Aigle-Azur est la plus ancienne compagnie aérienne privée européenne. Elle a été créée en 1946 par Silvain Floirat, un carrossier de formation devenu grand capitaine d'industrie. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avec l'ouverture du transport aérien public, nombre de compagnies ont été créées à travers le monde, favorisées en cela par l'excédent d'avions militaires américains notamment. Parmi ces compagnies, Aigle-Azur. Au début de l'aventure, les avions ne comportaient que 15 sièges. M. Floirat y ajouta 15 autres, augmentant ainsi la capacité des appareils. Le coup était gagnant, et le développement a commencé par cette innovation. Au début des années 1950, la compagnie atteindra un chiffre d'affaires très important, vu le nombre de plus en plus important de voyageurs qu'elle transportait. En mai 2001, le groupe Go-Fast, présidé par M. Arezki Idjerouidène, a racheté la société Aigle-Azur avec, à son actif, un seul avion et une quarantaine de collaborateurs. La société assurait alors des vols «sauvetage» pour des compagnies tierces. Aujourd'hui, la compagnie aérienne Aigle-Azur a fait du chemin, prenant en main sa destinée pour conquérir le ciel et planer au-dessus d'environ 5 pays d'une façon régulière. C'est au siège de la compagnie, avenue Louis Pasteur, à Alger, que Meziane Idjerouidène, directeur général d'Aigle-Azur, nous a reçus. A travers cet entretien, il nous annonce plusieurs nouvelles dont l'ouverture des réservations pour les vols de cet été, l'acquisition d'un nouvel appareil, un Airbus de type A 320 en avril prochain et d'autres nouveautés. Aigle-Azur, qui compte investir les lignes domestiques algériennes, reste toujours attentive au développement de la législation nationale concernant le secteur de l'aviation civile et souhaite mener à terme les négociations qu'elle a entamées avec les plus hautes autorités du pays. La crise économique sévit. Comment votre compagnie s'est-elle prémunie contre les risques qui peuvent en découler ? M. Idjerouidène : Cette crise financière qui est devenue par la suite une crise économique a touché tous les pays ou presque et aussi un nombre important d'entreprises. Nous sommes sur un modèle un peu particulier. Les compagnies les plus exposées sont celles qui privilégient les destinations touristiques, et les familles qui partent en vacances annulent leur voyage sans créer d'incident sur la destination où elles vont. Mais nous, notre cible n'est pas touristique, et puis elle est marginale. Nos destinations sont les pays où il y a une forte densité d'immigrés, à l'image de l'Algérie, du Maroc, de la Tunisie, du Portugal et du Mali. On a axé notre stratégie sur le transport d'immigrés en partance de France, bien sûr. De ce fait, les communautés établies en France éprouvent un besoin de se rendre chez elles pour des visites familiales, donc la demande n'a pas diminué. Par conséquent, la compagnie se porte vraiment bien. Mais nous devons être vigilants car un jour ou l'autre nous serons touchés. La compagnie a manifesté son intérêt pour reprendre les activités de la société maritime CNAN-Maghreb. Quelque temps après, vous avez annoncé votre retrait. Peut-on connaître vos raisons ? C'est une longue histoire. Dans le cadre des privatisations des entreprises publiques initiées par l'Etat algérien, telles que CNAN-Maghreb, le groupe Go-Fast s'est inscrit dans cette démarche en manifestant son intérêt et en étant d'ailleurs le seul candidat à reprendre ladite société. Mais comme nous avons toujours travaillé en Algérie où les choses avancent très lentement, donc nous devons être patients. Une chose est sûre, c'est que nous sommes toujours preneurs. Les raisons de cet intérêt ? Le groupe Go-Fast veut rester dans le cœur de ses activités, à savoir le transport et la logistique. Etes-vous intéressés par le transport domestique en Algérie ? Et quelles sont vos perspectives dans ce domaine ? Depuis la reprise par Aigle-Azur, en 2001, de la destination Algérie, nous n'avons pas arrêté de manifester notre intérêt pour ce créneau. Mais comme je vous l'ai dit, nous sommes patients. Nos motivations sont claires : nous sommes la première compagnie privée à opérer des dessertes internes. A l'époque ? c'était Antinea Airlines, donc c'est un secteur que nous connaissons bien, avec les besoins en la matière. Et puis, nous savons ce que nous sommes capables de faire. Je ne dirais pas plus… Quel est le bilan de vos activités en 2008 ? Quelles sont vos projets en matière de transport aérien ? Envisagez-vous de renforcer la flotte d'avions ? Aujourd'hui, pour 2009, la priorité est le renouvellement des anciens avions par des appareils neufs. Je vous donne l'info en premier. En avril prochain, nous recevrons un appareil neuf qui remplacera un autre en fin de contrat. Cet appareil, nous l'avons acheté, c'est un Airbus A 320. Cette acquisition entre dans le cadre de l'optimisation opérationnelle, économique et environnementale. Pour ce qui est du bilan, comparativement à l'année 2007, celui de 2008 est positif puisque nous avons enregistré une croissance de 12%, aussi bien dans le transport des passagers, dont le nombre est approximativement de 1,6 million de personnes, mais aussi en termes de chiffre d'affaires qui est de 300 millions d'euros. En matière de flotte, nous avons actuellement 11 avions et 800 collaborateurs. Serez-vous intéressés par le mégaprojet Alger-Médina ou d'autres investissements touristiques en Algérie ? Non ! Pour le moment, nous nous basons sur le renforcement de la flotte et le remplacement des sièges des avions pour offrir un meilleur confort aux passagers. Et augmenter la charge de nos avions pour atteindre cinq tonnes. Pour le secteur du tourisme, nous y sommes déjà, nous avons l'agence de voyages Go-Fast Travel. Quelles sont vos perspectives pour l'année 2009, notamment en matière de promotion commerciale sur les lignes que vous desservez ? Avant, pour le marché algérien, les tarifs étaient valables une année mais modifiables quand on veut. C'est ce qu'on appelle «tarifs travailleurs». Les tarifs variaient selon les périodes, la haute ou la basse saison. Maintenant, nous avons redynamisé nos offres, que ce soit en accueil ou en tarifs. Et puis, il faut bien que la concurrence apporte quelque chose aux clients. Donc, depuis 2004, nous avons mis en place une tarification défiant toute concurrence, à commencer par la conversion des promotions en dinars. Ensuite, on a ouvert les promotions quasiment à longueur d'année. La dernière en date est la carte de fidélité «Azur-Plus». Nous avons 27 000 adhérents déjà. Le tarif est de 139 euros ou de 14 000 DA pour un aller-retour, c'est quasiment la même valeur. Avant, cela n'était proposé que durant les périodes creuses. L'ouverture des réservations pour l'été prochain a commencé le 11 février. Et je profite de l'occasion pour annoncer que, pour cette année, 6 à 7 vols quotidiens vers l'Algérie seront programmés. Et à l'occasion du 7e anniversaire de l'installation de la compagnie en Algérie, coïncide avec le 22 février, une tombola sera organisée dans les avions et des cadeaux de valeur seront offerts aux passagers gagnants. D'autres promotions en perspective notamment avec la saison estivale qui approche ? Tout à fait, il y a l'option de gagner des miles ou des franchises sur le poids. C'est-à-dire que le passager, en cumulant les voyages à bord de notre compagnie, bénéficiera de miles qu'il convertira par la suite en billets gratuits au bout d'un certain nombre de voyages. Aussi, le client bénéficiera d'un surpoids de bagages en plus et du surclassement. Pour illustrer ces promotions à longueur d'année, à chaque fois qu'un client achète son billet tôt, soit avant les mois de juillet et août, il le payera moins cher. La nouveauté aussi est l'annonce de bord en kabyle pour le Maghreb. Je vous laisse le soin de conclure, M. Idjerouidène... D'abord je vous remercie pour cette attention et l'ouverture de vos colonnes pour notre compagnie. Je remercie notre fidèle clientèle qui demeure au centre de nos préoccupations. Et je souhaite beaucoup de succès à votre journal Le Temps d'Algérie. Entretien réalisé par :