Une revalorisation de la pension des retraités allant jusqu'à 5% est prévue pour cette année, par les pouvoirs publics. Une enveloppe financière de plus de 20 milliards de dinars sera consacrée à cet effet. Cette annonce a été faite hier, par le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Mourad Zemali, lors de son passage à l'émission «Invité de la Rédaction» de la Chaîne III, de la Radio algérienne. Selon lui, «les pensions de retraite seront revalorisées en 2018 (...), et une enveloppe de pas moins de 22 milliards de dinars lui sera consacrée, avec une revalorisation de l'ordre de 5% pour les pensions inférieures à 20.000 da». En dépits de la crise financière que traverse l'Algérie, le gouvernement maintient pour cette année, sa politique de revalorisation des pensions de retraites, en introduisant de nouvelles dispositions. En effet, le ministre a expliqué que malgré «la conjoncture financière difficile que traverse le pays, le président de la République a décidé sa reconduction dans le but de conforter le pouvoir d'achat des retraités». La nouveauté pour 2018, cette revalorisation «sera modulable avec des taux allant de 0,5 à 5% en fonction du montant de la pension», contrairement au taux habituel fixé à 2% pour tous, appliqué les précédentes années. Les calcules vont se faire sur la base d'un nouveau système «plus avantageux pour les petites pensions», a-t-il estimé. S'exprimant un peu plus sur le sujet, Zemali a expliqué qu'il y aura «5% de revalorisation pour les pensions de moins de 20 000 DA, 2,5% pour les pensions de 20 000 à 40 000 DA, 1,5% pour les pensions de 40 000 à 60 000 DA, 1% pour les pensions de 60 000 à 80 000 DA et 0,5% pour les pensions de plus de 80 000 DA». L'application de cette décision, conformément aux dispositions de l'article de la loi 12-83 du 02 juillet 1983, «se fera avec un effet rétroactif à partir du 1er mai», a-t-il fait savoir. 80 milliards DA en 2018 pour les CHU Le sujet du système de sécurité sociale qui traverse une situation difficile en raison de la fragilité de ses équilibres financiers, a été également abordée par Zemali, qui rappelle qu'en raison du déficit financier, la Caisse nationale des retraites (CNR), a dû emprunter un montant de 700 milliards à la CNAS, remboursé par la suite, par les pouvoirs publics. Il a précisé que ces Caisses nationales sont solidaires entre elles, expliquant les raisons de cette fragilité financière. «Nous comptons plus de trois millions de retraités, dont un tiers sont sortis avant l'âge requis», a-t-il relevé. Cette situation fait ressortir en moyenne «deux travailleurs et demi qui cotisent pour un seul retraité, alors que la norme est de cinq travailleurs pour un retraité», soulignant qu'un million de retraités ayant bénéficié de la retraite sans condition d'âge, ont une moyenne d'âge de 53 ans. Les soins dans les établissements sanitaires publics sont également supportés par la sécurité sociale, a rappelé le ministre, précisant que la Caisse nationale des Assurances sociales (CNAS) «a financé les établissements publics de santé à hauteur de 80 milliards DA en 2018». Selon le ministre, le déséquilibre du système de sécurité sociale est estimé à près de «560 milliards DA», dû notamment à la fraude, l'informel, la non déclaration des employés et la sous déclaration, de plus les arrêts de travail de complaisance. «Rien qu'au premier trimestre de 2018, la CNAS a remboursé 4 millions de dinars d'arrêt de travail journalier. C'est énorme !», s'est-il exclamé, annonçant des poursuites judicaires contre tout médecin délivrant ce genre de d'arrêt maladie. Organisation de l'action syndicale A une question sur la représentativité des syndicats qui activent actuellement sur le terrain, Zemali a indiqué que l'action de son département «s'inscrit dans le cadre de l'application de la loi, chaque syndicat étant tenu de transmettre annuellement les informations concernant le nombre de ses adhérents à l'employeur et au ministère du Travail». Zemali a apporté, par la suite, des précisions sur le retrait d'agrément aux syndicats qui ne sont pas représentatifs. Sur la trentaine de syndicats, ayant communiqué les informations sur leur représentativité, «seulement 17 remplissent les conditions, à savoir, le taux de 20% d'adhérents», alors que «les 13 autres, ne sont pas considérés plus représentatifs». Le ministre a expliqué que «l'agrément ne leur sera pas retiré, mais ils ne pourront plus prétendre à parler au nom des travailleurs qu'ils représentent et encore moins à négocier avec les employeurs». En revanche, 35 syndicats n'ont pas répondu à l'appel du ministère et sont, de ce fait, considérés comme étant «non représentatifs». «Nous sommes en train de réfléchir sur une procédure dans le but d'assainir la situation. Certains de ces syndicats n'ont pas donné de signe de vie depuis 10 ans ou 15 ans», a-t-il révélé. Le nouveau code du travail Revenant au sujet du nouveau code de travail, largement protesté par certains syndicats et organisations patronales, Zemali assure qu'en l'état actuel, «il ne s'agit même pas un avant-projet». Il a parlé plutôt d'un «avant avant-projet de législation de travail» transmis pour avis, il y a 4 ou 5 ans, aux partenaires sociaux, aux walis et aux universités pour un avis. Même l'organisation internationale du travail (OIT) a été consultée, a-t-il confié, précisant n'avoir reçu, jusqu'à maintenant, qu'une dizaine ou quinzaine de réponses. Zemali a indiqué également que l'adoption d'un nouveau code du travail prendra du temps, car «les textes mal fait provoquent des conflits», a-t-il conclut.