Edité par «El kalima» dans la collection ‘Djib', avec une présentation de Guy Dugas, le recueil de poèmes «L'enfant fruitier» de Jean Sénac évoque la douleur de la séparation, l'exil, l'amour, l'amour maternel, la vie et la nostalgie. Ce sont de charmants et subtils petits poèmes qui content la vie, la souffrance et l'amour. Il est mentionné en quatrième de couverture que «des nombreux inédits laissés par Jean Sénac, l'enfant fruitier était considéré par Hamid Nacer-Khodja comme devant bénéficier en priorité d'une publication. Ces poèmes des années 1950/1952 montrent en effet un tournant essentiel dans l'inspiration du jeune poète qui quitte pour la première fois sa mère et l'Algérie : la révélation de l'intime précédant de quelques mois seulement la prise de conscience politique. Ce recueil pathétique raconte cette terre d'Algérie, sa mère et ces tous petits riens qui font le quotidien et tissent la vie. «Tous ces poèmes ont été composés à Versailles ou Paris entre septembre 1950 et fin août 1952. L'éloignement, la mise à distance d'avec le pays natal et les proches créent une homogénéité certaine et la possibilité d'un dévoilement. La majorité d'entre eux étant précisément datés, nous avons choisi de les présenter selon l'ordre chronologique de leur écriture», rappela Hamid Nacer-khodja en préface. Tout au long de ces odes, l'auteur plaide pour ce Paris aux amours interdites où il affiche ouvertement son homosexualité et l'exubérance de cette belle capitale. En outre, il fait un clin d'œil à Oran et son éventuel retour. En témoignent ces propos de la préface : «Un salut à la capitale et les euphories qu'elle réserve à ceux qui viennent y grandir, Paris de juillet au petit matin, les bars où l'on parle poésie et révolution, la découverte de la bohème à Montmartre et Saint Germain des Prés ; les trois cents stations du métro, les compagnons d'un soir, les amours d'une nuit...Puis comme en contrepoint, le souvenir toujours vif des frères d'Algérie, camarades des hautes luttes quittés sur la promesse d'un retour prochain et l'image d'Oran maintenue vivace par les lettres d'une mère omniprésente... si bien qu'au terme d'une paire d'années de misère et d'exaltation, le poète laisse Paris derrière lui et le recueil se clôt : «Au revoir Paris, Bonjour Oran». Ce sont des vers touchants empreints d'une sensibilité à fleur de peau qui content une tranche de vie et des états d'âme. Dans cette collection Djib, ces petits inédits maghrébins dont ce recueil fait partie et se circonscrit, l'auteur de la préface Hamid Nacer-Khodja a tenté de remettre au goût du jour ces magnifiques poèmes. A lire avec délectation ! Plaisir assuré !