L'Algérie ne veut pas être un pays de transit migratoire vers l'Europe, autant pour ses propres ressortissants que ceux des pays subsahariens, a souligné, jeudi, devant le Parlement le ministre de l'Intérieur Nourredine Bédoui. Le ministre a surtout, expliqué que l'Algérie lutte contre les réseaux de trafic d'êtres humains et de banditisme et expliqué que sur le dossier des migrants, en provenance des pays du Sahel, à destination de l'Europe via le territoire national, que «l'Algérie croit, d'un point de vue humanitaire, que les émigrés clandestins sont contraints de se rendre, en Algérie et vers d'autres pays, en quête de sécurité et de conditions de vie meilleures». Pour autant, il a dénoncé «l'exploitation, par les réseaux maffieux, de ces migrants dans leurs entreprises criminelles». Pour lui, ce trafic d'êtres humains «menace notre sécurité et la stabilité de notre société», rappelant «les efforts consentis par l'Etat, en vue de contrecarrer ces phénomènes». «La préservation de la sécurité et de la sérénité publiques est légitime», a-t-il dit, avant de préciser que «plusieurs mécanismes ont été mis en place, dont l'installation de commissions multi-sectorielles, tant au niveau local que central, chargés du suivi, de la coordination et de la proposition de solutions idoines pour lutter contre ce phénomène, ainsi que la dotation des wilayas, les plus touchées, de moyens adéquats et de l'affectation d'enveloppes financières considérables pour une meilleure prise en charge des migrants clandestins». M. Bedoui a donné un bilan, pour les opérations de rapatriement, au cours, de ces trois dernières années, de 27.000 migrants rapatriés, les désignant comme des «ressortissants étrangers, résidant illégalement en Algérie». Des rapatriements «à la demande de leurs pays d'origine». Le ministre de l'Intérieur a souligné que cette opération de rapatriement de ressortissants subsahariens «se poursuit toujours, dans le respect total des droits de l'Homme et de la dignité humaine». Il a expliqué que l'Algérie «n'a pas coutume de faire étalage des gros moyens qu'elle consacre à la prise en charge de ces migrants, à la garantie de leur sécurité, de leur santé et à la préservation de leur dignité». «L'Algérie ne renoncera jamais à son rôle humanitaire, même dans les conditions les plus difficiles», et a été «parmi les premiers pays à avoir accueilli les migrants clandestins, en raison de leur situation difficile et pour éviter leur exploitation par les réseaux de trafic et de traite d'êtres humains, ainsi que par des groupes terroristes», a-t-il rappelé. Dans son rapport 2017, l'ONG Amnesty International' avait accusé les autorités algériennes «d'arrestations arbitraires sur la base d'un profilage ethnique». «Entre août et décembre, les autorités ont procédé, sur la base d'un profilage ethnique, à l'arrestation arbitraire et à l'expulsion forcée de plus de 6.500 migrants originaires de divers pays d'Afrique subsaharienne vers les Etats voisins du Niger et du Mali», indique l'ONG. De son côté, l'ONG américaine Human right watch' (HRW) avait dénoncé, le 27 février denier, «l'arrestation de migrants subsahariens, dans les rues et sur les chantiers et leur expulsion de manière dégradante» par les autorités algériennes. Le 12 mars dernier, une manifestation pour dénoncer ces expulsions avait été organisée devant l'ambassade d'Algérie à Bamako. Pour l'Algérie, pourtant, le problème de la migration clandestine vers l'Europe, à travers le territoire national, doit être résolu en urgence. Selon le ministre de l'Intérieur, plusieurs réseaux spécialisés dans la migration clandestine, avaient été démantelés par les services de sécurité, et leurs auteurs présentés à la justice. Il a expliqué devant les parlementaires, que «la migration clandestine, à partir de l'Algérie, concerne une petite catégorie d'Algériens, par rapport au grand nombre de migrants clandestins étrangers qui se trouvent en Algérie», avant de souligner que des «réseaux spécialisés sont à l'origine de ce phénomène et que les services de sécurité ont démantelé nombre de ces réseaux et présenté les mis en cause à la Justice». Selon M. Bedoui, «le gouvernement ne ménage aucun effort en matière de lutte et de prévention, contre ce phénomène», ajoutant que «des mécanismes urgents» ont été mis en place pour lutter contre ces réseaux. Un plan d'action commun a été adopté, avec les différents secteurs et services concernés, pour mettre en échec les tentatives de migration clandestine et éviter aux jeunes, selon le ministre, «de risquer leurs vies et de se lancer dans une aventure, aux conséquences désastreuses». Pour lutter, plus efficacement, contre la migration clandestine et les départs de jeunes Algériens en Europe, dans des embarcations de fortune, M. Bedoui a révélé que «des mesures sécuritaires et administratives ont été prises, comme l'intensification des investigations et enquêtes sécuritaires, le contrôle périodique des magasins spécialisés dans la vente d'équipements utilisés dans la fabrication des bateaux, ainsi que d'autres mesures, en cours d'exécution». Des études menées par les services spécialisés «démontrent que plusieurs cas de migration clandestine ne sont pas mus par des conditions socio-économiques inadéquates, mais sont motivées par le gain facile et la recherche d'un statut social», a encore expliqué le ministre de l'Intérieur, selon lequel «cela n'a pas empêché les autorités à prendre au sérieux ce phénomène, à travers une politique anticipée qui accompagne les jeunes chômeurs pour l'accès au monde du travail et l'appui à la création de start-up' et de projets d'investissement, permettant, ainsi, à beaucoup de jeunes, de réaliser leurs ambitions». Il a, également, énuméré tous les mécanismes sociaux et financiers mis en place par l'Etat (Ansej, financements de projets, accès au logement) pour encadrer les jeunes, outre «une série de mesures et d'actions de sensibilisation, à la dangerosité de ce phénomène d'émigration clandestine». Ce n'est pas tout: 40% des logements, toutes formules confondues, ont été réservés aux jeunes âgés de moins de 35 ans, outre la garantie d'un climat propice à la création d'activités par les jeunes. Selon le ministre de l'Intérieur, ces mesures ont permis la réalisation «de résultats très positifs» dans la lutte contre l'émigration clandestine des nationaux. Selon la Ligue algérienne de Défense des droits de l'Homme (LADDH), 3.109 tentatives d'émigration clandestine ont été enregistrées, entre le 1er janvier et le 31 décembre 2017. Selon la LADDH, ces chiffres «ne reflètent, en aucun cas, la réalité, puisqu'il s'agit uniquement des harragas' qui ont été arrêtés, sans tenir compte de ceux qui sont morts noyés en mer lors de leur fatale aventure et qui n'ont jamais été repêchés à ce jour». Selon des chiffres non officiels, 8.000 harragas' ont réussi à rejoindre les rives du sud de l'Europe entre 2016 et 2017.