La fête du Mawlid Ennabaoui, prévue pour le 31 mars, est déjà là : des explosions de pétards se font entendre à longueur de journées dans les rues et les quartiers de la ville. Chaque nuit, vers 22 h, la place des Martyrs se métamorphose en champ de bataille. Les jeunes des quartiers environnants s'en donnent à cœur joie en faisant quotidiennement exploser des dizaines de pétards à la fois. Une « ambiance à l'irakienne » est ainsi imposée à la population qui commence à apprendre à vivre avec, faute de mieux. Des « agressions aux pétards » sont encore enregistrées. Ce sont généralement des petits enfants qui s'amusent, dans la rue, à effrayer les passants, et ils le font tellement bien que l'incident tourne des fois à la bagarre suivie d'injures tirées du tiroir. Autrement dit, l'Algérois ne déroge pas à la règle à l'approche de la fête. Une particularité caractérise cette année les « préparatifs » : l'écoulement des différents produits pyrotechniques dans les marchés parallèles tourne au monopole. Les revendeurs se font de plus en plus rares à Ketchaoua, la place des Martyrs, Ahmed Chaïb…Tout juste quelques trabendistes qui exposent cependant d'importantes quantités de produits, toute gamme confondue. A l'ex-rue Tanger, à Alger-centre, il existe tout compte fait six étalages bien achalandés. Ce commerce « s'ouvre » à la nuit tombée. Les étals sont protégés à l'aide de parasols. Pour mettre en évidence leurs produits, ces revendeurs ont alimenté leurs tables en électricité. Ils ne sont pas inquiétés dans leur activité en dépit des va-et-vient des éléments de la Sûreté nationale. A La Basse-Casbah, le négoce s'organise au niveau de la rue Amar El Qama, aux alentours du marché couvert qui porte le même nom. La placette de la mosquée n'est plus accessible car durant la journée, elle est bouclée par la police en raison des incessantes visites au Musée des Arts anciens qui abrite des festivités entrant dans la cadre de l'événement d'Alger capital de la culture arabe », le soir, elle est envahie par les vendeurs des effets vestimentaires et la nuit elle est cédée aux commerçants de fruits et légumes et les trabendistes du pain qui sont les plus nombreux. Ce nombre négligeable de revendeurs de pétards cache néanmoins un négoce très important à la rue Ali Amar (Ex-Randon). Une sorte de « marché parisien » de produits pyrotechniques est installé dans cette partie de La Casbah, loin des regards. D'énormes quantités sont étalées tout au long de cette rue qui prend naissance à l'entrée du marché Bouzrina. Plusieurs centaines de tables bien aménagées sont alignées : des stands sont ainsi montés à l'aide de magnifiques barreaux et de belles toitures bleues. La quasi-totalité des produits sont de marques chinoises et leurs prix se situent entre 10 DA et 450 DA. Le choix est très varié : mini-pétards, roquettes, doubles-bombes à l'effigie de Zidane terrassant Materazzi, des fusées, cierges... La priorité est cependant accordée aux demandes en gros. Ce beau décor souffre malheureusement d'un sérieux handicap : l'illégalité !