L'appel à deux journées de grève générale lancé par le collectif des organisations et associations professionnelles de la wilaya de Tizi Ouzou, constitué par l'aile locale de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) et du Collectif d'appui à la micro-entreprise (CAME) et de la Fédération nationale des jeunes entrepreneurs (FNJE) a connu un suivi mitigé. A Tizi Ouzou ville, dès les premières de la matinée, s'ils étaient nombreux à suivre le mot d'ordre, d'autres l'ont carrément ignoré. Rideaux baissés par-ci, d'autres levés par-là. Cette grève ne semble donc pas faire l'unanimit,é contrairement à celle organisée il y a quelques semaines par le même collectif et pour les mêmes raisons. Même topo à la Nouvelle ville. La circulation était très fluide. Ceux qui ont observé la grève étaient beaucoup plus nombreux. Devant le siège de la Casnos où devait se tenir un rassemblement des commerçants, on pouvait voir un important déploiement des forces anti-émeute. Tout le monde était sur le qui-vive. Les éléments des forces anti-émeute et les protestataires, chacun de son côté, se regardaient en chiens de faïence. On explique le non-suivi de la grève par certains commerçants par plusieurs facteurs. Il y a d'abord le problème que vit l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) représentée par deux bureaux : celui présidé par Djebbar indique que l'Union n'a jamais appelé à cette grève et dénie le droit à ce qu'elle appelle l'ancien bureau de parler en son nom. On apprend que les membres du bureau dirigé par Djebbar a même fait du porte-à- porte pour dissuader les commerçants et les inciter à ne pas suivre le mot d'ordre de grève. D'autres par contre estiment que deux jours de grève c'est beaucoup dans une période où l'activité commerciale en général connaît un ralentissement, voire un recul. Selon les informations qui nous sont parvenues de différentes régions de la wilaya de Tizi Ouzou, on note que la situation est la même que celle qui a prévalu en ville. A Timizart Loghbar, dans la banlieue de Tizi Ouzou-ville, le suivi a été presque total. Cependant, il faut noter aussi que certains commençants qui avaient ouvert leurs échoppes le matin ont fini par baisser rideau, tandis que d'autres ont ouvert après avoir fermé durant la matinée. Pour rappel, les initiateurs de cette action de protestation avaient, à travers un communiqué rendu public et placardé à tous les coins de rue des villes de la wilaya, appellé les commerçants, les agriculteurs, les éleveurs, les transporteurs, les promoteurs, les artisans et les travailleurs libéraux à baisser rideau afin de protester «contre les agissements répressifs, les redressements abusifs, les descentes punitives des contrôleurs, le chantage de la Casnos de Tizi Ouzou pour l'octroi des mises à jour», tout en observant un sit-in de protestation devant le siège de la Casnos au niveau du boulevard Krim Belkacem dans le chef-lieu de wilaya. Le collectif se bat aussi pour l'application de la loi du 14 novembre 2015, notamment du décret 15/289 dans sa totalité. Le décret relatif à la sécurité sociale des personnes non salariées exerçant une activité pour leur propre compte stipule l'élargissement de la couverture sociale, le bénéfice des prestations en nature par acquittement de la cotisation en cours et souscription de l'échéancier de paiement des cotisations antérieures, la coordination salarié-non salarié en matière de retraite et la validation des années cotisées par appel à l'ensemble des périodes correspondant aux deux régimes. Ainsi donc, les initiateurs de la grève réitèrent une nouvelle fois leur demande de maintien du minimum à payer en matière de sécurité sociale, à savoir 32 400 dinars, sachant que le directeur général de la Casnos s'est engagé, lors de la réunion tenue le 28 décembre 2016 «à régulariser la situation et à maintenir le taux minimum, l'indemnisation des cotisants contraints de payer plus, l'arrêt des poursuites judiciaires et l'amélioration des prestations. Mais force est de constater que rien n'est fait depuis». De leur côté, les responsables de la Casnos soutiennent que leur organisme ne «fait qu'appliquer la réglementation et n'adhère pas aux revendications soulevées par les protestataires, car leurs accusations n'ont aucun sens en ce sens qu'il s'agit de la sécurité sociale régie par des lois de la République», et récusent les accusations qui lui sont portées.