Le chanteur Mohamed Lamari, qui fête cette année ses 70 ans de carrière artistique, a été honoré cette semaine. Le doyen de la chanson moderne algérienne Mohamed Lamari a été doublement honoré cette semaine lors de l'émission El Djazairia Show. Le chanteur qui garde superbement sa bonne forme et sa jeunesse a, à cette occasion, reçu un disque d'or decerné par la chaîne de télévision El Djazairia. L'émission s'est déroulée en présence d'artistes de renom, notamment le musicien Kamel Maâti, le frère du défunt Maati Bachir, Mohamed Benzina et Hocine Lasnami. A cette occasion, les animateurs de l'émission ont présenté à l'invité d'honneur une lettre que lui a adressée l'ambassadrice de Cuba à Alger, réiterant la reconnaissance de l'Etat de Cuba au chanteur Lamari qui avait dédié une chanson au grand révolutionnaire Che Guevara. Il faut noter que cette lettre est un hommage à Lamari qui avait si bien chanté Che Guevara, écrite par Mustapha Toumi. Il est à rappeler que Mohamed Lamari a fait ses débuts dans sa jeunesse alors que la concurrence était rude. Bien qu'il eut à cette époque d'excellents paroliers, compositeurs et conseillers, il était très difficile d'entrer dans un domaine dominé par des sommités comme Abderrahmane Aziz, Mahieddine Bentir ou Mohamed Slim, et la barre était placée très haut pour les jeunes qui voulaient entamer une carrière professionnelle. Une voix inimitable Pour trouver une place parmi les chanteurs de l'époque, Mohamed Lamari avait plusieurs qualités, notamment sa voix exceptionnelle et inimitable. D'ailleurs, rares sont les jeunes qui tentent de l'imiter car une si belle voix ne s'acquiert pas. Les premiers disques 45 tours de Lamari ont été des succés, notamment Mansitchi, Semmoura, Ya Ndjoum et Djazairia. Les musiques des premières chansons de Lamari étaient signées par le compositeur Haddad Djilali. D'autres musiciens composeront pour lui, notamment Mahboub Bati qui lui offrira la musique de Ah ya Qalbi qui avait fait fureur. A certain moment, on reprochait à Lamari ses gestes exagérés mais son jeu de scène faisait partie de sa personnalité. Un réalisateur a toutefois réussi à le convaincre de chanter Qom Tara en costume et sans faire de gestes. C'était une réussite mais le film n'est plus passé à la télévision car la sublime voix de Lamari a dû déranger certains conservateurs de la musique andalouse ou tout simplement des jaloux. En 70 ans de carrière Lamari n'a jamais cessé de chanter, si ce n'est les programmateurs qui ont décidé de ne plus faire appel à lui. Lamari est comme Henri Salvador qui a gardé son sourire et sa voix jusqu'à sa mort à l'âge de 90 ans, ou Charles Aznavour qui chante toujours aussi bien et qui a dit à Lamari : «Je continuerai à chanter jusqu'en 2024», c'est-à-dire à cent ans. Toujours jeune Lors de son passage à l'émission El Djazairia Show, Lamari a montré qu'il est toujours aussi jeune, sportif et beau. Pour ses 60 ans de carriere, le journaliste Abdelkrim Tazaroute lui avait consacré un livre intitulé Lamari, le ténor de la Casbah (Ed.Rafar). Le chanteur que décrivait Tazaroute est toujours le même. Il fait toujours vibrer sa voix et n'hésite pas à dire spontanément ce qu'il pense des autres et de lui-même. Lamari, c'est la spontanéité et la nature personnifiées. Si on lui demande de reprendre une ancienne chanson, il ne se cache pas derrière un rhume, bien au contraire, il fait vibrer très haut sa voix avec plaisir. C'est ça le Lamari qu'on aime. C'est ça le chanteur qu'on honore.