Le président Barack Obama s'est réuni lundi à la Maison-Blanche avec des membres du Congrès, marquant une série de contacts prévus tout au long de cette semaine avec les parlementaires pour tenter de leur ''soutirer'' un accord d'engagement de frappes militaires contre la Syrie pour son utilisation présumée d'armes chimiques. Face à un Congrès divisé entre des élus opposés, favorables ou indécis à une intervention armée en Syrie, cette réunion entre le président américain et des parlementaires s'inscrit dans le cadre de ce que la Maison Blanche appelle la stratégie de ''l'inondation de la zone'' (flooding the zone) qui consiste à déployer d'intenses efforts et d'initiatives en direction des parlementaires, espérant que cette pression influencera ces derniers pour gagner le soutien du Congrès et de l'opinion publique à des frappes militaires contre la Syrie. Stratégie de ''matraquage'' Cette stratégie de ''matraquage'' adoptée par la présidence américaine pour plaider sa cause à travers de multiples réunions et de séances d'information successives et d'appels téléphoniques à destination des membres du Congrès, est lancée une semaine avant les débats en séances plénières prévues au Sénat et à la Chambre des représentants avant de passer au vote du projet de résolution soumis par M. Obama. Deux jours après avoir annoncé qu'il soumettait sa résolution d'intervention en Syrie au vote du Congrès, le président américain a, ainsi, entamé sa démarche en recevant, lundi, les deux redoutables sénateurs républicains, John McCain et Lindsey Graham, qui s'opposent à Obama non pas du fait qu'ils rejettent la solution militaire mais car ces deux ''faucons'' considèrent que la résolution de ce dernier est limitée de par ses objectifs lesquels, selon eux, doivent aussi prévoir la destitution du gouvernement de Bachar Al Assad. Obtenir l'accord de ces deux influents sénateurs républicains est considéré comme crucial pour le chef de la Maison-Blanche afin de décrocher, dans une première étape, le ''feu vert'' du Sénat dont les membres démocrates constituent, certes, la majorité mais ne disposent pas de la majorité qualifiée permettant d'entériner son projet de texte. Mais l'autre étape visant à avoir une approbation de la Chambre des représentants, dominée par les républicains, pourrait être difficile. A l'issue de son entretien avec M. Obama, le sénateur John McCain a déclaré à la presse qu'un vote du Congrès contre une action militaire en Syrie serait ''catastrophique'' mais il a fait part, en même temps, de certaines "préoccupations". ''Nous avons encore d'importantes préoccupations, mais nous pensons que la stratégie d'Obama prévoit l'amélioration des capacités de l'opposition", a-t-il souligné. Avant de s'envoler mardi soir pour la Suède, M. Obama rencontrera dans la journée les présidents et les membres des commissions respectivement des Services armés, des Relations étrangères et du Renseignement des deux chambres du Congrès. Pas de bénéfice du doute Pour plusieurs parlementaires qui refusent la solution militaire, le précédent du cas irakien avec les fausses preuves d'existence d'armes de destruction massive suscite considérablement le scepticisme quant à la justification par le gouvernement d'Obama du recours à la force militaire au nom de la sécurité américaine, soutenant que le bénéfice du doute n'est plus permis. Outre la question de la fiabilité du renseignement américain sur l'utilisation présumée par le gouvernement syrien d'armes chimiques contre la population civile, des parlementaires américains font également part de leur crainte d'une escalade militaire par l'Iran et le Hezbollah libanais ainsi que d'autres conséquences inattendues. En fait, le président américain fait face, désormais, à une importante bataille politique pour tenter d'obtenir l'approbation du Congrès dont une partie, y compris au sein des démocrates, est peu encline à une intervention militaire face aux plus bellicistes qui sont, eux, contre une action militaire ''trop limitée'', tandis que certains républicains se gardent d'adopter une attitude qui puisse permettre de tendre la perche au président américain afin de le priver d'une ''victoire'' à son actif présidentiel.