La crise politique opposant le Qatar à l'Arabie saoudite, l'Egypte, les Emirats arabes et le Bahreïn gagne du terrain et se déploie. Il y' a quelques jours, Doha a porté plainte à l'ONU contre Abou Dhabi l'accusant de ne pas respecter son espace aérien. Hier, les Emirats arabes ont accusé le Qatar d'avoir intercepté l'un de leurs avions de ligne. Alors que la coopération diplomatique engageant Doha et Abou Dhabi est gelée, les Emirats arabes accusent le Qatar d'avoir envoyé des avions de chasse intercepter l'un de leurs avions de ligne. Doha dément l'information. Les Emirats arabes ont noté que des avions de chasse du Qatar, leur rival dans le Golfe, avaient intercepté un avion de ligne émirati en route vers Bahreïn le 15 janvier. Cet incident marque une escalade entre Abou Dhabi et Doha qui n'ont plus de relations diplomatiques. Le gouvernement qatari a réagi peu de temps après, démentant l'information. Cet épisode constitue «une menace flagrante pour la sécurité de l'aviation civile et un non respect du droit international», a affirmé l'Autorité générale de l'aviation civile émiratie dans une déclaration. «Il s'agissait d'un vol régulier qui disposait de tous les documents requis», a ajouté l'institution émiratie dans cette déclaration relayée par l'agence officielle WAM. De son côté, Lulwa Al Khater, porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, a publié un démenti sur Twitter, assurant que les accusations des Emirats étaient «totalement fausses». A deux reprises ces derniers jours, le Qatar a affirmé que des avions militaires émiratis n'avaient pas respecté son espace aérien, une première fois le 21 décembre, une deuxième fois le 3 janvier, entraînant des plaintes auprès des Nations unies. Le 5 juin 2017, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes, Bahreïn et l'Egypte ont brusquement rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar, l'accusant de soutenir des terroristes, notamment la confrérie des Frères musulmans, et de se rapprocher de l'Iran, le grand rival régional des Saoudiens. Ces quatre pays ont fermé leurs liaisons aériennes, maritimes et terrestres avec le Qatar. Doha a rejeté les accusations de soutien aux terroristes. Nombre d'observateurs notent que par le blocus instauré contre Doha, l'Arabie saoudite cherche à empecher la relance de la coopération engageant le Qatar et l'Iran. Il y a quelques mois, le président américain a appellé, en Arabie saoudite, à la cration d'un front des pays arabes contre l'Iran. L'Arabie saoudite a applaudi l'initiative et s'est mise à la concrétisation du projet. La relance de la coopération engageant le Qatar et l'Iran est un obstacle pour l'Arabie saoudite en colére contre Doha. La Turquie et l'Iran soutiennent le Qatar face aux pays du blocus. Le qatar a instauré l'ambassade de l'Iran, execerbant la colére de l'Arabie saoudite monarchie petroliére qui tient à appliquer l'instruction du président américain contre l'Iran. Pour le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale iranienne, les récents propos du président américain s'inscrivent dans une tactique désuète et inefficace, conforme au projet d'iranophobie. «À cause de ses décisions irrationnelles, l'administration américaine se trouve actuellement dans l'isolement sur la scène internationale» a précisé, hier, Ali Chamkhani. Des mercenaires en Arabie saoudite pour l'arrestation des princes Le prince héritier Mohammed ben Salmane a créé sa propre société militaire privée. Selon les médias saoudiens, dans la création de cette nouvelle structure, le royaume a été aidé par Erik Prince, fondateur de la plus célèbre des sociétés militaires privées: Blackwater. Les autorités saoudiennes avaient déjà recouru aux services de la société pendant les événements de novembre, quand 11 princes avaient été arrêtés dans le royaume sur des soupçons de corruption. La société créée par le prince héritier s'appelle Al-Saif Al-Ajrab. D'après le journal turc Yeni Safak, se référant aux médias saoudiens, cette unité de combat sera sous le contrôle direct de la nouvelle star de la politique au Golfe. D'après le quotidien, l'ordre de créer la nouvelle structure a été signé par le roi Salmane d'Arabie saoudite et les nouvelles forces comptent 5.000 soldats ayant suivi un entraînement de haut niveau. Les objectifs de cette nouvelle société n'ont toutefois pas été annoncés. Anton Mardassov, chef du département d'étude des conflits au Moyen-Orient à l'Institut du développement innovant et expert du Conseil russe pour les affaires internationales, suppose que la nouvelle armée deviendra une force neutre qui sera chargée des «opérations délicates» et qu'elle comprendra des mercenaires qui, après avoir servi dans l'armée de ben Salmane, pourront également travailler au sein d'autres structures, y compris étrangères. Le fait que cette nouvelle armée se composera de mercenaires est confirmé, selon les médias saoudiens, par le fait qu'elle a été créée avec le soutien de l'ex-officier des SEAL Erik Prince — fondateur de la société Blackwater renommée «Academy» en 2009. Auparavant, l'Arabie saoudite avait déjà eu recours à des mercenaires et bénéficié de l'aide d'Erik Prince pour créer des structures similaires. Selon Yeni Safak, quand Salmane ben Abdelaziz est devenu roi saoudien en 2015, Riyad a instauré une coopération étroite avec les Emirats arabes en la matière. Dans ce cadre et avec le soutien d'Erik Prince a été créée une force spéciale composée de mercenaires qui joue notamment un rôle actif dans l'opération saoudienne au Yémen. Les Emirats arabes sont impliqués dans les arrestations de princes et la pression exercée sur eux, y compris au niveau de l'Etat. En particulier, explique Anton Mardassov, les EAU ont aidé Riyad à avoir accès aux comptes des princes et des responsables arrêtés. «Aujourd'hui de nombreuses sources arabes et américaines, dont des anciens collaborateurs du département d'Etat américain, confirment l'existence d'une société militaire privée sur laquelle se sont appuyés les Saoudiens pour mener des opérations délicates pour être sûrs du résultat», poursuit l'expert. L'origine du financement de la nouvelle structure de ben Salmane n'est pas précisée, mais Anton Mardassov n'exclut pas que l'argent saisi aux princes arrêtés aurait pu servir à sa création.