Le FFS a vécu hier à Zeralda, à l'ouest d'Alger, une journée particulière, très longue pour tous les militants venus élire une instance présidentielle à l'occasion du congrès extraordinaire, convoqué pour compléter cette instance après la démission d'Ali Laskri. Les choses ne se sont pas passées comme prévu et la résolution du Conseil national du 9 mars dernier n'a pas été respectée. Deux listes se sont en effet constituées en fin de compte pour se disputer le contrôle de l'instance présidentielle et le vote se poursuivait hier dans la soirée. La première liste est composée des deux P/APW de Tizi Ouzou et Béjaïa, à savoir Youcef Aouchiche et Mehenni Haddadou, en plus des députés Mohamed Nebbou et Djamal Bahloul. Karima Bendjebari est le cinquième membre de cette liste. La deuxième liste est composée, à la surprise générale, d'Ali Laskri, Mohand Amokrane Cherifi, Sofiane Chioukh, Mme Taïati et Meziani. Quant à Aziz Baloul, il s'est complètement retiré de la course après que Mohamed Amokrane Cherifi, son désormais ex-collègue au sein de l'instance présidentielle, a opté pour la liste d'Ali Laskri. Un revirement spectaculaire que le clan des Baloul n'a pas digéré. Certains membres de ce clan ont crié carrément à la trahison, surtout que ce qui a été conclu en conseil national le 9 mars dernier n'a pas été respecté. En effet, le 9 mars, le conseil national avait souligné que le choix a été porté pour compléter l'instance présidentielle composée alors de Mohand Amokrane Cherifi, Ali Laskri et Aziz Baloul. «Les statuts adoptés par le 5e Congrès du Parti et notamment son article 48, l'IP (Instance présidentielle) réduite à deux membres, requièrent l'organisation d'un congrès national extraordinaire pour élire une nouvelle instance présidentielle, avec une liste consensuelle de cinq membres comprenant les membres de l'instance présidentielle actuelle, habilitée à convoquer le congrès national ordinaire», a souligné le conseil national dans sa résolution. Le revirement spectaculaire de M. Cherifi a fait dire à certains congressistes qu'il était à l'origine de la crise et de la démission de M. Laskri «et qu'il voudrait s'accaparer la présidence du groupe parlementaire du parti», a-t-on accusé. «Aziz Baloul s'est retiré car il sait que s'il se présente, sa liste est perdante d'office. Et avec le choix de Cherifi, il a compris que son époque est peut-être finie», explique un autre congressiste. Le matin, les travaux du congrès extraordinaire ont été marqués par une forte tension. Un message de Jugurtha Aït Ahmed, fils du fondateur du parti, le défunt Hocine Aït Ahmed, est parvenu aux congressistes qui ne lui ont accordé aucun intérêt. Le fils d'Aït Ahmed a, en effet, appelé à une liste consensuelle, mais cela était loin de faire le consensus dans un parti qui aspire à construire un consensus national. «Le consensus est toujours le dépassement d'une crise. C'est ce qui en fait la force. C'est ce qui a été accompli le 9 mars dernier. Il faut s'y cramponner envers et contre toutes les pressions centrifuges. Comme la collégialité, la culture du consensus doit faire partie de l'ADN du FFS. C'est un principe central de toute vie politique tendue vers la bonne gouvernance et la démocratie. (...) La culture du consensus est la vraie force du FFS, c'est même actuellement une condition de sa survie dans un environnement hostile», a écrit Jugurtha Aït-Ahmed dans son message. Affirmant que la solution consensuelle trouvée par les protagonistes du 9 mars est exemplaire, il a ajouté que «rompre un tel accord pour d'obscurs objectifs et calculs claniques serait une hérésie. Cela jetterait le discrédit sur la parole politique portée notamment par le conseil national». «Le discrédit également sur celles et/ou ceux qui fouleraient du pied la parole donnée pour la constitution d'une liste consensuelle et les mettrait en contradiction, en rupture par rapport à l'éthique, la philosophie et la stratégie politique du parti», a accusé l'auteur du message. A souligner qu'au moment où nous mettons sous presse, l'élection de l'instance présidentielle est en cours.