L'affaire des expulsions des migrants subsahariens par l'Algérie revient à la surface avec les déclarations du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedaoui, à l'APN. Alors que des ONG internationales et des organisations de la société civile nationale ont dénoncé «des rafles» de ces migrants en situation irrégulière, le ministre a défendu les options de son gouvernement, expliquant qu'il s'agit de la «préservation de la sécurité et de la sérénité publiques». Interpellé par un député, Noureddine Bedaoui a fait le bilan des opérations d'expulsion de ces trois dernières années. Ainsi, il a affirmé que 27 000 migrants subsahariens ont été renvoyés vers leurs pays d'origine, précisant que «l'opération se poursuit». «L'opération se poursuit dans le cadre du strict respect des droits de l'Homme en dépit de ce qui se dit et s'écrit dont le but est de ternir l'image de l'Algérie», a-t-il lancé, en guise de réponse aux organisations qui critiquent la politique du gouvernement, notamment Amnesty international et le syndicat autonome du personnel de l'administration publique le Snapap -CGATA. Il y a quelques jours, ce syndicat a dénoncé une opération d'expulsion de 300 migrants à Alger. Il a condamné ce genre de pratiques contraires «à tous les traités internationaux ratifiés par l'Algérie et demande instamment aux autorités l'arrêt des arrestations et des expulsions collectives et exigent un traitement humain selon les conventions de Genève». «Bien que l'Algérie ait remis au mois de janvier 2018, un rapport au Comité de travailleurs migrants à Genève, dans lequel elle assure que les migrants en situation irrégulière ne font pas l'objet d'expulsion collective, et que la loi algérienne interdit cette pratique et que les migrants bénéficient de tous leurs droits et de leur liberté, les autorités continuent les opérations d'expulsions massives des migrants», déplore le syndicat. Mais le gouvernement, comme le confirment les déclarations de M. Bedoui, ne l'entend pas de cette oreille. Le ministre a même dénoncé l'exploitation de ces migrants des pays du Sahel par des réseaux criminels, ce qui, a-t-il affirmé, «menace notre sécurité et la stabilité de notre société». «La préservation de la sécurité et de la sérénité publiques est légitime», a-t-il assuré, après avoir rappelé les efforts consentis par l'Etat, en vue de contrecarrer ces phénomènes. «Plusieurs mécanismes ont été mis en place, dont l'installation de commissions multisectorielles, tant au niveau local que central, chargées du suivi, de la coordination et de la proposition de solutions idoines pour lutter contre ce phénomène, la dotation des wilayas les plus touchées avec les moyens adéquats et l'affectation d'enveloppes financières considérables pour une meilleure prise en charge des migrants clandestins», a-t-il poursuivi. Des réseaux de passeurs démantelés Le ministre de l'Intérieur a profité de son passage à l'APN pour s'exprimer également sur le phénomène de la harga qui est revenu en force ces derniers temps. C'est, en effet, la première fois qu'un membre du gouvernement se prononce sur le sujet depuis plusieurs mois. Il a annoncé que plusieurs réseaux spécialisés dans la migration clandestine avaient été démantelés par les services de sécurité et les mis en cause avaient été présentés à la justice. «La migration clandestine à partir de l'Algérie concerne une petite catégorie d'Algériens par rapport au grand nombre de migrants clandestins étrangers qui se trouvent en Algérie», a-t-il indiqué. «Le gouvernement ne ménage aucun effort en matière de lutte et de prévention contre ce phénomène, notamment avec l'annonce des prémices de son retour l'année dernière», a-t-il ajouté. En effet, depuis plusieurs mois, le phénomène fait des ravages. Chaque jour que Dieu fait, des tentatives de traversée clandestine de la mer sont enregistrées. Pour y faire face, M. Bedoui a fait savoir que «des mécanismes urgents» ont été mis en place en adoptant un plan d'action commun avec les différents secteurs et services concernés, «en vue d'empêcher les tentatives de migration clandestine et d'éviter aux jeunes de risquer leur vie et de se lancer dans une aventure aux conséquences désastreuses». Il a cité que des mesures sécuritaires et administratives ont été prises, telles que l'intensification des investigations et enquêtes sécuritaires, le contrôle périodique des magasins spécialisés dans la vente d'équipements utilisés dans la fabrication des bateaux, ainsi que d'autres mesures en cours d'exécution. Selon M. Bedoui, des études menées par les services spécialisés «démontrent que plusieurs cas de migration clandestine ne sont pas mus par des conditions socio-économiques inadéquates, mais motivées par le gain facile et la recherche d'un statut social». «Cela n'a pas empêché les autorités à prendre au sérieux ce phénomène, à travers une politique anticipée qui accompagne les jeunes chômeurs à l'accès au monde du travail et l'appui à la création de start-ups et de projets d'investissement, permettant ainsi à beaucoup de jeunes de réaliser leurs ambitions», a-t-il souligné. Il a ajouté, dans ce cadre, que les pouvoirs publics avaient pris «une série de mesures et mené des actions de sensibilisation, en impliquant la société civile dans la sensibilisation à la dangerosité de ce phénomène et en expliquant les démarches de l'Etat en vue d'améliorer le niveau de prise en charge des différentes préoccupations, notamment l'emploi, l'habitat, les mécanismes initiés par le président de la République et le Plan d'action du gouvernement, particulièrement dans les domaines de l'Habitat et de l'emploi».