Le représentant permanent du Front Polisario auprès de l'ONU, Boukhari Ahmed, est décédé mardi soir, des suites d'une longue maladie, a annoncé mercredi la présidence de la République arabe sahraouie démocratique. «Le défunt, Boukhari Ahmed, membre du Secrétariat national du Front Polisario et représentant permanent auprès de l'ONU est décédé mardi soir, 3 avril 2018, des suites d'une longue maladie incurable», a indiqué un communiqué de la Présidence sahraouie rendu public dans la soirée. «Le défunt a rejoint les rangs du Front Polisario dès son jeune âge. Par sa mort, le peuple sahraoui aura perdu l'un de ses hommes qui ont sacrifié leur vie pour servir la cause nationale. Il est connu pour ses compétences diplomatique et juridique, notamment, au niveau des Nations unies, où il a accompli sa mission avec patience et persévérance jusqu'au dernier souffle», a ajouté le communiqué. Le numéro deux de la diplomatie sahraouie a accompagné toutes les négociations onusiennes depuis l'accord de cessez-le-feu de 1991. Le représentant permanent de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à l'ONU souffrait d'un cancer pour lequel il suivait un traitement intensif depuis plusieurs mois. La RASD a décrété sept jours de deuil. Depuis, hier, les drapeaux sont en berne dans les camps de Tindouf. Le défunt venait d'envoyer un courrier au président du Conseil de sécurité, le péruvien Gustavo Meza-Cuadra, récusant «les accusations marocaines d'incursions du Polisario» dans les zones sahariennes dirigées par l'organisation onusienne. Lundi, il avait qualifié ces accusations «d'allégations dénuées de tout fondement». Ahmed Boukhari, 64 ans, est né à Tichla, à 400 km au sud de la ville de Dakhla, chef-lieu de la province de Oued Dahab, que les Espagnols appelaient Rio de Oro. C'est surtout un des fiefs de la tribu des Oulad Dlim, deuxième tribu influente au Sahara, après celle des Reguibat qui détient le pouvoir à Tindouf. Dans ce village situé près du mur de sable érigé par Hassan II dans les années 1980 pour se prémunir contre les attaques du Polisario, Ahmed Boukhari fréquente le lycée espagnol avant de s'envoler pour Madrid poursuivre ses études universitaires de droit et passer le concours du barreau pour devenir avocat. En 1975, lorsque le conflit éclate entre le Maroc et le Front Polisario sur le Sahara, il rejoint les camps de Tindouf, d'abord en tant que cadre au ministère de l'Information et ensuite au ministère des Affaires étrangères. Il a très vite gravi les échelons de la diplomatie du Polisario. Après avoir été ambassadeur à Madrid, il a officié en Amérique latine – là où le Front compte ses plus importants soutiens -, notamment au Panama, avant d'être désigné représentant permanent de la RASD à l'ONU en 1991.