de propagande partisane s'inscrit en droite ligne avec cette décision. Désormais tamazight n'est pas seulement kabyle, comme on avait tendance à la présenter, mais aussi chaoui, mozabite, targui, chelhi...et chenoui. Un leg qui appartient à tous les Algériens, et qui par conséquent doit être extirpé à tout monopole, manipulation et moyen de pression politique. Toutes les composantes du peuple algérien sont plus que jamais attachées à leur triptyque identitaire et n'accepteront jamais qu'il soit instrumentalisé à des fins politiciennes. Même si la reconnaissance de tamazight, la consécration de Yennayer journée fériée, l'enseignement de tamazight et la création prochaine d'une académie pour la promotion de cette langue, est l'aboutissement d'un long processus de lutte pour la reconnaissance de la dimension amazighe, il reste que la décision du chef de l'Etat sera gravée en lettres d'or dans notre histoire contemporaine. Elle vise non seulement à mettre les constantes nationales à l'abri de toute surenchère, mais surtout apprendre au peuple algérien à se réconcilier avec son histoire. Finis les clichés ayant longtemps entouré la revendication identitaire. Finies également les tentatives de récupération de cette dimension. Comment expliquer par exemple que des partis politiques, qui ont des décennies durant fait de Tamazight leur cheval de bataille, observent le silence radio, alors que la réaction attendue était de saluer l'initiative du président de la République. C'est aussi cette volonté de parachever l'œuvre de réconciliation nationale qui transparait à travers la restitution de Yennayer aux Algériens. Après avoir grandement contribué à l'arrêt de l'effusion de sang, via la loi sur la concorde civile et la charte pour la paix et la réconciliation nationale, Bouteflika vient de lancer l'acte II de la réconciliation nationale. Une façon de prémunir à jamais la société des idéologies «intruses» qui prospère à chaque fois que terreau lui est favorable. Ne dit-on pas que la nature à horreur du vide ...