Surprenant pour certains, énigmatique pour d'autres, le dernier message du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, intervient au moment où la scène politique nationale commençait à peine à s'animer. Pour le chef de l'Etat, «la scène politique doit connaître une diversité, une confrontation de programmes et une course au pouvoir». Et à présent, la course la plus proche n'est autre que celle ayant pour «finish» l'élection présidentielle prévue dans une année. A décrypter, les propos de Bouteflika sonnent comme une invitation aux partis politiques incapables jusqu'à présent d'afficher publiquement leurs ambitions pour 2019. Le rendez-vous n'est pourtant pas si loin. Seul parti ayant exprimé ses intentions de remporter cette élection, le FLN. Les mouhafedhs du parti réunis en début de semaine par Djamel Ould Abbès ont réitéré leur «mobilisation pour réaliser la victoire à la présidentielle». Le secrétaire général du parti, de son côté, a déclaré que «sur le terrain, il n'y a que le FLN», qualifiant certains acteurs de l'opposition de «fantômes qui apparaissent tous les cinq ans». Sur ce, la phrase du président Bouteflika peut être interprétée comme un recadrage à Ould Abbès lui rappelant que l'on ne crie jamais victoire avant l'heure. Premier magistrat du pays, Abdelaziz Bouteflika semble vouloir se porter garant de la transparence du scrutin de l'année prochaine. Devant la morosité qui caractérise la scène avec de timides sorties qui se limitent à des communiqués pondus ici et là, des activités organiques et des querelles parfois inutiles, le président de la République juge nécessaire de franchir le cap et de passer à autre chose. Si la «diversité» qui doit exister est un message au SG du FLN, «la confrontation de programmes», par contre, se veut un appel à l'effort. Les partis politiques doivent sérieusement élaborer des contenus à même de convaincre les citoyens électeurs. Hélas, jusqu'à maintenant, au sein de l'opposition surtout, l'on est resté dans les concepts et slogans. Pendant que certains estiment qu'il est nécessaire d'aller vers un «candidat consensuel», d'autres par contre, jugent qu'«il n'est pas encore temps de parler de la présidentielle». Il est tout de même bizarre qu'à une année de l'échéance, des partis continuent à évacuer la question. Le message du chef de l'Etat est d'une clarté indéniable. La course pour le Palais d'El Mouradia est ouverte et il n'y a pas d'autres chemins que celui de la confrontation d'idées et de programmes. Seulement, précise Bouteflika, l'intérêt de l'Algérie doit toujours primer. «Il est du devoir de tout un chacun de contribuer à ce mouvement démocratique pluraliste en plaçant l'Algérie et les intérêts suprêmes de son peuple au-dessus de toute autre considération», a soutenu le président dans son message à l'occasion de la Journée de la victoire. Un passage qu'il ne faut surtout pas dissocier de la suite qui traite de la situation économique du pays et pour laquelle Abdelaziz Bouteflika se montre plutôt optimiste, estimant que «notre pays est capable de sortir indemne et victorieux de nos difficultés financières actuelles et conjoncturelles». Reste à savoir, enfin, si l'appel du président de la République dont la candidature pour un autre mandat demeure une interrogation, aura de l'impact sur la scène politique ? En attendant les réactions des principaux partis politiques, la présidentielle de 2019 approche à grands pas. Les jours à venir apporteront, sans doute, de nouveaux éléments d'analyse.