Après les scandales de corruption qui ont secoué le groupe pétrolier Sonatrach et d'autres entreprises publiques qui ont conduit à l'emprisonnement de responsables, des cadres et des gestionnaires craignent à présent la prise de décision. «L'Etat a décidé de lutter contre la corruption, mais ceci ne doit pas mener à la diabolisation des cadres et à la déstabilisation des entreprises nationales», a estimé hier à Alger le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi. La lutte contre la corruption ne doit pas constituer «une excuse» pour les responsables dans la prise de décisions et freiner de ce fait le développement du pays, a-t-il dit, lors une conférence de presse conjointe avec le PDG de la Sonelgaz, annonçant qu'une réflexion est engagée par le gouvernement pour sécuriser les cadres et les gestionnaires. Sans revenir sur les scandales qui ont secoué le secteur de l'Energie dont les affaires sont encore au niveau de la justice, Yousfi a réaffirmé la volonté de l'Etat pour lutter contre la corruption sans pour autant mener à la «déstabilisation du pays». Et ce n'est pas le cas puisque «les efforts d'explorations s'intensifient et le rythme de découvertes est supérieur à celui de l'an dernier», a-t-il annoncé. Découvertes d'hydrocarbures prometteuses En réponse à ceux qui évoquent une baisse des réserves en hydrocarbures, Yousfi a annoncé de nouvelles découvertes «prometteuses» dans des régions très faiblement exploitées. Ainsi, les réserves des hydrocarbures mises à jour dépassent en rythme annuel la production de l'année 2013. Refusant de donner des précisions sur ces découvertes, il s'est limité à dire que la Sonatrach les annoncera au moment opportun. La hausse des réserves permettrait le maintien des exportations et de répondre aux besoins de consommation interne, en constante augmentation. La hausse a parfois dépassé 10%, témoignant du développement économique et de l'amélioration du pouvoir d'achat qui se manifeste à travers la nette progression du nombre de véhicules, des appareils électroménagers et les climatiseurs. La consommation a atteint 36 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP)/an. Entre 2010 et 2012, la demande a grimpé de 9%, soit un doublement en l'espace de huit ans. La lutte contre la contrebande du carburant commence à donner ses fruits De son côté, Noureddine Bouterfa, PDG de Sonelgaz a plaidé pour la levée des entraves bureaucratiques afin de pouvoir réaliser son programme d'investissement. «La bureaucratie est une réalité», mais le ministère a pris plusieurs dispositions et des textes ont été promulgués permettant au groupe de mener ses projets de réalisation au cours de 2013, de 7500 postes transformateurs en l'espace de sept mois. «Les sociétés du groupe ont lancé un vaste programme d'investissement conjugué à un plan d'amélioration des performances de leurs ouvrages de production, de transfert et de distribution de l'électricité», a indiqué Bouterfa. L'Etat, a-t-il ajouté, «devra prendre les mesures d'accompagnement en rapport de façon à éviter ce que les problèmes de bureaucratie, de passation de marché et les incertitudes quant à la dépénalisation de l'acte de gestion et difficultés que rencontrent les gestionnaires dans la prise de risque managérial ne soient de grands handicaps économiques et concurrentiels». La croissance de la demande exige la mise en service de nouveaux moyens de production, soit près de 2000 MW par an pendant 10 ans, moyennant un investissement de 2,5 à 3 milliards de dollars chaque année. «L'Algérie doit prendre les mesures nécessaires pour développer une véritable industrie de production de l'électricité pour lever toute menace sur la sécurité d'approvisionnement et la satisfaction de la demande», a-t-il insisté. A propos d'une éventuelle hausse des prix du carburant, Yousfi a écarté une augmentation des prix à court terme, mais elle serait inévitable dans le long terme. A présent, le gouvernement est déterminé poursuivre une lutte contre la contrebande qui commence à donner ses fruits en raison du recul de la consommation. Entre juillet 2012 et juillet 2013, la hausse de consommation n'a pas dépassé 1,8% contre une augmentation de 9% entre juillet 2011 et juillet 2012. De nouveaux projets seront réalisés afin d'augmenter l'offre en carburant à moyen et à long terme. Outre le programme de réhabilitation des raffineries, déjà en cours, qui permettra de lancer notamment la raffinerie de Skikda à la fin de l'année et celle d'Alger l'an prochain, de nouvelles raffineries seront réalisées à compter de 2014. A moyen terme, une capacité de production de 25 millions de tonnes /an ne sera plus suffisante, a-t-il reconnu, annonçant que les capacités de production passeront à 50-60 millions de tonnes/an d'ici 2030. Quant à l'énergie nucléaire, il a noté que cette énergie «est nécessaire pour l'Algérie pour couvrir les besoins du pays». L'Algérie espère réaliser sa première centrale nucléaire en 2025. Dans les dix prochaines années.