Au sixième jour du mois sacré, les prix des fruits et légumes affichés sur les étals des marchés de proximité de la wilaya de Tizi-Ouzou demeurent toujours hors de portée des ménages. Ces derniers peinent à faire leur emplettes pour subvenir aux besoins de leurs familles en ce mois où la consommation atteint des pics inhabituels. Selon les commerçants interrogés à ce propos, une éventuelle baisse des prix est prévue à partir d'aujourd'hui ou bien demain (jeudi Ndlr). Une aubaine qui devra inévitablement soulager le consommateur qui pourra faire ses courses à des prix raisonnables. Pour l'heure, le relâchement tant attendu par les ménages en matière de prix des fruits et légumes n'a pas eu lieu. En effet, tout tablait sur une certaine baisse des prix des différents produits alimentaires après qu'il ait atteint un seuil insoupçonnable. Une semaine durant, les prix ont connu une augmentation qui a frisé l'insensé. Et une semaine après, les prix sont toujours aussi élevés. Une simple virée chez les marchands de fruits et légumes vous donne le tournis. La tomate, censée être un fruit ou légume de saison ne rougit plus devant les autres légumes. Tous les prix, pour ainsi dire, sont en folie. Le marché n'obéit presque plus à aucune règle commerciale. Les commerçants font la pluie et le beau temps et fixent les prix à leur convenance. Mois de consommation par excellence, le présent mois du Ramadhan est caractérisé surtout par les différents produits qui tiennent la dragée haute en matière de prix. Quand ce n'est pas une stabilité, c'est de facto une hausse substantielle. La spéculation y trouve une situation propice pour faire ses ravages. A cette spéculation se greffe une profonde déception des consommateurs devenus comme des poissons à rouler dans la farine. A Tizi Ouzou comme sans doute ailleurs, nombreux sont ceux qui rentrent à la maison avec un couffin quasiment vide après une virée au marché. La mercuriale ne connaît aucun répit. Elle grimpe encore et encore. Le marché couvert de la ville des Genêts – qui n'a rien de couvert sauf le nom – devient chaque matin une véritable fourmilière. Impossible de s'y frayer un chemin. On se résigne à payer tel ou tel autre produit sans rechigner. Les légumes inaccessibles Hier, aux environs de 9 heures, les marchands ont déjà exposé leurs marchandises pour attirer la clientèle qui commençait à affluer au marché couvert du centre-ville de la capitale du Djurdjura. Des légumes verts et frais, des fruits de saison et hors saison étaient disponibles, mais à des prix exorbitants ! En effet, malgré la mise en place des systèmes de régulation et le déploiement des agents de contrôle par les services du commerce, les spéculateurs continuent à dicter leur loi sur le marché et profitent de ces occasions pour remplir leurs poches au grand malheur du consommateur. Hormis l'ail qui était affiché à des prix abordables, puisqu'il est cédé à 45da/kg, les prix des autres produits alimentaires s'enflamment. A citer : la tomate était vendue entre 130 à 145 DA/kg, la courgette à 100 da, la pomme de terre varie entre 60 à 70 DA le kilogramme, l'oignon qui est le roi de la marmite était cédé entre 55 à 60 DA/kg, la salade était à 90 DA, les haricots verts varient entre 240 et 260 DA, a-t-on constaté. Le poivron était vendu à 90 DA et 100 DA pour le piment piquant. La betterave, quant à elle, était à 110 DA. A préciser que lors d'une virée effectuée au niveau du marché couvert de la ville des Genêts, les fruits ne sont pas épargnés par cette hausse vertigineuse qui affaiblit le pouvoir d'achat du consommateur. Les dattes étaient vendues entre 430 à 500 DA/kg, la pomme d'importation à 1 300 da, le prix de la pomme produite localement variait entre 280 et 600 da/kg selon la qualité et la taille. La banane à 290 DA, le melon à 200 da, idem pour la pêche. L'orange était affichée à 150 DA, alors que celle du premier choix frôle les 500 DA. Même constat pour le marché des viandes, puisque le poulet qui était auparavant la viande du pauvre est devenu hors de portée pour un citoyen issu de la moyenne classe sociale puisque le kilogramme est vendu à 380 da. La viande ovine était à 1500 DA et celle bovine entre 1250 à 1300 DA ; le plateau d'œufs était à 250 DA. La cause de la flambée Pour savoir quelles seraient les raisons à l'origine de cette hausse des prix, nous avons décidé de nous rapprocher des commerçants installés au niveau de ce marché. Ces derniers nous ont affirmé à l'unanimité que cette hausse est due aux conditions climatiques peu favorables enregistrées ces derniers jours à travers l'ensemble des wilayas du pays. «Je dirai que la production agricole est prometteuse cette année au niveau des fermes agricoles, que ce soit celle de Boumerdès, Khemis El-Khechna ou bien celles des Hauts-Plateaux. Mais suite aux averses qui se sont abattues ces derniers jours, les agriculteurs peinent à accéder à leurs fermes pour cueillir leur production», nous dira, L.K, un commerçant rencontré devant son étal. Le même interlocuteur a affirmé que les prix affichés sur le marché de gros sont excessivement élevés, ce qui les pousse à augmenter les prix sur le marché du détail. «Comment voulez-vous que je vende la tomate à des prix raisonnables, alors qu'elle est cédée à 110 da au marché de gros ?», s'est-il interrogé. Approché pour prendre son avis, un autre commerçant a affirmé que vu la hausse des prix, le consommateur fait ses emplettes modérément. Ceci dit, que la culture de la consommation commence à s'y installer sans qu'il y ait de fièvre acheteuse chez le consommateur, a-t-il dit. Devant une telle situation, les commerçants rencontrés sur place ont rassuré que les prix seront revus à la baisse à partir d'aujourd'hui (mercredi Ndlr) puisque les conditions climatiques se sont améliorées et le soleil a fait son retour. Les viandes rouges inaccessibles Les petites bourses devront détourner la tête en passant devant les rayons des viandes qu'elles soient rouges ou blanches, du marché du coin. C'est que les prix de ces deux produits qui jadis garnissaient le plat de tout un chacun, sont devenus aujourd'hui tout simplement inaccessibles. Du coup, le consommateur ne sait plus sur quel poêle rôtir. Et pour cause, si les prix des viandes rouges sont inaccessibles depuis longtemps, c'est au tour des prix des viandes blanches de connaître une certaine folie depuis quelques jours. L'augmentation est exponentielle. Le poulet en particulier connaît des augmentations presque quotidiennes. De 280 dinars il y a juste quelques jours, il a grimpé jusqu'à atteindre 385 dinars le kilogramme. En l'espace de quinze jours seulement, il a augmenté de 110 dinars. Et comme d'habitude, tout le monde se rejette la balle. Les détaillants accusent les propriétaires d'abattoirs qu'ils pointent du doigt. C'est eux qui fixent les prix à leur convenance. «D'ailleurs, nous n'avons que 20 dinars de marge bénéficiaire», affirme un détaillant. Les propriétaires d'abattoirs quant à eux imputent cette situation au recul de l'offre. Les prix de toutes les viandes blanches sont inaccessibles. Ainsi donc, poulet a pris son envol et plane en altitude. La volaille a mis la barre haut à telle enseigne que les petites bourses se retrouvent dans l'obligation de détourner la tête en passant devant les rayons des viandes blanches. C'est que les prix de ce produit qui jadis garnissait le plat de tout un chacun, est devenu un luxe. «Depuis le début du ramadhan, je n'ai acheté qu'un seul poulet. J'avoue que je ne suis pas en mesure d'acheter plus d'un poulet par quinze jours. Au prix qu'il affiche, 385 dinars le kilogramme, un bon poulet revient à près de 1400 dinars ! C'est invraisemblable», estime Said, père de famille habitant à Tizi Ouzou ville et qui se dit déjà écorché par les frais inhérents au mois de ramadhan; lui qui songe déjà aux achats de l'Aïd. Aujourd'hui, le consommateur ne sait plus sur quel poêle rôti. Toutes les viandes sont inaccessibles. L'escalope de dinde est affichée à son tour à 900 dinars. Les viandes rouges sont aussi inaccessibles depuis longtemps. Le kilogramme de viande chez le boucher fait 1250 dinars.